Remedium
Dans le monde d’après des ombres assagies croisaient en silence, à la volée, de drôles de personnages mutiques aux regards luisants et pénétrants.
– Pour quelles raisons ces lumières sombres à l’horizon déclinaient-elles maintenant avec tant d’incidence ?
Je l’ignore, comme j’ignore ma présence en ces lieux sans nom, où la nuit avale l’aube. J’ai l’impression d’être sur un quai de gare, attendant un train qui ne viendra jamais, pour aller dans un endroit que je ne connais pas. J’essaie de comprendre l’inexplicable, avec de simples questions qui reviennent en boucle, encore et encore, et pour lesquelles je ne trouve aucune réponse.
Où suis-je ?
Qui sont ces silhouettes silencieuses, mi-homme, mi-spectre ?
Depuis quand suis-je ici ?
Le temps, une notion abstraite, élastique et impalpable. Je suis là depuis une éternité, un siècle, un an, un jour ou peut-être une seconde, comment savoir ?
Je me souviens juste d’avoir été pris de vertige à la fin de la soirée et d’avoir perdu connaissance. Quand j’ai ouvert les yeux, je me suis retrouvée ici, debout, les bras croisés, les mains sur les épaules, entièrement nue, tremblante de la tête aux pieds. Des plaques de glaces se forment en étoile sur ma chair bleuâtre. Le froid est partout, agressif, insidieux, mordant de ses crocs acérés la moindre parcelle de ma peau. Il est invisible, omniprésent et m’enserre lentement, me paralyse comme un serpent qui étouffe sa proie. Des nuages de vapeur sortent de ma bouche à chaque fois que je respire, étrangement cela m’amuse. J’essaie de faire des ronds avec, sans y parvenir. Face à moi, les ombres sans âme errent sans but dans cette plaine aride où rien ne pousse. Elles ont les yeux vides de toute expression, débarrassées de toute émotion humaine. Ce ne sont que des enveloppes à la peau noire, marchant vers de secrets desseins. Elles me font signe de les rejoindre. J’hésite un instant, une force invisible m’attire vers elles. J’avance dans leur direction d’un pas lent, sans trop savoir pourquoi. Des perles de neiges tombent d’un ciel mauvais, dansent au gré des courants avant de fondre sur le sol terreux. Elles forment un tapis de boue, qui adhère aux pieds et ralentit ma progression.
– Maman !
Je me retourne, mon cœur bat plus fort qu’un tambour de guerre. Une onde de joie me submerge. Emmy me regarde l’air surpris. Je connais cette expression par cœur. Quand elle est étonnée, son sourcil droit remonte en V, son petit nez en trompette se retrousse et ses yeux noisette se plissent à l’extrême. Malgré le froid qui engourdit les muscles de mon visage, je lui souris.
– Emmy, mon bébé.
Je me dirige vers elle, bras tendus elle est si belle, une étoile en ses lieux où l’obscurité domine.
Elle me fait signe de ne plus avancer.
– Tu n’as rien à faire ici, maman, me reproche-t-elle d’un ton sec.
– Comment ?
– Elle a raison, résonne une voix plus grave, tu ne devrais pas être là, éloigne toi de ma fille.
– Philippe !
Il se dirige vers moi d’un pas décidé. Il a la mine des mauvais jours.
– Emmy ne t’approche pas d’elle, tout ça, c’est de sa faute, grogne-t-il.
– Ma faute ! je ne comprends pas ce que je fais ici, je ne sais même pas où nous sommes.
– Comment peux-tu dire une chose pareille ?
Il pointe de l’index les silhouettes à formes humaines qui observent la scène, immobilisées la tête penchée, vidées de tout sentiment.
– Va les rejoindre, ta place est parmi elles et laisse-nous tranquilles.
Il prend ma fille par la main, la tire vers l’arrière, fait demi-tour et disparait l’instant d’après, s’enfonçant plus avant dans la pénombre. J’essaie de les suivre, mais mes pieds s’enlisent jusqu’aux chevilles dans la terre pâteuse. Je fais quelques pas, mais cela me demande un effort considérable. Quelques mètres plus loin, je tombe à genoux, vidée de toutes forces. Ils sont déjà hors de vue.
– Bon sang ! Elle nous échappe.
– L’électrocardiogramme est plat.
– Je refuse de la perdre, ça va nous retomber dessus.
– Branche la machine, vite.
– Le directeur voudra des coupables, et la presse va s’en mêler.
– Pas question de porter le chapeau, tu es prêt ?
– Je balance le jus.
Je lève la tête.
D’où viennent ces voix ?
Qui sont-ils ?
Peuvent-ils me voir ?
Emmy où es-tu partie ?
– Maintenant.
Soudain, le sol tremble, un éclair griffe la voute céleste suivi d’une terrible secousse qui me soulève de terre. Je retombe lourdement dans la boue. La neige a cessé de tomber, la température remonte, un vent chaud m’enveloppe.
– Encore, elle revient.
Nouveau séisme.
Un soleil blanc perce la nuit puis un second et un troisième. Ils illuminent l’espace, tout n’est que clarté, là où les ténèbres prédominaient l’instant d’avant.
Un torrent d’oxygène s’engouffre en cascade dans mes poumons.
Je respire.
J’ai les paupières grandes ouvertes.
Des visages en contreplongée, des hommes en blouses blanches s’activent autour de moi. L’un d’eux tient un défibrillateur dans les mains. Au-dessus, une immense lampe conçue pour les blocs opératoires brille de ses triples ampoules halogènes, les trois soleils.
– Elle est sortie d’affaire.
– On aurait dû la laisser où elle était.
– Ce n’est pas à toi d’en juger, mets-lui un drap, pas la peine que tous ceux du bâtiment D se rincent l’œil gratis. Tu lui essuies la bave qu’elle a aux coins des lèvres et tu l’amènes au cabinet du doc. Ha ! Mets-lui les menottes, elle est capable de recommencer.
Tout est flou, je suis allongée sur un brancard, les néons aux couleurs froides défilent sous mes yeux. Je roule dans un dédale de couloirs bleus délavés, poussé par un infirmier. J’entends des cris sur mon passage, on m’injurie, me siffle et on me crache dessus. Cette vilaine balade se termine dans une salle aux murs recouverts de faïence blanche. Un homme, un chapeau de cowboys vissé sur son crâne, des moustaches en morse et une jeune femme entrent dans la pièce. Cette dernière a une trentaine d’années à peine, les cheveux coiffés d’un chignon impeccable. Elle porte une paire de lunettes aux verres trop larges pour elle et qui lui donnent l’aspect d’une libellule. Sa voix est douce et apaisante.
– Comment vous sentez vous ? me dit-elle en me plaçant un tensiomètre autour du bras.
– Qui êtes-vous ?
– Je suis la médecin de l’établissement, nous nous connaissons déjà. Je suis là pour vérifier que vous êtes hors de danger.
– Qu’est-ce qui se passe ? Où sommes-nous ?
Autre endroit, même question.
– Vous êtes à Angola, bien sûr.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Le pénitencier d’État de Louisiane, vous y êtes emprisonnée depuis presque dix ans.
– Hein ! C’est une erreur, je suis avocate chez Jerry’s & Norman, je vis à Bâton-Rouge dans un pavillon avec ma fille et mon mari. Nous sommes partis en vacances il y a une semaine à Galveston Island. Nous avons loué une villa au bord de la mer avec les Bradley, un couple d’amis de longue date. Je me souviens avoir eu un malaise pendant le repas. J’ai fait un étrange cauchemar, puis je me suis réveillée allongée sur cette table. Je me demande comment je me retrouve ici, mais je vais faire toute la lumière sur cette affaire. Vous n’avez pas le droit de m’attacher, vous savez. Ça ne se passera pas comme ça, je vous le garantis. Je suis autorisée à passer un appel téléphonique, je vais prévenir mon mari, il est avocat lui aussi, il va me faire libérer avant demain matin, vous pouvez en être sûr.
– Si c’est une blague, elle est de mauvais goût. Il ne peut rien faire pour vous, rétorque la jeune femme.
– Il lui est arrivé quelque chose ?
– Vous ne vous souvenez vraiment de rien ?
– De quoi parlez-vous ?
– Vous avez été condamnée pour les meurtres de votre mari, de votre petite fille, du couple Bradley et de leurs trois enfants. Il y a des années de cela.
Ses paroles me font l’effet d’un coup de point à l’estomac. J’ai le souffle coupé.
– C’est impossible, ce matin Emmy et moi on jouait au cerf-volant sur la plage, elle les fabrique elle-même, vous savez, elle est très douée pour tout ce qui est manuel.
– Vous avez tenté de vous suicider en ingurgitant une dose importante de barbiturique ce qui a provoqué une insuffisance respiratoire et de l’hypothermie. Votre cœur s’est arrêté et votre cerveau n’a pas été irrigué quelques secondes, ce qui a pu endommager certaines zones du cortex cérébral et créer des troubles de la mémoire.
– J’aurai effacé une décennie de ma vie ?
– C’est probable.
L’homme qui est resté en retrait jusqu’ici s’avance au côté de la doctoresse.
– Ne l’écoutez pas docteur, elle essaie de vous manipuler. Elle nous a fait le coup de l’amnésie pendant son procès. Elle nous a dit de n’avoir aucun souvenir du soir des meurtres. Une défense qui n’a pas convaincu les jurés, mais un trou de 10 ans elle fait fort.
– Pourquoi ferait-elle cela ?
– Un stratagème pour éviter l’exécution. La loi stipule que si un prévenu n’a pas conscience des actes commis, il ne peut être condamné à la peine capitale, celle-ci est commuée en peine de prison.
– Je vais tout de même demander une IRM pour vérifier si elle n’a pas eu de lésions importantes. Je vous rappelle qu’elle est morte cliniquement pendant plus d’une minute et…
– Faites ce que bon vous semble, ça ne changera rien demain elle finira sur la chaise, même si je dois la porter moi-même sur les épaules, dit le policier d’un air mauvais. Ne tombez pas dans le piège de l’empathie, c’est un monstre, croyez-moi, j’ai vu ce dont elle est capable.
Les larmes coulent sur mes joues, sans que je puisse les arrêter. J’ai impression de devenir folle. Je voudrais hurler, mais je manque d’air. Les êtres qui comptent le plus pour moi sont morts depuis longtemps et je suis accusé de les avoir tués. Je comprends maintenant pourquoi ils m’ont repoussé dans l’au-delà.
L’inspecteur et la médecin parlent sans me prêter attention, jusqu’à ce que je les interromps.
– Pourquoi m’avez-vous sauvé, si c’est pour m’exécuter demain ?
– Nul ne se soustrait à la loi. L’état de la Louisiane ne vous donne pas le loisir de vous suicider et d’échapper ainsi à votre sentence. Répondit le cowboy.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater d’un rire nerveux. J’allais mourir deux fois en 48 heures, parce que l’on ne m’autorise pas à choisir ma mort. Un rire proche de la démence. Je fais un cauchemar et je vais me réveiller entouré des miens, c’est sur, tout cela ne peut pas être vrai. On m’a raccompagné jusqu’à ma cellule et je n’ai pas dormi de la nuit, comment aurais je pu ? J’ai creusé dans le terreau stérile de mes souvenirs pour comprendre ce qui s’était passé, mais le film de ma vie s’est arrêté la nuit du drame. Je ne rappelle des images d’avant, une vie, ma rencontre avec Philippe à l’université, notre premier baiser, mon mariage, notre premier appartement, les petits coups d’Emmy dans mon ventre, ses premiers pas, et nos vacances en famille, jusqu’au dernier jour, rien d’autre.
Les premiers rayons du soleil ont percé la fenêtre et inondé la pièce un peu avant 6 heures du matin. Deux agents pénitentiaires entrent dans ma cellule. Un prêtre est avec eux, il a le visage rond et le nez rouge d’avoir trop abusé du vin de messe. Il est plein de compassion à mon égard et me vante de la bonté de dieu, un véritable VRP des âmes. Il me demande si je veux confesser mes péchés, je lui réponds n’en avoir commis aucun. Il ne comprend pas et me dit que le seigneur accueille toutes ses brebis, même celles qui se sont égarées. Il est gentil, alors je lui raconte qu’une fois, quand j’étais enfant, j’ai volé des bonbons dans la boite en métal que ma grand-mère cachait en haut du placard de l’entrée et j’avais accusé mon frère à tort. Il ne semble pas satisfait de ma repentance. Il s’attendait à autre chose, mais se contente de me dire, comme le veut la formule consacrée.
– Je vous pardonne ma fille.
Il quitte la pièce, me lançant un dernier regard imbibé d’empathie.
– C’est l’heure madame, dit l’un des gardiens avant de me mettre les menottes. J’avance dans un couloir sur le sol une ligne jaune, tout au bout une porte perce d’un hublot.
De l’autre côté, une pièce avec une vitre sans teint, qui prend presque tout un pan de mur. Il m’est facile de deviner que derrière celui-ci se trouve une salle ou les proches des victimes réclament vengeance. Je me dis que je connais la plupart d’entre eux ils sont de ma famille ou de mes amis. Il y a probablement une horde de journalistes guettant la moindre de mes réactions pour noircir de détails croustillants leurs torchons. Ils sont assis pour assister au spectacle de ma mort.
On m’installe sans ménagement sur un fauteuil similaire à ceux que l’on pourrait trouver chez un dentiste, le cuir est froid, mais confortable. Un homme habillé comme un représentant de commerce, le visage de cire, m’attache et serre mes entraves au maximum. Le cuir me coupe les poignets et me fait mal.
– Vous pouvez desserrer les sangles un petit peu, elles me font souffrir. Lui demandais-je.
Il ignore ma demande, me pique l’avant-bras et installe deux cathéters reliés à une machine fixe aux murs. Mon pouls s’accélère au rythme du tictac immuable de la pendule perchée au-dessus de la porte. Je regarde la grande aiguille qui avance d’un pas saccadé. Quand celle-ci arrive sur le 12, une ampoule installée au-dessus de la vitre s’allume. Le signal du grand voyage. Le bourreau appuie sur un des trois boutons de la console qui se trouve près de lui.
Première injection.
Le liquide circule dans mes veines, une douce sensation de chaleur m’envahit. Mes paupières se ferment doucement. Je me sens partir.
Seconde injection.
Noir, tout est noir, je n’ai aucune notion de l’espace, la gravité est proche de zéro et je flotte longtemps au centre du néant, puis je retombe lentement. Mes pieds touchent le sol, me voilà de retour. Les êtres sombres m’appellent toujours en faisant de grands gestes, ma place est peut-être là-bas. Le froid est encore plus glacial que la dernière fois, mais je ne le sens pas. Je scrute l’horizon qui se confond avec le sol dans un dégradé gris obscur. Les premiers flocons de neige tombent à nouveau, mais cette fois ils disparaissent au contact de ma peau. Soudain, des comètes aux reflets argentés tranchent le ciel de leurs traines et s’écrasent en gerbes incandescentes. À chaque fois que l’une d’elles percute le sol, elles forment des bouquets lumineux.
Tout comme moi les créatures ne comprennent pas ce qui est en train de se passer, elles restent sur place, effrayées par ce spectacle pyroluminescent.
Soudain, j’ai entendu une petite voix qui m’appelle.
– Maman tu es revenue ?
Emmy est devant moi, mais cette fois c’est elle qui me sourit. Philippe est près d’elle et me fixe de ses yeux d’azures, son comportement a changé, il semble m’observer.
– Je suis désolé, dis-je les yeux embués de larmes, je vous aime très fort tous les deux.
Emmy avance vers moi, m’enserre avec ses petits bras de toutes ses forces, colle sa joue contre la mienne, puis, elle tourne la tête vers son père et murmure.
– Le monstre est parti papa. Maman est revenue, tu comprends, maman est revenue.
Philippe s’approche à son tour, caresse mon visage du bout des doigts, puis me tend la main.
– Viens tu n’as plus rien à faire dans la plaine des damnés.
Nous partons tous les trois, vers la lumière.
J’ai enfin retrouvé ma famille… Dans le monde d’après.
Elle est allongée de l’autre côté d’un rideau transparent, nue, le crâne rasé, couverte d’électrodes, un tube enfoncé dans la bouche et des perfusions dans les deux bras. Le professeur Morris l’observe un instant puis se retourne avec satisfaction vers les écrans de contrôles qui tapissent la salle. Sur le moniteur principal, l’image de sa patiente entourée de sa fille, Emmy et de son mari Philippe.
– Messieurs, mesdames, vous avez pu visionner en direct ce qu’elle voit et ressent, grâce à des capteurs implantés dans les circuits neuronaux du sujet. Cette femme n’a bien évidement jamais eu de fille, ne s’est jamais marié, ce ne sont que des souvenirs virtuels que nous lui avons implantés et qui constitue et un scénario type de « Remedium » notre programme de réinsertion. Derrière lui, des collaborateurs, des mécènes qui ont financé les recherches, quelques responsables politiques et des journalistes conviés pour l’occasion, tous écoutent avec attention la démonstration du scientifique.
– Pour faire simple, nous avons pu constater depuis longtemps que la réponse pénitencier n’est pas une solution. En effet, le taux de récidive pour les crimes de sang est de 60 % environ. Forts de ce constat, nous avons pris le parti de supprimer tout comportement violent de ces individus avant de les libérer. Nous avons donc étudié les interconnexions du cerveau. Nous avons pu observer dans la grande majorité des cas des anomalies dans les fibres nerveuses des faisceaux qui relient le cortex cingulaire au cortex préfrontal. Ce circuit est associé au manque d’empathie propre à la psychopathie. Ces mêmes zones jouent un rôle primordial dans l’apprentissage des récompenses et des punitions. Le programme consiste à faire au sujet une série d’électrochocs émotionnels grâce à notre système de réalité virtuelle poussée. La femme allongée ici a subi une cinquantaine de fois le scénario que vous avez pu visualiser sur l’écran.
Il pointe ensuite de la main la projection de deux imageries réalisées par résonance magnétique.
– À gauche, les liaisons cérébrales avant le traitement, ou vous pouvez constater en rouge les nombreuses lésions et à droite la même image après traitement, vous pouvez remarquer que les anomalies ont complètement disparu, c’est la preuve que notre système fonctionne. Nous avons réussi grâce à notre méthode à supprimer toute pulsion criminelle.
Morris termine sa démonstration sous les applaudissements des invités
Un jeune homme, les cheveux plaqués sur un front trop large, s’avance un micro à la main.
– Oliver Flock du magazine Science & Futur, la jeune femme a-t-elle donné son accord pour participer à cette expérience ?
– Nous n’en avons pas eu besoin, le décret signé par le sénateur de l’état nous donne le droit d’utiliser les prisonniers condamnés à mort, dans le cadre du programme sans leur autorisation.
– Que va-t-il se passer pour elle maintenant ?
Nous allons lui faire passer des tests pour être certain qu’elle ne représente plus un danger pour notre société avant de la remettre en liberté. Elle sera remise en liberté dans les heures qui suivent.
– Comment pouvez-vous être sûr qu’elle ne recommencera pas ?
– Nous en sommes convaincus, ce procédé est infaillible, croyez-moi.
– Quel souvenir gardera-t-elle de cette expérience ?
– Aucun, je vous le garantis. Bien ! Je vous invite à passer dans la salle de réception, où vous attendent un buffet et de quoi vous rafraichir. Je répondrai volontiers vos questions, mais un verre a la main.
L’assistance se mit à rire à l’unisson, puis le troupeau des invités sort de la pièce précédée par le professeur Morris.
Plus aucun son, je suis de nouveau seule.
Il fait noir, je ne peux pas bouger ni parler, mais j’ai tout entendu et ça, ils ne l’ont pas prévu.
Ainsi ma famille, ma vie et mes sentiments ne sont que des leurres, rien de tout cela n’est vrai. J’ai toujours pensé que ce que l’on a été forgé par notre passé, nos actes, nos souvenirs et ils me l’ont volé. Je ne suis plus qu’une coquille vide et cela me met en colère.
Je suis gorgé de rage et j’ai un irrésistible désir de vengeance.
Une envie de tuer.
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