Dog eat dog
« Dans le monde d’après des ombres assagies croisaient en silence, à la volée, de drôles de personnages mutiques aux regards luisants et pénétrants – pour quelles raisons ces lumières sombres à l’horizon déclinaient-elles maintenant avec tant d’incidence ? »
– « Hein ?
– Oh rien, c’est une phrase à la con que mon père me répétait quand j’étais môme. Il a vécu avant la fin du monde mon père, alors il était un peu mystique comme ça parfois quand il trouvait une bouteille que le monde n’avait pas encore avalé.
– Tu te fous de ma gueule ? Ton vieux t’as vraiment raconté la vie d’avant le merdier ?
– Oui, il m’en a souvent parlé. Va pas t’imaginer que c’était mieux qu’aujourd’hui hein. Je veux dire c’était pas pire, avec la terre balafrée et la faim permanente, les fosses communes géantes et les gens qui bouffent les enfants qui croisent leur chemin… Mais toutes ces choses ont existé dans le monde d’avant. On a rien inventé. Rien.
– Oui ben je paierais cher pour essayer leur monde un peu, histoire de comparer.
– T’es con Miles, vraiment. Leur monde ? Mais on vit dedans bordel ! Voilà leur héritage. Une planète morte où on met juste un peu trop de temps à crever.»
Ça faisait déjà vingt hivers que le monde avait cessé. Beaucoup étaient morts, trop étaient encore en vie. La fin du monde était arrivée assez vite finalement. On en parlait partout mais personne ne la prenait vraiment au sérieux. Y avait bien eu quelques voix pour s’élever contre la folie de l’espèce c’est vrai. Mais ces voix étaient humaines elles aussi, alors on les avait pas écouté. Puis un connard à la tête d’un pays avait répondu à la provoc’ d’un autre connard et le feu était tombé du ciel sur tout le monde. J’allais dire sur des innocents, mais personne ne pouvait être qualifié d’innocent à cette époque. Même les marmots à peine nés étaient déjà des machines à produire des ordures, du plastique, du gaz carbonique et tout un tas d’autres saloperies que leurs parents ne pouvaient pas s’empêcher de leur fournir gloutonnement. On était tous coupables.
Les morts avaient eu la chance de ne pas avoir à subir ce fameux monde d’après – on en entendait déjà beaucoup parler dans le monde d’avant faut dire, alors pas étonnant qu’ils se ressemblent autant. Le feu avait brûlé pendant quelques années, et les récoltes qui n’avaient pas brûlé avaient pourri sur pied. Les plantes mourraient comme les gens. Cancer pour les plus chanceux, si possible le genre rapide qui vous laisse pas trop le temps de comprendre. Les autres s’épluchaient littéralement, victimes de radiations d’un nouveau genre. Puis il y avait ceux que la raison avait abandonné. Les croyants et leurs dieux à la con se sentaient tous abandonnés par le dieu en question. La culpabilité poussait les plus fragiles des cinglés à se foutre en l’air, puisque de toute façon il y avait une ligne dans un de leurs livres saints qui leur accordait le pardon divin s’ils avaient décidé de le comprendre comme ça. Peu importe les horreurs dont on s’était rendu responsable, on avait droit à la totale extatique. Les autres étaient devenus fous de chagrin de ne pas avoir été choisis par leur dieu et se flagellaient jusqu’à la mort de mille façons différentes, dernière pénitence sans aucun espoir de rédemption.
Il y avait aussi ceux qui avaient essayé de s’organiser. Politiquement et tout ça j’entends. Le monde d’après ne reproduirait pas les erreurs de l’ancien. Avec le recul des années, force est de constater que ça s’était pas vraiment passé comme prévu. Toutes les communautés auxquelles on avait essayé de prendre part avaient fini par imploser. La faute à la faim, toujours. Il y avait un sérieux souci de nos jours, c’est que plus rien ne poussait. La terre était morte. Et les plantes ne poussant pas, la bouffe était devenue un sujet sensible. Parce que même si on estimait le nombre de morts à grosso-modo quatre vingt pour cent, ça laissait quasiment deux milliards d’humains sur Terre. Et deux milliards d’humains, ça mange. Alors on a mangé les herbivores en premier, ils étaient condamnés de toute façon. Il y a bien eu le stock de conserves à écouler, mais ça n’a pas duré bien longtemps non plus. Aujourd’hui elles ont plus de valeur qu’une vie humaine – si la vie d’un homme en a encore un peu – tant elles sont devenues rares. Alors on s’est mis à élever des carnivores. La viande était notre seule solution pour survivre. L’ironie de la situation faisait souvent rire mon vieux. Il avait arrêté de manger de la viande bien avant le merdier. Il voulait faire sa part pour sauver le monde. Avant de mourir il y a quelques jours de ça, il élevait des chiens pour les bouffer. Comme quoi nos convictions ne sont jamais aussi fortes que notre envie de survivre. On est des sales types tous autant qu’on est. Les gens sont mauvais par instinct, voilà la leçon de cette vie de chien. Et sa viande froide avait justement servi à nourrir les clébards pour les cinq derniers jours. On ne gâchait plus rien de nos jours, tout était précieux. On était passés dans d’autres communautés avec mon père et Jon. Certains bouffaient les morts pour « leur faire honneur ». Mon cul ouais, ils avaient juste la dalle. D’autres bouffaient les vivants. Les Chasseurs. Eux s’étaient affranchis de la morale et avaient vraiment coupé les ponts avec le monde d’avant. Les ombres ne s’étaient pas du tout assagies finalement. Elles erraient le ventre vide et une lame émoussée à la main prêtes à découper et dévorer le moindre centimètre carré de chair.
– « Tu sais Jon, t’as pas à t’en faire. On va prendre les clébards et essayer de descendre plus au sud de l’autre côté du col. Paraît qu’il y a un oasis là-bas.
– De combien d’oasis on a entendu parler ces dernières années Miles hein, combien ?
– Oh tu m’emmerdes tiens. Tu préfères rester là comme un abruti à attendre la mort pour pouvoir servir de bouffe à tes chiens ?
– T’as sûrement raison… Plutôt crever en route. »
Le cynisme me maintenait en vie autant que la viande de chien et l’eau croupie et c’était pas une mince affaire. Les survivants – bien que l’étymologie du mot ne soit plus vraiment adaptée, les survivants de notre groupe étaient tous décidés. On allait bouger et tenter de franchir un col dont le nom était tombé en désuétude en même temps que le reste. Rita avait entendu parler d’une oasis « juste derrière » le col, ce qui ne voulait pas dire grand-chose mais une fois au sommet on pourrait peut-être l’apercevoir.
J’avais pris le premier tour de repérage. Je marchais en silence devant le petit groupe, une bonne centaine de mètres, histoire d’éviter les rencontres. Bonnes ou mauvaises on s’en foutait, personne ne voulait plus croiser personne. La route sillonnait la montagne sur une petite dizaine de bornes. Elle s’était effacée pendant la période des grands feux. Il m’était arrivé d’en voir d’immenses encore brûler des années plus tard. Mon père disait que c’était des routes et que les bagnoles roulaient à toute berzingue dessus. J’étais monté dans une voiture quand j’étais petit, je crois. En tout cas j’en avais plus vu rouler après. Il devait bien y en avoir quelque part dans le monde qui roulaient encore, mais elles auraient jamais pu emprunter la route du col de toute façon. Le goudron et la pierre en fusion avaient avalé des pans de montagne entiers, et les grands arbres n’étaient plus que de longs cylindres de charbon noir couchés en travers de l’ancienne route. Du gris pâle de midi au noir étouffant de la nuit, le monde dévorait les couleurs chaque jour un peu plus.
Les autres avançaient lentement derrière moi en ramassant du bois et tout un tas de trucs qui pourraient brûler histoire de pas crever de froid et d’y voir quand on on s’arrêterait ce soir. On se rationnait en bouffe depuis un moment déjà et je voyais bien les yeux se poser sur les quatre clébards que mon père m’avait laissés, et la faim qui tordait ces yeux. Il faudrait sûrement bientôt en saigner un et en donner une partie aux trois autres pour qu’ils continuent à avancer, et nous avec.
On n’était guère avancés, mais on a trouvé un tunnel d’où on pouvait voir venir d’autres gens. Une source coulait, la veine. On allait pouvoir faire un ragoût, on perdrait moins de viande et tout le monde serait content. On fumerait le reste et on donnerait les tripes aux clébards restants. De toute façon tout le monde en avait plein le cul et puis marcher le ventre vide n’avait jamais réussi à personne. On a bu un coup en silence en regardant le gris du ciel virer au noir. Un feu s’est allumé loin en contrebas, mais on était tous trop crevés pour être inquiets.
Je n’ai pas hésité. J’ai pris un des deux mâles, de ces gros chiens qui servaient paraît-il à garder les troupeaux de moutons dans le monde d’avant (ou même celui d’encore avant je sais plus) et je l’ai saigné. On a récupéré le sang dans une casserole que la jeune fille qui était arrivée hier trimballait attachée à son sac. On accueillait tout le monde. Les gens mourraient et ça nourrissait les chiens. Tout le monde le savait et acceptait ça. On était trop lâches pour manger nos semblables, mais on était d’accord pour manger des bêtes qui les avaient mangés. On a fait cuire le sang puis on se l’est partagé. La mort avait un goût de fer. Puis j’ai découpé des pièces de viande, pas trop grosses pour que ça cuise vite. Personne ne parlait. On parlait rarement après une journée de marche. En fait, on parlait rarement tout court. Mis à part avec Miles, que je connaissais depuis aussi longtemps que je me souvienne.
On a mangé en silence tous les neuf autour du feu chétif qu’on a réussi à faire puis on s’est endormis sans même convenir des tours de garde. Un ragoût sans sel pour une existence sans sel, tout ça faisait sens depuis que le monde n’en avait plus.
La jeune fille à la casserole nous a tous réveillé alors qu’il faisait encore noir. Le feu qui brillait en contrebas s’était brusquement éteint et elle avait entendu un cri courir en bas de la montagne. Des Chasseurs étaient derrière nous à moins d’une demi-journée de marche. On devait profiter de la déconfiture du groupe – en était-ce seulement un – d’en bas pour prendre de l’avance sur eux. Ils étaient souvent nombreux les Chasseurs, plus nombreux que nous. On est sortis de la torpeur aussi vite qu’on y était entrés la veille et on a plié bagage. La progression de nuit ce n’était pas l’idéal, mais la perspective de finir comme le clébard de la veille combinée à la digestion dudit clébard nous donnait des ailes. On a grimpé sept lacets à toutes berzingue comme les bagnoles du passé, de ce foutu col qui n’en finissait pas. Janine boitait bas depuis une paire de bornes après s’être tordue la cheville dans un foutu trou. Elle savait. On savait tous mais personne n’osait en parler. Elle avait jusqu’à la nuit suivante pour prendre la décision. Une simple entorse, c’était quand-même sacrément con. En temps normal elle aurait pu se reposer quelques jours, et le groupe l’aurait accepté sans trembler puisque c’aurait été l’occasion de se reposer un peu et elles étaient rares. Mais avec des Chasseurs aux trousses, hors de question. Soit elle serrait les dents en espérant aller mieux, mais la vie nous avait appris à toutes et à tous que c’était presque jamais le cas. Soit elle choisissait de rester seule derrière, une forme de suicide par procuration puisqu’elle serait bouffée par les Chasseurs sans aucune forme de cérémonie. Elle nous offrirait un peu d’avance, peut-être assez pour qu’on s’en sorte. Soit elle se foutait en l’air en sachant qu’elle nourrirait les clébards qui eux-mêmes nous nourriraient. Une des chiennes n’allait pas tarder à mettre bas, on pourrait lui permettre d’avoir du lait grâce à Janine même si elle devait peser guère plus de quarante kilos.
C’était la moins égoïste des personnes que je connaisse, Janine. Elle était avec nous depuis deux hivers au moins, ça faisait d’elle une des plus anciennes du groupe. Elle avait accompagné tellement de gens qui s’étaient trouvés dans la même situation qu’elle, toujours à mettre le bien-être du groupe avant le leur… Mais c’était différent aujourd’hui, c’était elle qui allait vraisemblablement crever. Je ne la voyais pas vraiment, mais je percevais sa douleur. Son souffle irrégulier, ses gémissements à peine audibles… difficile de dire si c’était la douleur ou la terreur qui dominait. Notre instinct de survie nous avait amené jusque là, alors la perspective de mourir nous foutait à tous les jetons. Et franchement, le destin était un sacré fils de pute de nos jours. Une cheville en vrac et c’était terminé.
*
– Ça faisait trois jours qu’on avait semé les Chasseurs. Rita les avait emmené sur une fausse piste en allumant un feu en haut du col pendant qu’on se planquait en contrebas pour les regarder passer avant de faire demi-tour. On allait rester dans les parages quelques temps, monter une équipe d’éclaireurs pour prendre les devants et essayer de mettre le plus de distance possible entre ces cannibales et nous. Elle avait profité de son passage au sommet pour jumeler l’horizon. Pas l’ombre d’une oasis en vue. Juste un océan de cendres, les ruines d’une station de ski – quoi que ça puisse bien être – et cette même monotonie qu’offrait notre versant. Elle avait croisé les Chasseurs de près, bien plus que nous. Leurs yeux déments semblaient vous transpercer la couenne tant ils brillaient dans la nuit. On disait qu’ils se nourrissaient autant de chair que de radiations, un ramassis de conneries à mon avis. On crève si on est trop irradié, tout le monde sait ça. Je n’expliquais pas leurs yeux brillants et je n’avais pas vraiment envie de les voir de trop près de toute façon. On ne revenait pas de chez eux. Ils ne parlaient jamais les Chasseurs, paraît qu’ils devaient se couper la langue en signe de loyauté. C’était drôle, ça ressemblait au mantra de mon vieux. Enfin drôle faut pas exagérer. Rita s’était assurée qu’ils aient pris la pente depuis un moment avant de nous rejoindre quatre lacets plus bas.
Janine avait franchi. On était tous soulagés de pas avoir eu à s’occuper d’elle. Les trois jours de repos lui avaient probablement sauvé la vie. On s’était surpris à tailler le bout de gras, forcés qu’on était de se planquer en attendant que le danger s’éloigne. Elle m’avait parlé de sa vie d’avant. Des souvenirs d’enfance, qui ressemblaient plus à des photos que le temps avait terni qu’à un truc concret qui aurait eu un sens… mais c’était chouette de redevenir autre chose que des survivants pour un court instant. Elle avait eu des parents qui tenaient un magasin où on trouvait de la nourriture sous tout un tas de formes différentes. Elle se souvenait du comptoir et de la vitre qui séparait les clients de son père.
« Ça doit te paraître futile. Un bout de plastique transparent avec une encoche pour que les clients puissent payer, un plateau de bois pour poser les courses… je chéris cette foutue image parce que je me souviens pas d’aucun autre moment où je vois mes parents aussi distinctement. Je ne déconne pas, je pourrais te les dessiner là, comme ça.
– Je me permettrais pas Janine, c’est juste que tu me parles de payer, de courses, de laitue, de parents… je connais rien de tout ça moi, en dehors de ce que mon vieux m’a raconté. Je ne trouve pas ça futile, c’est juste l’inconnu c’est tout.
– T’avais quel âge Jon ? Quand le merdier a commencé ?
– Une paire d’années, un peu plus peut-être. Mon vieux avait décidé d’abolir les anniversaires. Il disait toujours que c’était un vestige du monde d’avant, que ça avait plus de sens aujourd’hui. Pour lui, c’était absurde de célébrer la naissance de quelqu’un dans un monde mort. Du coup je ne sais pas quand je suis né exactement.
– Pas con comme idée. Il était chouette ton vieux, je suis désolée qu’il n’ait pas franchi.
– Soit pas désolée Janine, il était mort depuis longtemps comme tout le monde et il le savait bien. Il l’avait même complètement accepté.
– NOM DE DIEU REGARDEZ-MOI ÇA ! »
Miles avait gueulé comme un putois. Je lui en voulais parce qu’on ne savait pas où étaient les Chasseurs de leur avancée. Ils laissaient parfois traîner des gars pour être sûrs de ne pas s’être fait baiser par des proies qui seraient plus malines qu’eux. Mais Miles n’en démordait pas. Il beuglait comme un dératé. Il a fallu lui foutre une gifle pour qu’il reprenne ses esprits. Alors il nous a montré. Entre deux pierres à peu près plates, posées pas très loin d’un des nombreux petits lacets que formait un ruisseau d’un noir de jais, un incroyable vestige du passé s’était installé. La tige était verte, courte, à peine sept ou huit centimètres. Au bout, une fleur d’un bleu aveuglant en forme de trompette entourée de quelques feuilles salivantes. On en aurait bouffé, mais on était tous abasourdis par l’improbable beauté de la fleur. Depuis que la nature était morte, on avait entendu parler plusieurs fois d’oasis, mais la réalité c’est que plus rien ne poussait depuis quinze ans au moins. Et là, tous ces hivers passés à s’enfoncer un peu plus dans l’impasse que constituait notre monde ne pesaient plus rien face à une simple petite fleur coincée entre deux pierres. Certains s’étaient mis à pleurer sans pouvoir se contrôler. Pleurer pour une fleur, drôle d’époque. Enfin, bouffer des clébards aurait déjà dû me mettre sur la piste.
« – On fait quoi Jon ?
– Je ne suis pas votre guide, j’en sais foutre rien moi. Mais si une fleur pousse ici, c’est qu’il y en a peut-être vraiment ailleurs ? Rita, la vieille femme qui t’as parlé de l’oasis, elle t’a dit quoi exactement ?
– Elle était timbrée, pour sûr qu’elle était timbrée.
– Tais-toi Lana, merde ! Rita, d’ordinaire calme et douce, avait pété une durite. Elle m’avait parlé d’un flanc de montagne, de couleurs et de fleurs. Ça peut être que ça Jon, j’en suis sûre.
– Mais on ne peut pas s’établir quelque part, on va bouffer quoi ? Et puis on va se faire tuer par le premier groupe de crève la faim venu !
– J’ai…»
La jeune fille à la casserole a essayé de parler, puis elle s’est tue et elle a sorti de sa poche un petit sac en plastique à l’intérieur duquel elle avait gardé quelques poignées de blé. Du putain de blé ! Ce serait long et compliqué mais ici, là où la fleur bleue avait germé après tout ce temps, on allait peut-être pouvoir vivre de nouveau un jour. J’étais heureux, pour la première fois depuis je ne sais pas combien d’années.
La volée de flèches ne nous a laissé aucune chance. J’ai vu Janine tomber en premier, une demi-seconde avant de sentir le bois me déchirer le poumon gauche. Le sang chaud m’a presque réconforté. Puis j’ai eu froid, et j’ai pensé aux chiens. Ils les garderaient en vie tant qu’ils auraient des gens à bouffer, peut-être arriveraient-ils à s’échapper… J’ai rampé jusqu’au cadavre de la jeune fille à la casserole et, de rage, j’ai jeté son sac de blé en l’air. Ces raclures de Chasseurs ne l’auraient pas. Et peut-être que grâce à ce blé des Cueilleurs remplaceraient un jour les Chasseurs. Au moins on mourrait avec l’espoir, sûrement les premiers à le faire depuis vingt ans. Mais là où on allait l’espoir ne nous serait d’aucun secours.
Les lumières sombres à l’horizon déclinaient invariablement, et comme toujours les hommes en étaient responsables.
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