« Le curé reçut des sommes considérables, si bien qu’un beau jour, on vit arriver dans le village toute une équipe de maçons et d’ouvriers. Ceux-ci, au lieu de consolider la vénérable église, entamèrent la construction d’une villa en style rococo, flanquée d’un immense donjon d’où l’on peut découvrir les plus beaux paysages de la région. Et le brave curé continua à ripailler et à faire la fête dans sa nouvelle résidence. Il avait d’ailleurs eu soin de faire graver à l’entrée, cette inscription qui est tout un programme : la maison du pasteur est la maison de tous… »

Gérard de Sède


Le véritable trésor de RLC – Entretien avec René M.

études et recherches François Lange

 

François Lange // Bonjour René M. Vous avez été proche de Gérard de Sède durant plusieurs années. Pourriez-vous nous dire dans quelles circonstances vous l’avez connu et quelle était la personnalité de cet homme peu commun ?

René M. // Lorsque j’ai débuté ma carrière de journaliste à l’Agence France Presse, fin 1975 (je fus contractualisé le 1er janvier 1976), je n’avais jamais entendu parler de Gérard de Sède. Je commençais dans le métier de journaliste d’agence et étais, à l’époque, affecté au « Desk France ». C’est là qu’arrivent et repartent toutes les informations que l’on retrouve ensuite dans les différents journaux, sur les ondes des stations radios ou sur les chaines de télévision.

Ma chef de service me parlait souvent d’un certain «Gérard » qui était, je l’appris plus tard, son compagnon, ou bien alors d’un « de Sède », sans que je puisse faire, sur le moment, le lien entre les deux individus.

Et puis, un beau jour de juin 1979, sur l’invitation de cette dame, j’ai pris le chemin de l’Occitanie, direction Lavelanet. C’est là, sur ses terres, que j’ai alors rencontré De Sède et Gérard, qui ne formaient qu’une seule personne… et quelle personne. Gérard de Sède était, intellectuellement, à l’image de son physique : un Rabelais cultivé, érudit, lettré et savant dans tout ce qui l’intéressait.  Il n’imitait ni ne copiait car il se tenait en haute estime, journalistiquement parlant.

 

Il ne souhaitait rien que d’aller au fond des choses. Son intégrité d’enquêteur était sa marque de reconnaissance. Ses curiosités, qu’il pouvait traduire par des livres, lui venaient des circonstances, des hasards de ses lectures ou de ses conversations. Ses colères, redoutables, lui venaient de la bêtise, de l’ineptie et de l’inculture avérée des clercs, des faux savants et faux lettrés. Il avait la démesure de ses racines et de cette terre Occitane dont il cultivait l’accent, les spécialités et le parler haut.

Le jour de notre rencontre, nous avons pris l’apéritif chez un cultivateur dont j’ai oublié le nom mais pas la superbe Ferrari rouge, stationnée dans la grange, à côté de l’Alfa Roméo, rouge également, de son épouse. Non plus que leur treille de raisin framboisé, la même que celle de mon grand-père, dont la variété est toujours interdite en France car elle produit un alcool nocif, le méthanol. Le téléphone portable n’ayant pas encore été inventé à cette époque, le couple d’agriculteurs communiquait dans les champs à l’aide d’un talkie walkie. Gérard les avait rendu célèbres, dans un article du Reader’s Digest traduit en anglais pour les lecteurs anglo-saxons. De par ses convictions, Gérard de Sède n’était guère américanophile, mais le magazine payait bien.

Gérard de Sède contribua également au succès,  par le biais de la presse française cette fois, d’un restaurateur de l’Ariège dont il avait apprécié la cuisine. Dans le mensuel « Réalité » (un magazine “chic” qui entrecoupait ses chroniques économiques et politiques de reportages touristiques et culturels), Gérard entreprit de conter l’histoire de ce petit restaurant, perdu dans la campagne ariègeoise, ouvert seulement le midi et fermé le week-end. Le cuisinier était un ancien ouvrier qui avait perdu un bras dans un accident du travail et avait dû ouvrir, dans la minuscule ferme familiale, ce qui allait devenir, par la grâce de de Sède, le « must » des «bourgeois-bohèmes» de l’époque.

Les porsches des Parisiens et autres bobos de France : avocats, chirurgiens, architectes, se relayaient le midi, sur réservation, pour goûter au foie gras maison, unique dans toute la région, accompagné d’un Madiran râpeux et d’une salade tomates-persil, le tout servi sur une table de bois munie de sa nappe à carreaux rouge. Les goûts culinaires de Gérard de Sède étaient affinés, tout comme sa plume qui fit la renommée de ce cuisinier ariègeois de grand talent.

François Lange // Je crois que vous avez eu l’occasion d’aider Gérard de Sède au cours des recherches qu’il menait dans le cadre des rééditions de ses deux « best seller » : « Les Templiers sont parmi nous » et « L’Or de Rennes ». En quoi a consisté votre rôle en l’occurrence, et quelle fut la nature des services que vous lui avez rendus ?

 

@ suivre…

 

François LANGE – Chroniques de Mars – « Affaires Classées » – Tome 1 – (extrait du livre) – Le véritable trésor de RLC – juillet 2021.

 



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