Eden et les Mothman

 

Chapitre 1

 

Dans le monde d’après des ombres assagies croisaient en silence, à la volée, de drôles de personnages mutiques aux regards luisant et pénétrants – pour quelles raisons ces lumières sombres à l’horizon déclinaient-elles maintenant avec tant d’incidence ?

Après être rentrée, Ella se prit un verre de vin rouge Geiler de 2020 et commença à préparer le repas pour son bout ’chou. Malgré la peur qui peinait à descendre depuis qu’elle était rentrée, elle se doit de se ressaisir. Si Eden voit qu’elle ne se sent pas bien il s’inquiètera et le médecin a été clair. Il faut qu’il soit en bonne santé et heureux pour ne pas faire de crises d’angoisse. Il avait commencé à en faire il y a tout juste deux ans, après que son père a mystérieusement disparu. Depuis ce jour, Ella se sentait chaque jour suivi et regarder par des personnes. Elle ne les voyait cependant que lorsque le soleil déclinait. Ils ne ressemblaient pas à de vraies personnes mais plus vraisemblablement à des hommes papillons. Ce n’était pas rassurant, et par conséquent, elle courait toujours pour rentrer chez elle. Elle avait d’ailleurs arrêté de sortir depuis la disparition de son mari, par angoisse qu’il arrive quelque chose à Eden. Après avoir cherché en vain le Nutella pour les crêpes, elle appela son fils. Il était toujours gourmand et prenait souvent les pots de Nutella en cachette. Il arriva, tout souriant et habillé de rouge – sa couleur préférée – parsemé de taches brunes. Ella lui demanda gentiment d’aller chercher le pot de Nutella s’il voulait des crêpes. Le voyant refuser, elle partit en direction du frigo pour sortir les confitures. S’il ne voulait pas y aller sur demande, il irait de lui-même. Elle se retourna, il y avait le pot de Nutella sur la table. Il avait dû détaler pour ne pas manger de fruits. Elle installa les assiettes que son mari lui avait offertes quelques années plus tôt, en forme de papillon – triste coïncidence – et posa les crêpes pour Eden dedans directement. Après trois crêpes, il s’avoua vaincu et parti se doucher. Ella se servit un second verre, rangea les crêpes – au moins le repas du lendemain était prêt – et alla préparer la chambre de son fils. Au planning de ce soir, il avait le droit à un film de son choix, la veilleuse silencieuse et être couché en forme de sushis. Avant, ils faisaient des câlins jusqu’à ce qu’Eden s’endorme. Mais maintenant, Ella et Eden avaient mis en place une organisation pour qu’il soit en parfaite harmonie pour s’endormir.

Après avoir jeté plusieurs coups d’œil à son fils pour vérifier qu’il dormait bien, elle éteignit la lampe du petit appartement et partit en-haut. C’était sûrement une nouvelle nuit pleine de cauchemars, mais elle avait appris à ne plus s’inquiéter de ses rêves. Une ombre passa à travers sa fenêtre pour lui rappeler qu’ils étaient encore là. Au début, elle croyait être folle ; les voir, menaçants l’angoissait énormément au point qu’elle mettait des jours à s’en remettre. Lorsqu’elle les avait vus la première fois, elle avait pensé à un rêve. Mais ils étaient revenus et elle avait dû accepter son triste sort. Si Eden allait mal, elle s’en voudrait toute sa vie.

 

Chapitre 2

 

Après que Maman eut vérifié six fois si je dormais bien profondément, elle monta et me laissa seul. Depuis que papa était parti, j’avais trouvé des nouveaux copains. Mais ils ne plairaient pas à Maman et je ne peux donc pas lui en parler. Ce sont des gens surprenants ; pour manger ils aspirent l’âme des animaux puis leur rendent (rongée. Quand j’ai rencontré Tom, il y avait encore papa. Il était tout petit et faisait très peur, ses yeux étaient rouges et sa bouche ressemblait aux vieux films d’horreur de 2002. Puis quand il est revenu, papa n’était plus là. Il m’avait expliqué que lui aussi son papa n’était plus là. Je lui avais demandé ce qu’il s’était passé, il m’a juste dit de chercher ce qu’il s’est passé le 15 décembre 1967. J’avais dû demander à maman, elle m’avait expliqué qu’un pont s’était effondré mais elle n’en savait pas plus. Lorsqu’elle était allée à l’école, ils étudiaient les mouvements des gilets jaunes, la crise sanitaire liée au Covid19 et la grève des cheminots. Je n’avais pas pu vraiment savoir plus, et mon Helpi ne m’autorise pas encore à accéder à toute l’histoire du monde. Maman m’avait expliqué quand j’étais tout petit que mon Helpi était comme un livre avec plein de choses à savoir, mais que je pouvais consulter directement sur ma main à l’aide de ma montre connectée. Elle m’avait expliqué aussi qu’il fallait que j’attende mes 15 ans passés pour avoir accès à toutes les données. Après avoir remis ma combinaison rouge, j’ouvris la fenêtre et Tom arriva. En deux ans, il n’avait pas beaucoup grandi mais il est super gentil. Quand je raconte mes histoires à l’école, ils disent tous que je suis fou. Pourtant il est bien là, tous les jours à m’accompagner le soir quand maman ne me cherche pas ou regarder des films avec moi. Il me sauta presque dessus. Je ne l’avais pas revu depuis hier soir et je lui avais manqué. Il commença à parler de sa journée avec enthousiasme il était allé à un festival avec beaucoup d’enfants et le festival avait fini à la catastrophe à cause de Léon qui avait donné un coup d’aile à la structure gonflable –. Une fois qu’il eut fini son histoire, je dû lui montrer qu’il avait encore parlé fort et qu’il avait de la chance de ne pas avoir réveillé maman. Une fois, il l’avait réveillé, et croyant que je faisais un cauchemar elle était arrivée en trombe dans ma chambre, lui caché sous mon armoire et m’avait fait un lait chaud puis fermé la fenêtre. Quand il l’avait vue il avait retenu un cri, mais il ne m’a jamais expliqué pourquoi il avait eu cette surprise. Une fois rassasié de la crêpe au Nutella que j’ai volée tout à l’heure, il me prit dans ses bras et je quittai peu à peu le sol. La première fois j’avais eu peur mais j’étais habitué maintenant. Une fois n’étant pas coutume il me serra fort et on s’envola tous deux vers le centre de Mulhouse. Mulhouse qui autrefois – en 2028 – appartenait aux évangélistes était maintenant une ville peuplée de nombreux enfants et jeunes adultes. Après la guerre civile entre Mulhouse Est et Mulhouse Nord, la ville avait été réorganisée de façon que chacun soit à l’aise. Le campus d’Epitech était toujours là – mon école – et permettait à chacun de suivre ses cours, ainsi que l’histoire de ce qu’il s’était passé il y a près de vingt ans aujourd’hui. D’après ce que je sais, Tom était né deux jours avant la guerre civile et sa mère ne l’avait pas exposé à tous ces risques. Il avait appris comme tous les enfants de son espèce et avait été à l’air libre à ses vingt ans. Le jour où il était venu me voir en ayant parlé avec lui plusieurs fois, il m’expliqua qu’à ses vingt-cinq ans il devrait trouver une femme et faire des enfants. Il ne lui reste plus que trois ans si mes calculs sont bons. Je me demande comment il sera plus tard avec ses enfants. Sera-t-il autoritaire ou drôle et enfantin comme il l’est avec moi. Parfois, j’aurais voulu, qu’il soit humain comme moi pour être mon grand frère. Il m’avait expliqué plusieurs fois que c’était la première fois qu’un homme papillon pouvait parler à un humain et qu’un jour il meprésenterait à sa mère. On fit le tour de la ville, en volant des glaces par-ci par-là et il me ramena en me faisant promettre d’être là le lendemain à 21h30.

 

Chapitre 3

 

J’ai passé une nuit d’enfer, et pour couronner le tout, Eden ne voulait pas se réveiller. Je suis sûre qu’il veille la nuit une fois que je suis en haut, il ne peut pas être autant fatigué. Une fois Après l’avoir mis dans le bus, je vais au travail. Mais une voix m’interpelle. On dirait celle de mon mari. Mon cœur s’emballe. Je me retourne, mais il n’y a rien, juste un petit papillon rouge. Ma tête me joue beaucoup de tours…

 

Chapitre 4

 

Une maîtresse est arrivée tout affolée dans la classe me chercher. Elle n’a pas voulu m’en dire beaucoup, mais j’ai su que ça concernait Maman. On m’installa dans une camionnette, blanche avec des bandes rouges, tout devant. C’est la première fois que je vais tout devant ! Maman ne veut jamais que j’aille devant, soi-disant je suis trop petit. Il y a un monsieur à côté de moi qui me demande mon nom – Eden Olczyk – et mon âge – 6 ans -. Il a l’air intrigué par la façon dont je suis habillé, mais il ne s’en préoccupe pas tellement et me pose des tas de questions, sur moi, sur maman, sur papa. Peut-être que papa est revenu. Ils ont mis tout ça en scène pour que je voie papa, c’est trop bien ! Le monsieur – Quentin – me donne de quoi lire, mais je lui montre mon helpi, et il me laisse tranquille. On arrive près d’un bâtiment grand et blanc. Il ne ressemble pas à mon immeuble. Le mien est bleu, je ne comprends pas trop, peut-être qu’ils ont pris une salle pour fêter le retour de papa. Puis tout se passe très vite, on m’explique que maman est là mais il faut que je fasse doucement, pour pas la réveiller. Je ne saisis pas vraiment, on m’explique que pour la maintenir en vie, on va la cryogéniser un certain temps pour pouvoir la guérir quand on pourra. On m’explique aussi que je vais partir quelques temps chez des gens super et dès que Maman sera en état, je retournerai à la maison. On m’apporte quelques affaires et on met dans une voiture pour aller ailleurs. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pour Maman, j’aimerais bien lui faire un câlin pour la rendre forte. Je regrette d’avoir boudé quand il ne fallait pas, peut-être que c’est à cause de ça. Puis je pense à Tom, il ne saura pas où je suis. Je vais rompre ma promesse ! Il va m’en vouloir pour toujours…

Chapitre 5

Nous sommes 18 ans plus tard, en 2066, Eden a désormais 24 ans.

 

Encore une journée à travailler comme un chien dans un bureau avec quelques particules d’oxygène dans l’air pollué. Des personnes sont là, se plaignent de leurs douleurs, puis du manque de ressources en France et enfin ils se rendent compte que je n’y peux rien. Je n’y peux rien s’ils ont été virés de leur travail et que la banque leur refuse leur crédit. Elle se protège, elle ne veut pas plonger. Ça fait aujourd’hui deux ans qu’une guerre mondiale s’est déclarée. En premier il y avait eu des coups de feu, puis du sang et des morts. J’étais avec ma libellule – Evy – et mon fils Maël quand j’ai vu ça. Croyant que c’était un attentat, je pris Maël dans les bras et Evy par la main puis je courus jusqu’à la maison. Il y avait ma fille ainée à la maison, fort heureusement. Après avoir barricadé les portes et fermé tous les volets j’expliquai aux enfants que c’était une situation d’urgence. Il ne fallait pas ouvrir une fenêtre et rester à l’intérieur. Evy avait mis les infos, il y circulait des tonnes de messages pour rester chez soi. Un fou – Kim Jong Ou – avait lancé une bombe avec de l’air pollué sans oxygène à Mulhouse par « envie ». Mulhouse avait déjà mauvaise réputation, mais là elle dépassait le summum. J’avais couché Maël et avait demandé à ma fille – Lara – si en rentrant de l’école elle avait vu un papillon rouge. Je n’avais jamais revu Tom depuis mes 6 ans, mais la veille où Maman allait avoir son accident, il était là. Et, il m’avait expliqué que son père, il ne l’avait pas vu lors de la chute du pont. Ce qui n’était pas vraiment logique puisqu’il était né des décennies plus tard. J’en avais conclu que c’était un menteur, il m’avait dit qu’ils parlaient tous, mais en faisant des recherches sur lui et son espèce, c’étaient des personnages mutiques et aussi les annonceurs de mauvaises nouvelles. Il avait, en quelque sorte fait disparaître ma mère et mon père. Si Lara avait vu un papillon, c’était eux. Mais, elle n’avait rien vu.
J’avais fait enterrer ma mère à mes dix-huit ans, en comprenant que je n’avais plus personne et que l’on ne pourrait la guérir. Je me souviens d’avoir pleuréà chaudes larmes parce que je ne me souvenais pas très bien d’elle. Elle m’avait protégé toute sa vie et s’était inquiétée pour moi depuis ma naissance. Les détails de son accident n’étaient pas très clairs. Elle aurait, selon les médecins légistes, eu un AVC et des symptômes de Covid en même temps. Sachant que le Covid avait été éradiqué des années plus tôt, sa maladie était étrange et sans traitements. J’avais subi des dizaines d’examens pour être sûr de ne pas être porteur de cette maladie, puis, ils m’avaient laissé tranquille. Etant jeune, j’étais tombé plusieurs fois, mais je refusais d’aller à l’hôpital, je ne voulais pas avoir le même sort que ma mère. Lorsque j’ai rencontré Evy, je lui ai dévoilé toute ma vie. Elle m’a pris un moment en considération, puis, elle m’a promis de rester à mes côtés. Nous nous sommes mariés à vingt ans. Puis nous avons eu Lara six mois plus tard et Maël a suivi un an après. Je ne me suis jamais réellement remis de la disparition de mes parents, mais je n’ai jamais compris pourquoi Tom m’avait fait souffrir autant

Après être rentré de cette dure journée, Lara et sa mère ont essayé de faire des crêpes, sans grand succès. Je me souviens de ma mère, qui m’en faisait une fois par mois. Je lui prenais toujours son Nutella pour le garder quand j’avais un creux. A chaque fois elle râlait parce qu’elle ne trouvait pas le pot, puis elle m’appelait et je faisais mine que je ne savais pas. Sachant très bien que j’allais déguerpir, elle se tournait vers le frigo et lançais un « bon ce sera confiture alors ». Je détalais à chaque fois. Beurk des fruits. C’est l’un de mes derniers souvenirs avec ma maman. Toute mon enfance, on m’a dit « n’oublie pas ta maman, elle reviendra un jour ». Je ne l’ai pas oubliée mais elle ne reviendra pas. En voyant ce duo atypique, je m’installe et appelle Maël. Il se précipite dans les escaliers et me parle de sa journée, il a vu un papillon. Soudain intrigué, je lui demande de quel couleur était le papillon. La réponse est claire, il était rouge. Je me précipite dehors. Il fait nuit et des dizaines d’yeux luisants me regardait. Ils m’attendent, et ma famille est peut-être en danger.

 

Chapitre 6

 

« Monsieur Eden Olczyk fils d’Ella Olczyk et Adam Olczyk. Nous sommes la famille de Tom, nous savons que vous le connaissiez et le recherchons activement »

 

Ces mots résonnent activement dans mon esprit. Ainsi que de nombreuses questions. Tout d’abord, comment m’ont-ils parlé sans bouger leur mâchoire ? Ensuite, pourquoi venir dix-huit ans après me parler de Tom, que je n’ai pas vu depuis si longtemps ? Et en dernier, que vont-ils me faire ? Je fais signe que non de la tête, je ne sais pas où il est et repars vers ma porte. Une aile vient me secouer toutle corps. Je me retrouve à terre. Ils m’ont frappé, et me fixent intensément. Je sens une douleur chaude dans mon crâne, comme s’ils m’examinaient. Tom m’avait dit que son espèce arrivait à lire dans les esprits. Ou peut-être qu’ils aspirent mon âme à cause dema non-coopération. Je ne cherche pas à me débattre, c’est inutile, je n’ai pas envie de m’attirer de problèmes. Toutefois, je me pose une dernière question. Comment se fait-il que mon fils les ait vus en petit et moi je les vois si grand ? Après avoir fini par fermer les yeux, je sens mon corps quitter le sol. Je n’ai pas la force d’ouvrir mes yeux, j’ai vécu cette sensation tant de fois étant petit. Je me prends la brise de pluie du soir dans le visage mais je ne dis rien.

Je suis jeté si violemment sur le sol. Je peine à rouvrir les yeux. Des sanglots se sont formés dans ma gorge, mais il est hors de question de pleurer. J’entends une voix dans mon esprit. On dirait Tom. Mais ce n’est pas lui qui se dresse devant moi. « Je suis désolé ». C’est Tom. J’en suis sûr. Là où je suis il fait froid et sombre. On me palpe le visage puis le corps. Je me retiens de respirer. Peut-être que s’ils croient que je suis mort ils me laisseront. Ne sait-on jamais. « Levez-vous ». L’ordre est clair. Je me lève et sens une douleur fulgurante dans ma jambe gauche. Je bascule et retombe. Je suis relevé par des ailes que je connais. C’est Tom. Il a toujours eu la spécificité d’avoir des ailes douces. Je ne veux pas le voir. Une voix résonne dans mon esprit. « Vous avez voulu nous échapper, nous vous avons pris avec nous. Ce que nous avons à vous dire est important pour notre espèce et la vôtre. Opinez de la tête pour avoir la suite ou nous vous balancerons par-dessus une falaise ». J’opine. Peut-être que toutes mes questions vont être résolues.

« Très bien. Tout d’abord, sachez que nous somme des hommes papillons ou Mothman. Nous sommes vos ancêtres et nous sommes votre futur. L’espèce humaine nous avait exterminés mais nous sommes revenus. Nous ne sommes pas rancuniers en général. Mais il y a toujours une exception pour confirmer la règle. La famille du Tom que vous connaissez. Généralement nous somme considéré comme des monstres, des mauvais à causes d’eux. Le grand père de Tom est arrivé sur Terre dans les années 1950 et a voulu semer la terreur. Une malédiction leur est tombée dessus, et pour que chaque personne de cette famille s’en débarrasse il faut tuer au minimum cinquante personnes. Tom est le dernier. Vous avez rencontré Tom deux jours avant la mort de votre père, le jour de sa mort il a vu un papillon rouge. Vous l’avez vu quarante-huit fois après la disparition de votre père. La dernière fois que vous l’avez vu, votre mère a vu un papillon rouge. Vous êtes désormais vous-même colporteur de cette malédiction et chacun disparaîtra lorsqu’il verra un papillon rouge. Seulement la malédiction a changé, c’est celui qui voit une personne juste après qui se verra mourir. Votre fille est morte il y a cinq minutes Eden. »

 

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