L’apparition formelle des trois Manifestes de la Rose-Croix, en 1614, 1615 et 1616, marque trois dates mémorielles dans l’Histoire de l’Hermétisme occidental. Passé quatre siècles, elles marquent aussi un anniversaire en forme de pierre blanche posée sur la ligne du temps, en signe sacramentel. Un signe des temps mais aussi un sceau de cire rouge orné d’une rose pourpre, en relief, pour signifier à chacun, au passant, au questeur, à quel point les écrits de l’Ancien Ordre mystique sont fondamentaux pour toute quête initiatique authentique.
Les éditions Arqa se devaient de saluer à leur manière ce moment si important, en cette date anniversaire, pour commémorer les quatre-cents ans de la Fama, de la Confessio et des Noces, et pour ainsi faire œuvre utile en présentant de nombreux documents inédits sur ces « Frères invisibles ».
Les bon livres semblent donc les seuls pour Bernard le Trévisan à pouvoir donner une possibilité de trouver la Pierre car, comme l’exprime si bien Lanza del Vasto dans sa préface au Message retrouvé :
« La conjuration des imbéciles, des charlatans et des Sages a parfaitement réussi. Cette conjuration avait pour objet de cacher la vérité. Les uns et les autres ont servi cette grande cause, chacun selon ses moyens : les imbéciles par le moyen de l’ignorance, les charlatans par le moyen du mensonge, les Sages par le moyen du secret. Les imbéciles ne veulent pas qu’on découvre la vérité. Ils soupçonnent, d’instinct, qu’elle les dérangerait. Si on la leur montrait, ils détourneraient les yeux ; si on la leur mettait dans la main, il la laisseraient tomber ; si on les forçait au face à face, ils hurleraient d’horreur et courraient se cacher sous terre. Les charlatans ne veulent pas qu’on découvre la vérité car elle nuirait leurs artifices, empêcherait leur profit, étalerait leur honte. Les Sages possédant la vérité ne veulent pas qu’on la découvre ».
Il y a donc une logique psychologique infernale qui nous amène à considérer que nous ne pouvons pas croire nos contemporains – à part un ami – ils sont rares les vrais. Mais lorsqu’il s’agit en plus d’un Adepte cela devient incroyable, d’ailleurs beaucoup d’alchimistes ont écrit qu’on ne pouvait connaître le secret que par la Grâce divine. Mais si l’on suit le témoignage de Bernard le Trévisan, Cyliani et beaucoup d’autres ; il n’y eut pas la main secourable de « l’ami », plutôt un long cheminement solitaire et douloureux parsemé de recherches et d’essais. Faut-il donc être mu d’une vocation et d’un appel au plus profond de soi, qui s’élève au-dessus des séductions du siècle, dans ce cas il est vrai comme nous l’enseigne Bernard Husson dans Anthologie de l’Alchimie :
« La pratique alchimique accomplie, par la relation opératoire qu’elle établit entre le ciel et la terre, est en effet très littéralement une fonction de sacrificateur et de prêtre. »
Fulcanelli dans son Mystère des cathédrales définit la place de l’homme dans cette quête : « Nous n’inventons rien, nous ne créons rien. Tout est dans tout. Notre microcosme n’est qu’une particule infime, animée, pensante, plus ou moins imparfaite, du macrocosme. Ce que nous croyons trouver par le seul effort de notre intelligence existe déjà quelque part. C’est la foi qui nous fait pressentir ce qui est ; c’est la révélation qui nous en donne la preuve absolue. Nous côtoyons souvent le phénomène, voire le miracle, sans le remarquer, en aveugles et en sourds. Que de merveilles, que de choses insoupçonnées ne découvrions-nous pas si nous savions disséquer les mots, en briser l’écorce et libérer l’esprit, divine lumière qu’ils renferment ! »
De quoi nous parle donc le grand homme, serait-ce de prescience ? Dans ce cas, le synonyme de « foi » serait donc l’intuition divine, il est vrai que nous sommes tous en puissance, Bernard le Trévisan, Cyliani, Fulcanelli, encore faut-il regarder et écouter dans la bonne direction. Plus loin dans sa conclusion Fulcanelli définit l’état d’esprit que se doit d’avoir l’alchimiste : (…)
Frédéric GARNIER (extrait de Alchimie – Ce qu’en disent les adeptes) – Les Chroniques de Mars, numéro 22 – novembre – décembre 2016.
1614-1615-1616 – 2014-2015-2016
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