Chroniques de Mars // Myriam bonjour ! … Tu viens de livrer ce mois-ci pour les éditions ARQA ton 29e livre qui porte sur la GNOSE et la Tradition Primordiale. Vaste sujet s’il en est et particulièrement passionnant quand on s’intéresse de près aux découvertes archéologiques de ces dernières années… Nous allons en reparler…
Tu as dans le cadre de cet ouvrage dressé magistralement, en partant de la Tradition primordiale, un panorama exhaustif de tous les courants gnostiques en donnant au fur et à mesure de tes développements successifs de nombreuses définitions qui permettent de mieux comprendre tous ces mouvements historiques complexes, philosophiques et théologiques, qui se développèrent dans le pourtour du bassin méditerranéen autour des premiers siècles de l’ère chrétienne. Avant d’entrer dans le vif du sujet il importe de mieux comprendre où chercher la source de la Tradition primordiale et existe-t-il vraiment un mythe rationnel et scientifique de « la Parole perdue » ?
Peux-tu nous parler un peu de ces deux concepts de « tradition primordiale » et de « parole perdue » ? Comment les considérer pour mieux les appréhender ?
Myriam Philibert // Tradition primordiale ! L’expression ouvre des perspectives vertigineuses, car nul ne sait plus où en chercher la source. Faut-il se tourner vers les traditions archaïques ultérieures ? Tout ce qu’elles laissent de fondamental, d’exemplaire, d’unique, d’irremplaçable appartient à ce fonds. Elle survit également dans la mémoire akashique, à un niveau troublant car incommunicable. Prenons un exemple. À l’origine, toutes les traditions reconnaissent un principe unique. Ainsi, la théologie première est fondée sur une déesse mère.
Puis, et voici déjà une tradition secondaire, apparaît un couple principiel. Cependant, le sentiment de l’unique demeure fondamental et dès que les groupes culturels se côtoient et que les siècles passent, l’Un prend des noms différents – c’est le cas pour les Hébreux -, ou encore il revêt des formes et des forces variées comme en Égypte. Il y a un concept de base qui subit des vicissitudes et des hommes qui cherchent à retrouver l’originel. La quête peut prendre une tournure quasi désespérée. C’est comme un rêve qui s’effiloche au réveil. En revanche, il n’y a pas vraiment de mythe de la « parole perdue », seulement une sensation de regret à propos d’archétypes, de noms ou d’images, que l’on a oublié ou qui sont enfouis au plus profond de la mémoire collective. Cette idée vient d’un article de René Guénon, où il développe, entre autres, la perte du nom divin par les Hébreux chassés du Temple de Jérusalem, et les essais plus ou moins significatifs de substitution ou de reconstitution de celui-ci.
Chroniques de Mars // De la Tradition primordiale que tu évoques en historienne découlent fondamentalement une Métaphysique première, celle des grandes civilisations Babylo-sumérienne et bien sûr Egyptienne – Celles-ci vont engendrer un courant majeur sur lequel nous nous appuyons toujours, il est celui de la grande Tradition « hermétique » assignée généralement à une figure tutélaire, Thot-Hermès…
Ce courant fondamental lie en un seul mouvement des apports initiatiques oubliés de l’Egypte primitive et de la Grèce pythagoricienne. Peux-tu nous parler de ce fil conducteur et expliquer en quoi – d’une certaine manière – le courant hermétique antique va se trouver être un « trait d’union » essentiel entre la Tradition primordiale et la Gnose alexandrine ?
Peut-on d’ailleurs, en la matière, parler à propos d’Hermétisme de courant gnostique ?
Myriam Philibert // L’Hermétisme est né au sein de la tradition égyptienne. Précisons que cette dernière s’est maintenue inchangée dans les temples, jusqu’au moment où ils ont été fermés, car le Christianisme était alors devenu religion d’état. Au V e siècle, l’écriture hiéroglyphique n’avait pas encore disparu. Revenons en arrière. Au IIe siècle avant notre ère, cette tradition égyptienne rencontre, en Alexandrie, la philosophie grecque et de cet échange naît l’Hermétisme (et en même temps la Gnose). Le nom du dieu Hermès se substituait à celui de Thot comme maître des secrets et les Mystères égyptiens n’étaient plus réservés aux seuls habitants de l’Égypte.
En son temps, Pythagore fut l’un des premiers initiés étrangers. L’Hermétisme permettait de livrer à un public lettré de toutes nationalités ce qui pouvait être appréhendé des grands Mystères égyptiens, et surtout le voyage de l’âme après la mort. Il introduit un changement de langue et représente la modernité évolutive ou tradition « secondaire ». Rappelons aussi que ce mouvement est une Gnose à part entière et non un simple courant gnostique. Pour sa part, la Gnose puise à la même source et ce sont des prêtres égyptiens qui sont à son origine. Il y a peu de documentation historique sur ces points de départ.
Ce sont autant de « révélations ». Les plus significatives sont transcrites par des scribes et circulent dans une Alexandrie cosmopolite, où toutes les écoles peuvent intervenir et défendre leur thèse sur l’agora.
Chroniques de Mars // GNOSE veut dire « Connaissance » – Considérant la GNOSE c’est à la fois un courant de pensée métaphysique très circonscrit dans le temps, mais il existe aussi « plusieurs GNOSE », selon l’acception que l’on veut bien donner à ce mot, avec une vision plus holistique qui se transmue avec le temps ?
Existe-t-il des résurgences et existe-t-il une GNOSE moderne et contemporaine ? Tu n’oublies pas d’ailleurs dans ton livre d’évoquer l’idée forte que la Science moderne, avec la physique quantique notamment, rejoint sous certains aspects la GNOSE ancestrale, tu cites principalement pour étayer tes propos les travaux de Robert Linssen (1911-2004), auteur en particulier de « L’Homme devant l’infini », il affirmait que : « l’essence ultime de la matière se révèle de nature immatérielle ».
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Robert LINSSEN
Pourrait-on revenir avec toi sur ces différentes définitions et approches pour les expliciter en quelques mots et concevoir une forme de modernité transcendantale de la GNOSE, qui traverse pour ainsi dire l’histoire de l’Humanité… Après tout le Catharisme prend souche en Occitanie mille ans après l’apogée des grands mouvements gnostiques et Jules Doinel est une figure gnostique fort emblématique de l’Occultisme du XIXe siècle !
Myriam Philibert // GNOSE signifie littéralement « connaissance intuitive ou révélée », ce qui ouvre beaucoup de voies. Les historiens ont donné ce nom à une série de groupes qui se sont dévoilés entre le IIe siècle avant notre ère et le IIe ou IIIe siècle après Jésus-Christ. Cela représente cinq cent ans ! Voilà la Gnose « historique », un courant de pensée métaphysique, diversifié. L’intuition est le facteur qui fait progresser toute technologie. La révélation, elle, fait intervenir un principe transcendant, mais le résultat se révèle analogue.
Si l’on prend l’exemple de la physique quantique, les scientifiques ont d’abord eu l’intuition que matière et énergie correspondaient à deux expressions d’une même réalité et que celle-ci était, en dernière analyse, « immatérielle », avant de tout mettre en œuvre pour démontrer ce qui avait été pressenti. En quelque sorte, la Gnose s’apparente à une vision immédiate et transcendante, que ce soit celle des tribulations de l’âme perdue entre Enfer et Paradis, que ce soit celle de la transmutation de la matière (et vice versa). Tous ceux qui sont « reliés » à l’âme cosmique ont accès à un fondement unique – que l’on peut nommer Tradition primordiale. Prise dans son sens non singulier, la Gnose n’appartient à aucune religion et traverse les âges par sa puissance révélatrice. C’est alors que des individus (Jules Doinel) ou des groupes en livrent leur approche personnelle.
Chroniques de Mars // Si l’on s’intéresse en profondeur à la GNOSE, comme tu l’as fait, on s’aperçoit qu’il y a plusieurs courants véhiculés par les grandes religions abrahamiques qui vont, en leur sein, développer des évolutions transgressives, parfois qualifiées de « sectaires », ou présentées comme telles en tout cas… – On pense à l’Alchimie hermétique pour la Chrétienté qui est bien sûr une Gnose à part entière ; à la Kabbale pour le Judaïsme et pour l’Islam on pense à l’Ismaélisme, au Soufisme ou à l’ « ‘Irfân » – une forme de connaissance mystique qui passe par une purification et une sanctification de l’âme ?
Peux-tu nous parler de ces différents courants – qu’ont-ils en commun ?
Myriam Philibert // Effectivement, la Gnose se greffe sur toutes les religions préexistantes. Il y a une Gnose du culte initial de la Déesse chez ceux qui sont véritablement inspirés par l’âme de la Nature. Selon notre propos, il existe une Gnose hébraïque, une autre chrétienne ou musulmane. En ce qui concerne le Christianisme, il faut distinguer la Gnose chrétienne et le Gnosticisme, où la multitude des courants égare.
J’ai concentré, ici, mes recherches sur les mouvements qui sont issus du Livre, ce qui n’exclut pas l’existence d’une Gnose hindouiste, d’une autre bouddhiste, etc. La Kabbale, l’Alchimie médiévale ou le Soufisme ont en commun un sens aigu du sacré, une intuition exceptionnelle de l’Unité infrangible du Tout.
Rappelons une phrase concise de Simon le Magicien : « Moi, Toi, Un ».
Conscient de l’omniprésence de l’Un (transcendant et/ou immanent), l’individu ressent la fusion absolue de deux en Un. De ce fait, la Gnose refuse tout dualisme. Bien sûr, la plupart des traités évoque cette lutte terrible, éprouvante et qui paraît parfois irréaliste, de l’être (ou de l’âme) pour se résorber dans le Tout. Il est vrai que la permutation automatique des lettres-nombres de l’alphabet hébraïque et leur réorganisation mathématique ; les noces chymiques de principes opposés et complémentaires, devenant Or ; ou encore la poésie mystique arabe, où les mots révèlent l’ineffable, l’effusion de l’âme, l’ivresse transmutatoire, semblent relever de projets très éloignés. Pourtant, ces approches sont propres à effacer toute barrière entre l’être humain et l’essence. Kabbale, Alchimie médiévale et Soufisme vibrent selon un même diapason.
Chroniques de Mars // Il existe donc plusieurs types de « Gnose » selon les religions consacrées – Pour la Tradition hébraïque il faut évoquer évidemment le fameux texte d’Ezéchiel relatif à la « vision du Char »… – Tout le courant traditionnel de la Merkabah prend sa source dans ce texte précisément même si il faudrait aussi citer le « Livre des secrets d’Hénoch », entre autres. Peut-on un instant revenir sur cet aspect si traditionnel qu’est la Merkabah, un courant particulièrement dévoyé par le catastrophique « New Age » – qui est à la Tradition pérenne ce que « L’Alchimiste » de Paulo Coelho est à l’Hermétisme…
Au plan théologique et Métaphysique comment comprendre ce concept de « chevauchement » et à vrai dire quoi « chevaucher »… ?
Myriam Philibert // Si la Gnose est unique, il en existe plusieurs formulations, selon les mouvances, selon la sensibilité de chaque école. La révélation (ou l’intuition) est identique pour tous, dans son essence. Dans le courant de la Merkabah, « chevaucher » a un sens forcément allégorique. Nul n’imite Phaéton tentant de maîtriser l’attelage du Soleil et finissant carbonisé. Dans la tradition hébraïque, le Char, décrit par Ézéchiel, est ce qui se place au plus près de l’Ultime Présence.
Il a pour fonction de dévoiler ce qui demeure voilé. L’image du Char est suffisamment familière et explicite pour décrire ce qui ressemble à une descente vertigineuse dans un abîme infini qui n’a, d’ailleurs, ni haut ni bas, selon les dires de ceux qui en ont fait l’expérimentation. L’Ultime Présence peut se nommer Osiris, Allah, Dieu, cela n’a aucun intérêt, seuls importent le lâcher prise, l’ivresse ou l’extase qui conduisent à la fusion.
Chroniques de Mars // Tu mentionnes avec passion et avec une grande exactitude tout ce qui a façonné les différents courants philosophiques regroupés sous le terme de « GNOSE ».
Mais que seraient les études modernes sur la GNOSE sans les découvertes de Nag Hammadi, en 1945, et celles de Qumran, en 1947 ? Il apparait essentiel que tu nous parles à nouveau de ces découvertes ? Quelles sont-elles ? En quoi ont-elles révolutionné le regard que l’on pouvait avoir sur la GNOSE ?
Myriam Philibert // Chaque époque a ses « révélations ». L’archéologie découvre aujourd’hui ce que la censure de l’église catholique romaine s’est évertuée à occulter et même à faire disparaître dans des bûchers. Est-ce le signe de l’avènement de temps nouveaux ?
Le fonds de Nag Hammadi – et d’autres trouvailles moins volumineuses – révèle un corpus quasi inédit sur la Gnose. Pour sa part, celui de Qumran livre des centaines de textes nouveaux, en relation avec la tradition hébraïque, exégèses des récits bibliques. Très peu de ces derniers se rattachent à la Gnose, si ce n’est le Livre d’Hénoch. Auparavant, la Gnose et surtout le Gnosticisme n’étaient connus qu’à travers les écrits lapidaires d’Irénée de Lyon et des continuateurs de son travail de « pourfendeur d’hérésies ».
Ceux-ci, à de rares exceptions, ont copié ses appréciations sans se référer au texte cité. En peu de temps, Gnose et Gnosticisme ont perdu leur identité et leur substance, et ils ont fini par devenir synonymes de dualisme !
Chroniques de Mars // Dans ton livre, tu parles évidemment du « DUALISME » et tu donnes dans ton glossaire en fin d’ouvrage le sens usuel et gnostique du terme, c’est-à-dire d’antagonisme, de contraires, d’opposition : Dieu/Diable ou Dieu bon/ Dieu créateur… Nous sommes bien sûr là dans des concepts gnostiques absolument fondamentaux. Mais je sais que dans le cadre de cette interview tu désires revenir sur cet aspect des choses, parfois trop simplificateur. Un éminent professeur de l’université catholique de Louvain, théologien et historien des religions, définit le dualisme, dans le Gnosticisme, comme « l’étincelle divine dans l’être humain ».
Il oppose ainsi divin et humain. Du coup, il semblerait que beaucoup de commentateurs de la question aient suivi ce qui doit être l’opinion généralement admise par les théologiens chrétiens… Cette définition du mot » dualisme » apparaît alors différemment selon les auteurs ? Comme tu me le signales dans l’un de tes courriers : « Ce qui est curieux dans cette définition du « dualisme » gnostique, c’est que les traducteurs de textes, même si ce sont des prêtres, n’entrent pas dans cette approche. Ce sont uniquement les historiens, historiens des religions et théologiens. Pourrais-tu revenir un instant sur cette définition pour éclaircir un peu plus ce concept de dualisme qui est le pivot même de tous les courants gnostiques – car, à l’époque, c’est toujours à la marge que se font les conflits les plus exacerbés et celui-ci en est un…
Myriam Philibert // À propos de dualisme, je m’en suis tenue à la définition des dictionnaires. J’ai été surprise que certains commentateurs emploient le terme de « dualisme » à propos de groupes gnostiques qui ne l’étaient pas…
Nombre d’entre eux prônent justement le dépassement de la dualité pour un retour à l’Un. L’âme, qu’elle soit cosmique ou individuelle, n’aspire qu’à fusionner avec le Divin d’où elle est issue. Pourquoi imaginer là une dualité ontologique ? Il faudrait évacuer ce concept de dualisme, sauf pour la religion zoroastrienne, le Manichéisme et les mouvances en découlant.
Au XIXe siècle, les traducteurs des textes gnostiques découverts à leur époque n’ont pas soulevé la question et se sont gardés d’entrer dans ce débat, alors que des historiens des religions contemporains, qui n’ont pas lu, semble-t-il, les textes mis au jour lors des fouilles des années 50, alimentent la polémique dualiste qui passionna Irénée en son temps.
Chroniques de Mars // Parmi les textes gnostiques il est un courant très particulier dont tu parles abondement dans ton livre qui est celui qui concerne les « Apocalypse » – Le terme veut dire « Révélation » nous le savons, ce que l’on sait moins c’est qu’outre « l’Apocalypse » de Jean, bien connu, il existe plus d’une dizaine d’autres Apocalypses, telle « l’Apocalypse » de Jacques, par exemple, mais il y en a beaucoup d’autres… Il existe aussi des Apocalypses chrétiennes, d’autres Gnostiques, d’autres juives ou païennes ? Peux-tu nous éclairer sur ce sujet et que disent-elles en substance ?
Myriam Philibert // Il y a fort à dire à propos des Apocalypses, qui se rattachent, toutes, d’une certaine façon, à la Gnose. Sous ce terme, ont été regroupés des textes très divers. En gros, il est question soit du voyage de l’âme, soit de la fin des temps et du jugement dernier. Selon les religions, la question n’est pas abordée de la même manière. La lignée juive parle surtout du sort de l’âme après la mort, des punitions infligées à tous, des légions angéliques qui peuplent les cieux et font inexorablement respecter l’ordre. Seuls de rares élus comme Hénoch ont l’opportunité d’effectuer un voyage extatique au sein de ces demeures célestes, où l’Enfer s’enfonce dans les abysses et le Paradis se mérite pas à pas. Une relative convention, en dehors des noms, parfois étranges, des légions angéliques relie ces récits.
L’Apocalypse de Jean constitue un chef d’œuvre d’une rare originalité. Quant aux Apocalypses chrétiennes, prêtées aux apôtres ou aux compagnons du Christ tels Pierre, Jacques ou Paul, elles se rattachent majoritairement à la Gnose. On y lit des démarches personnelles, où est révélé le chemin de vie, ou de naïfs voyages magiques de disciples apeurés par ce qui leur arrive. Certains livres, comme Pistis Sophia, s’intéressent au périple de l’âme cosmique. Les Apocalypse païennes se rattachent aux traditions égyptienne et grecque, ou à l’Hermétisme. Est abordée la montée de l’âme et son épuration progressive. Son voyage post mortem la conduit vers un septième, puis un huitième, voire un neuvième ciel où elle rejoint ses pairs, en étant divinisée. Certaines des Apocalypses évoquent les déboires de l’âme cosmique ou de la Sagesse et atteignent les sommets de la pensée métaphysique tout en retrouvant la pureté de la Tradition primordiale.
Chroniques de Mars // Il y a deux textes très particuliers découverts il y a peu et qu’il nous faut aborder maintenant avant de conclure cette interview qui sont : le fameux « Évangile de Barnabé » redécouvert en février 2012, dont tu parles évidemment dans ton ouvrage et qui a fait couler beaucoup d’encre… et le curieux papyrus d’Harvard découvert par le Pr King… et qui lui aussi a défrayé la chronique, la même année, en septembre 2012 !
On connait le diktat permanent aujourd’hui – insulte à l’intelligence critique – de Wikipédia-qui-apporte-la-véritable-nouvelle-via-Internet… mais au-delà de ce qu’en disent « les docteurs de l’église sur le Web », comment approcher le manuscrit attribué à Barnabé selon toi ? En second lieu il y a bien sûr le fameux fragment de papyrus du IVe siècle, écrit en onciales grecques, analysé par Karen L. King, professeur de l’Université de Harvard. Sur ce papyrus on découvre un texte qui mentionne un dialogue entre Jésus et ses disciples à propos d’une femme nommée « Marie », décrite comme « sa femme » : ta-hime/tashime – terminologie qui, en copte, correspond à « femme/épouse »… Le document démontre que le Christ avait une épouse ; Jésus leur dit : « ma femme… » – Marie de Magdala – appelée « Marie » dans le papyrus et que celle-ci était son disciple. Jésus leur dit : « ma femme (Marie) sera en mesure d’être mon disciple… » – Ces découvertes nous laissent à penser que beaucoup de secrets ont en réalité été dissimulé sciemment dans le passé par les « églises » en charge des « dogmes »…
Sans doute d’autres documents peuvent encore faire surface prochainement… Myriam, peux-tu nous donner ton sentiment sur ces deux découvertes récentes et comment les analyses-tu ?
Myriam Philibert // Pour l’instant, l’évangile de Barnabé – qui a défrayé la chronique en 2012 -, confié pour étude à une prestigieuse université, n’a pas encore été traduit et commenté.
Son analyse pourrait révéler un écrit proche de la source première. L’original a été perdu ou détruit, alors qu’il figurait dans les listes du début du Christianisme. Il n’alimentait pas une sulfureuse polémique, bien que sa disparition demeure intrigante. Contenait-il des propos litigieux, voire hérétiques sur le plan dogmatique ? Une histoire plus ou moins légendaire s’est emparée des rares copies sauvegardées, car quelque scribe de confession musulmane y a rajouté des versets annonçant la venue de Mahomet. Du coup, ce précieux texte devient « l’affaire du siècle ». Jusqu’à ce qu’une découverte plus mirobolante encore ne vienne jeter aux oubliettes ce manuscrit pourtant prometteur…
Autre sujet de controverse : Marie. Pour être objectif, plusieurs écrits, à l’heure actuelle, présentent Marie comme l’épouse ou la compagne de Jésus – son nom n’est pas toujours cité. Selon la loi juive, tout rabbi a une femme. Il n’y a là rien de troublant, si l’on s’en tient à l’aspect matériel et concret des faits. Sur des plans plus subtils, entrent en cause la divinité du Christ et peut-être sa nature non matérielle. Il suffit de préciser que Marie a le rôle du disciple préféré, ce qu’elle est dans Pistis Sophia.
Laissons chacun épiloguer selon ses convictions…
Entretien avec Myriam PHILIBERT © Les Chroniques de Mars, numéro 18 – Septembre – octobre 2015.
MYSTÈRES DE LA GNOSE
ENTRETIEN avec Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE
Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE #1
Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE #2
Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE – SOMMAIRE #3
Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE – GLOSSAIRE #4
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