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Le dieu qui préside à l’éloquence, Hermès, passe à bon droit depuis longtemps pour être commun à tous les prêtres ; et cet unique protecteur de la vraie science des dieux est le même toujours et partout, celui-là précisément auquel nos ancêtres, eux aussi, dédiaient les inventions de leur sagesse, en mettant sous le nom d’Hermès tous leurs écrits à eux. (Jamblique, les Mystères d’Égypte)

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Aurions-nous dans ce passage, qui est une lettre-réponse à Porphyre, un élément interprétatif ? Pour Édouard Schuré, « Hermès » est un nom générique et nombre d’auteurs ont pris son nom pour asseoir leur propre autorité dans des domaines où il était le maître incontesté. Le philosophe néo-platonicien Jamblique, avec quelque outrance, attribuait vingt mille titres à Hermès. Il ajoutait que Manéthon allait jusqu’à trente-six mille cinq cent vingt-cinq. Plus modeste, Clément d’Alexandrie se bornait à trente-six livres Hermétiques, selon l’estimation des temples eux-mêmes. Reconnaissons-leur le mérite d’user du terme « d’Hermétisme » pour qualifier la littérature d’Hermès, si tant est qu’il a vraiment existé, et de son école.

Partons des origines, de Thot, excellent scribe des dieux, selon la formulation égyptienne antique. Et de l’Égypte – Ke-mit, la Terre noire -, qui donne sa matière à l’Alchimie, le préfixe El se référant au plan divin. Dans ce pays, le pharaon, puis tout homme a la possibilité de devenir dieu à sa mort, pour peu qu’il sache les bonnes formules pour éviter les embûches dans son trajet de l’au-delà vers l’Autre monde. Ici a été concoctée la magie, et une corporation de prêtres versés dans la symbolique a pris de plus en plus d’emprise au fil du temps.

Qui est le dieu Thot dans l’ancienne Égypte ?

Le Neter de la Connaissance, le scribe des dieux, bien que cette mission soit confiée à la déesse Séchat. Il préside à la pesée des âmes et de ce fait, il est systématiquement invoqué dans les Livres des Morts. Ayant les mêmes attributions que le dieu grec Hermès, l’assimilation des deux a été aisée à l’époque ptolémaïque. Thot âa âa âa ur devient Hermès Trismégiste, par simple traduction de l’égyptien en grec. Le Sage Sage Sage Thot apparaît comme Hermès Trismégiste.

Ouvrons une parenthèse sur la question de l’âme. N’est-elle pas au cœur du débat que ce soit au temps de l’Égypte ancienne ou que ce soit dans la Gnose. Nous connaissons tous les termes de Ba et Ka. En réalité, l’être humain a neuf enveloppes successives, Khat ou corps physique, Sekhem, l’unité et l’harmonie de l’ensemble de l’individu, Rem, le nom et la vibration qui en découle, Ba ou l’âme proprement dite, Ab, le cœur et la conscience, Ka, l’énergie vitale et l’esprit, Akh, la parcelle de Lumière divine et enfin, Sa-Hou, la capacité de libération de chacun qui lui ouvre un accès personnel au plan divin. Voilà l’ennéade dans l’homme. Notons l’importance de ce terme – titre d’un ouvrage du Trismégiste.

Avant lui, Thot passe pour le sage au cœur de l’Ennéade, dans un Hymne à Thot ou pour le Scribe des Annales de l’Ennéade, sur une inscription du temple de Dendérah. Trois Ennéades divines révèlent la sagesse égyptienne. Thot appartient à celle qui régit l’Autre monde et comprend Râ, Thot, Horus, Maât, Anubis et les quatre fils d’Horus, Imset, Hâpi, Kébekhsenef et Tuamutef. Les deux autres gèrent la cosmogonie et le ciel diurne.

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Au temps de l’Égypte ancienne, Thot se contentait de transmettre les paroles d’Horus-Râ. Il évaluait le temps en comptant les pousses de palmier et mesurait la distance entre les planètes. Pour lui, Sechat écrivait sur les feuilles les premiers hiéroglyphes. Son rôle psychopompe a facilité son assimilation avec Hermès qui avait aussi cette fonction, en Grèce. Raccorder Hermès à Thot donnait de la légitimité à l’Hermétisme. La légende veut qu’après trois réincarnations successives en Égypte, Hermès se soit « souvenu de lui-même ». Manéthon, le père de l’histoire égyptienne, livre une généalogie où Hermès figure comme troisième sage de sa lignée. À Rome, il devient Mercure, traçant un chemin tortueux vers l’alchimie opérative.

Reste une œuvre, immense comme il se doit ! Ses archives les plus lointaines figurent déjà dans les Livres des Morts et ses apports les plus récents interfèrent sur ceux des Gnostiques.

Tout d’abord, un mot sur le Livre de Thot. En fait, il y en a deux :

// Le Tarot égyptien passe pour le Grand Livre de Thot. Nous avons traité ailleurs ce point.

// Il s’agit également d’un manuscrit primitivement écrit en langue égyptienne, traduit en grec ensuite. Le texte grec est daté entre le IIe siècle avant notre ère et le IIe après la naissance du Christ. C’est un manuscrit très complexe, un dialogue entre Thot et l’amant de Connaissance (ou de Sagesse). Toutes les questions usuelles dans les débats philosophiques apparaissent : la nature de Dieu, le monde, les maisons de vie, bref tout ce qui intéresse l’être humain un peu versé dans la philosophie. Selon Clément d’Alexandrie, le texte comprend quarante-deux titres. En français, plusieurs traducteurs se sont attaqués à ce corpus. Louis-Nicolas Ménard a tout d’abord publié un ouvrage sur le grand sage. Il a été suivi par le dominicain André-Jean Festugière.


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Quant au contenu du Livre de Thot, il est vaste et varié, car certains titres ont été extraits de leur contexte et proposés à part sous des interprétations parfois divergentes. Notons-en quelques uns : la Vierge du Monde (Korè Kosmou), le Corpus Hermeticum, le Discours de la prophétesse Isis à son fils Horus, le Livre de Thot (ou Livre archaïque), le Livre d’Hermès des trente-six décans, le Livre de Pouvoir et Sapience divine. La légende fait remonter leur origine au temps du grand Ramsès, où un magicien de renom aurait été diligenté par le souverain, pour les retrouver. Déjà, ils étaient « perdus », dans leur sens initial !

À la suite se sont greffés de nouveaux textes. Nous avons vu plus haut que tout prêtre pouvait se réclamer d’Hermès. Le dernier ouvrage, mais il s’agit d’un résumé, est la fameuse Table d’Émeraude. Elle a été attribuée à Belenos ou Apollonios et se voit contenue dans le Secret de la création des êtres – ou le Secret des secrets, attribué à Ibn Jabir. Ne serait-il pas un usurpateur ? A-t-il, au contraire, voulu et permis la transmission d’un (…) ?

Myriam PHILIBERT – extrait du livre « Mystères de la GNOSE » © Les Chroniques de Mars, numéro 20 – mars 2016.


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MYSTÈRES DE LA GNOSE

ENTRETIEN avec Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE

Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE #1


Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE #2

Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE – SOMMAIRE #3


Myriam PHILIBERT – Mystères de la GNOSE – GLOSSAIRE #4


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