Nous mettons en ligne ce jour un long article de Franck Daffos, relatif entre autres à ses recherches sur les différents calvaires Delmas, la Piéta de Rennes-les-Bains et, surtout, concernant sa découverte sur la manière dont les deux tableaux de Rennes-les-Bains s’emboîtent parfaitement. Suite à la présentation récente de cet article, nous avons reçu une demande de Rudy Jacquier concernant un droit de réponse que nous lui avons accordé bien volontiers, afin qu’il s’explique sur ses recherches (voir les questions posées à Rudy Jacquier plus bas). Suite à la controverse entre Franck Daffos et Rudy Jacquier et afin de conserver la ligne de conduite qui est la nôtre sur notre site, nous revoyons l’article de Franck Daffos et conservons la partie qui concerne ses recherches historiques.
Nota // Nous avons reçu un mail de Franck Daffos, nous signalant la mise en ligne de la version intégrale de son article > ici
Dans un esprit d’équité, nous avons interrogé Rudy Jacquier pour qu’il puisse nous répondre concernant les théories qu’il avance :
– à savoir l’angle fait par la bannière du saint Jean-Baptiste des fonts baptismaux de chez Giscard dans l’église de Saunière encore appelée par certains chercheurs, » théorie de l’angle à 16° « .
– de » l’échiquier » supposé dans l’église de Rennes-le-Château – du temps de l’abbé Saunière qui conforterait ses théories ?
– de la » pierre inclinée à 45° » et retouchée par Rudy Jacquier sous photoshop (mais à l’horizontale dans la nature).
nous attendons sa réponse que nous transmettrons à nos lecteurs dès que nous l’aurons reçue.
La véritable utilité du jumelage des deux tableaux de Rennes-les-Bains
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2017 a marqué le centenaire de la mort de l’abbé Saunière, le cinquantenaire de la sortie de « L’or de Rennes » de Gérard de Sède, et les dix ans de la sortie de mon deuxième livre « Le puzzle reconstitué » réédité en 2014 aux éditions Arqa.
Je me souviens très bien de cette époque et de toute l’effervescence qui alors caractérisait la recherche autour de l’énigme dite de Rennes-le-Château: ce furent en fait les dernières années heureuses pour toute une catégorie de passionnés dont je faisais partie, puisque dans l’ombre certains malfaisants tissaient déjà leur toile pour rendre l’ambiance délétère en utilisant des aigris de deuxième zone pour assouvir leur soif d’hégémonie sur le village et plomber, souvent par des procédés de voyous les plus méprisables, toute recherche castel-rennaise qui n’allait pas dans leur sens, à savoir une mystification montée dans les années 1960 par Plantard et ses amis…
* * *
C’est à ce titre que ma découverte de la réunion des deux tableaux de l’église de l’abbé Boudet formulée sur le forum de Jean-Pierre Garcia (http://rennes-le-chateau-archive.com/) dès l’automne 2006 allait donner lieu, dès le début de 2007, à une étonnante campagne de dénigrement basée sur un faux grossier et construit (sur ordre) de toutes pièces par deux seconds couteaux de piètre envergure, Patrick Mensior et un certain « Ludmila » sur le forum à présent disparu d’un ex-libraire de Rennes-le-Château en faillite et depuis tombé dans l’anonymat, tout ce petit monde étant passé depuis aux rebuts de la petite histoire castel-rennaise…
Les amateurs pourront satisfaire leur curiosité ici >
http://rennes-le-chateau.over-blog.fr/article-10752249.html
Le 17 juillet 2007, j’organisais dans le Razès une rencontre entre plus d’une centaine d’auteurs et de chercheurs, avec notamment les visites de Notre-Dame de Marceille, Rennes-les-Bains et Rennes-le-Château. L’église de RLB fut exceptionnellement ouverte pour l’occasion et tout le monde put vérifier de visu qu’il n’y avait aucune date sur le tableau de la Crucifixion. Fin de la farce donc !
Inutile de revenir dessus, mais rappelons l’issue définitivement tragi-comique de cette esbroufe téléphonée (et téléguidée) ou certains y ont définitivement perdu toute crédibilité: Patrick Mensior fut contraint de présenter des excuses et le pseudo nommé « Ludmila », bien que camouflé derrière d’inexpugnables (croyait-il !) serveurs russes, disparut totalement des écrans radars du jour au lendemain dès que j’eus révélé son identité, son adresse personnelle et sa photo sur le forum de JP Garcia (!) :
http://www.rennes-le-chateau-archive.com/forums/viewtopic.php?p=13461#13461
Beaucoup à l’époque de sa si soudaine disparition ne purent d’ailleurs s’empêcher de faire le rapprochement avec la profanation de la Vierge de Notre-Dame de Marceille à Limoux qui avait eu lieu le dimanche 30 septembre 2007 alors que se tenait dans cette même ville les journées du livre organisées par la SESA …
http://www.ladepeche.fr/article/2007/10/02/25045-limoux-la-vierge-noire-decapitee.html
On voit que ma découverte de la réunion des deux tableaux de RLB avait créé bien des remous !
Depuis les choses en sont restées là, à ma grande stupéfaction d’ailleurs, puisque depuis plus de dix ans il semblerait que personne n’ait pu comprendre la portée de cette découverte, ni même aller plus loin !
Étonnant quand même ce manque de réflexion, surtout lorsqu’on comprend et se doute de la somme de travail qu’il a fallu à Henri Gasc, alors chapelain de Notre-Dame de Marceille et peintre à ses heures, pour recopier une ancienne Crucifixion lui ayant appartenu, datant du XVII ème siècle et provenant certainement de l’école du Caravage, que j’ai retrouvée début 2005 (1) dans le village de Pieusse en bas de ND de Marceille, et modifier une Pièta faite par son prédécesseur à Limoux dans l’institution où il donnait des cours de dessin, un certain JBB Rouch, afin que les deux tableaux puissent s’emboîter à la perfection l’un dans l’autre, pour faire apparaître un mystérieux dolmen posé sur 4 pierres …
* * *
Quel était donc le but recherché par le chanoine honoraire Gasc ? Quel message voulait-il faire passer à la postérité en réunissant les deux tableaux de Rennes-les-Bains ?
Il est pourtant facilement décelable, pour un homme d’Église s’entend, puisque comme d’habitude ce message a été conçu pour être délivré de prêtre à prêtre ! Sur la composition ainsi obtenue, on voit au fond un Christ en croix, donc un calvaire, et au premier plan un Christ descendu de la croix, c’est assez dire qu’il est arrivé ! Il nous faut donc suivre ce cheminement et trouver deux calvaires.
Justement, l’officiant qui quitte l’église de Rennes-les-Bains ne peut que se trouver en face d’un curieux calvaire encastré face à la sortie, dans le mur sous le porche :
Mais là, surprise : ce n’est pas le Christ qui est en croix mais une Vierge à L’Enfant ! Ce ne peut être donc le bon calvaire indiqué par la réunion des tableaux … Mais cette étonnante représentation virginale, sans être rarissime, est utilisée ici à bon escient puisqu’elle renvoie au si célèbre à l’époque pèlerinage marial de Notre-Dame de Marceille à Limoux. Voici donc le lien avec Henri Gasc qui en fut le chapelain de 1838 à 1872 !
Voyons à présent les inscriptions sur son socle, et nous allons comprendre que ce calvaire n’est en fait là que pour nous préciser le message des deux tableaux :
IN HOC SIGNO VINCES
par ce signe tu vaincras. Allusion directe au signe de croix, donc au calvaire des tableaux intérieurs de l’église.
Domino VIE rectore
PETRUS DELMAS FECIT
1856
Revenons à notre calvaire : pour bien en comprendre le message, comme souvent dans cette énigme, il faut relire « L’or de Rennes » de Gérard de Sède, et plus précisément à la page 150 de l’édition originale de 1967, où on le voit, après maints louvoiements, proposer l’étonnante traduction, pour la première ligne, de : « au maître qui montre la voie ». Comme d’habitude, cet auteur a dans sa besace (en fait un dossier acquis par Philippe de Cherisey auprès de Noël Corbu qui lui-même le tenait du Vicaire Général de l’Évêché de Carcassonne, Mgr Gorges Boyer) des éléments probants qu’il ne comprend pas mais qu’il s’entête à insérer dans son roman par d’habiles tours de force, se doutant bien qu’ils sont primordiaux. Ce ne sera pas le seul exemple dans son livre …
Et une fois de plus De Sède et ses amis (Plantard & De Cherisey) n’ont pas été capable d’aller au bout de la démonstration en ne comprenant pas qu’en fait de « maître », il fallait tout simplement comprendre Seigneur ou Sauveur. A ce sujet, autant on peut excuser un Gérard de Sède qui ne pensait qu’à bouffer du curé et un Philippe de Cherisey parfait dans le rôle du saltimbanque surréaliste, autant Pierre Plantard, l’ancien apprenti bedeau qui un temps avait envisagé la prêtrise (peu le savent, mais c’est réel !) est totalement inexcusable de ne pas s’être souvenu du retentissant « Dominus vobiscum ! » Le Seigneur soit avec vous ! alors que le prêtre se retournait bras ouverts vers l’assemblée, lors de la fin tant espérée du saint office en latin, tant les messes traînaient. Oui, Plantard est inexcusable, et ce simple détail démontre pourtant définitivement son manque de culture religieuse, d’intelligence et de mémoire (2) !
Et la représentation la plus classique du Seigneur est sur la croix puisque c’est ainsi qu’il nous a sauvés en expiant nos fautes. On parle donc de calvaire (représentation du Christ sur la croix), et tout s’explique lorsqu’on l’associe à la ligne suivante, « Petrus Delmas fecit » qui ne peut que se traduire par « fait par Pierre Delmas ». On commence à comprendre, sur un jeu de mots avec Vie, patronyme d’un ancien curé de la paroisse, qu’il nous faut suivre la voie des calvaires tracée par un certain Pierre Delmas …
Car il existe bien à Rennes-les-Bains deux calvaires attribués à un curé Delmas, l’un daté de 1856 et l’autre de 1854, et le curé de la paroisse à ces dates était effectivement un certain abbé Jean Vié, ami de Gasc puisque récipiendaire de la fameuse Crucifixion offerte par ce même Gasc (leur amitié est certifiée au dos du tableau). Il n’est donc pas difficile de comprendre qui mit alors en place le jeu de piste des calvaires Delmas …
Étonnant détail à signaler enfin: il n’y a jamais eu de prêtre nommé Pierre Delmas à Rennes-les-Bains. Les deux seuls prêtres Delmas connus dans cette paroisse avaient tous deux comme prénom Antoine, le premier ayant été ordonné prêtre et nommé là au 17ème siècle par Mgr Nicolas Pavillon. Voici d’ailleurs son acte de décès:
« A été enseveli dans le cimetière de cette paroisse au pied de la grande Croix regardant l’entrée du cimetière et l’église Messire Antoine Delmas prêtre de ce diocèse né le 9 octobre 1644 ordonné prêtre par Mgr Nicolas Pavillon aux quatre temps de décembre 1669 et fait curé de la présente paroisse par le Sgr Evêque dans le mois de novembre 1672 : lequel après avoir édifié le diocèse par l’odeur de ses vertus est mort dans le baiser du seigneur le 20 éme du présent mois à trois heures et demi du matin après avoir reçu plusieurs fois le saint viatique durant le cours de sa maladie qui a commencé le 9 septembre 1730 et donné l’exemple de toute sorte de vertu jusqu’au dernier moment de sa vie »
Ce fut son neveu, lui aussi prénommé Antoine, qui lui succéda, certainement peu longtemps, puisqu’on retrouve trace de sa sépulture au même cimetière en juillet 1737, âgé de 63 ans.
Malgré cela, suivons quand même « la voie montrée par le Seigneur », comprenons l’alignement créé par les deux calvaires. Mais en partant duquel ? Tout simplement en suivant la recommandation de la date 1856 donnée par la dernière ligne du calvaire sous le porche de l’église : le calvaire à l’entrée nord de RLB (au coude du parking), également daté de 1856, ne peut donc être que le point de départ de notre « voie ».
Divine surprise, mais qui confirme tout, la base du socle de ce calvaire porte bien, conformément à ce qu’indique le calvaire du porche de l’église, le nom de Pierre Delmas !
Voici la preuve que nous sommes bien face à un jeu de piste inventé de toutes pièces au milieu du 19ème siècle et que ces deux calvaires sont bien liés …
La « voie » est donc toute trouvée et il suffit donc, à partir du calvaire de 1856, de tracer une ligne imaginaire qui va passer sur le second calvaire Delmas, celui du jubilé (3) de 1854, se trouvant sur la petite route de Montferrand ..
… pour arriver très exactement sur le Pech d’en Couty à Sougraigne !
Il est à remarquer que si nous prenons l’axe géométrique créé entre les deux Christ (mettons au niveau du plexus) sur la réunion des deux tableaux, il est totalement similaire à l’axe géographique reliant Rennes-les-Bains et le Pech d’en Couty à Sougraigne, preuve indiscutable de l’intention cachée du chanoine Henri Gasc, et parfaitement réalisée malgré l’absence de carte précise à l’époque (1856), de faire de la réunion de ces deux tableaux un simple rébus cartographique.
Le Christ sur la croix en haut à gauche représente donc Rennes-les-Bains, alors que le Christ descendu de la croix représente Sougraigne, l’index de sa main gauche indiquant tout simplement le lieu à atteindre au sud-est de cette localité : le Pech d’en Couty !
Pour illustrer cette extraordinaire construction il suffit de superposer une carte sur la réunion des deux tableaux. Ce sont les tableaux qui donnent l’échelle: avec eux impossible de tricher puisqu’il n’y a qu’une seule façon de réaliser leur fusion: faire en sorte que le contours du fameux dolmen qui sert de pivot entre les deux toiles soit parfait, c’est simple et Jean-Pierre Garcia l’avait parfaitement réalisé (4) à ma demande à l’automne 2006 !
Ensuite il suffit de zoomer la carte en superposition dessus jusqu’à ce que le méandre de la Sals au sud de Rennes-les-Bains vienne parfaitement s’encastrer contre la jambe droite du Christ en croix. Voici l’explication de la mauvaise proportion de ses jambes sur l’original de Pieusse, et donc sur toutes les copies …
Surprise, ses pieds reposent alors exactement sur ce que Gérard de Sède appelait « le bénitier » (5), c’est à dire le confluent de la Blanque et de la Sals, et surtout le départ de la route vers Sougraigne.
Mieux encore, le village de Sougraigne vient se placer tout contre le genou droit du Christ, ce fameux genou où à la page 148 de son best-seller (édition originale) Gérard de Sède affirmait y discerner une tête de lièvre qui n’y a jamais été mais qui pourtant, à cause de son livre, donna même un temps son nom à ce tableau: le Christ au lièvre. Il est à parier en fait que parmi les documents authentiques dont cet auteur disposa à une certaine époque il était symboliquement indiqué que ce genou du Christ cachait le lièvre à courir. Il fallait donc comprendre Sougraigne, mais nous savons à présent que de Sède et ses amis n’eurent jamais les capacités intellectuelles pour appréhender de telles subtilités.
Pour cet extraordinaire chef d’œuvre d’intelligence, merci Mr le chanoine honoraire Henri Gasc,
et respect !
Hélas, le magnifique alignement des calvaires ne perdura que jusqu’à la fin des années 1870 puisque certains aménagements sur la route de Montferrand firent que celui de 1854 fut quelque peu déplacé (les traces de son nouveau scellement sont toujours parfaitement visibles) (6) !
Une catastrophe pour nos chers prêtres codeurs puisque dès lors la réunion des tableaux de l’église devenait ipso-facto inopérante ! Boudet et Jourde décidèrent donc d’y remédier grâce à l’édification dans la paroisse d’un quatrième calvaire que curieusement ils placèrent à l’autre bout du village, route de Bugarach :
ce Christ en fonte est un modèle « Bouchardon », du nom du sculpteur qui créa le modèle, et le socle fut bâti par un maçon du cru qui signa l’œuvre de son nom sur le socle : E. Calvet, patronyme qui certainement donna l’idée à Plantard et à ses sbires de faire intervenir (à l’insu de son plein gré, dirions-nous de nos jours) dans l’énigme de RLC une célèbre cantatrice du temps, Emma Calvé (1858-1942), de son vrai nom Calvet, dont ils firent la maîtresse présumée de l’abbé Saunière et qui aurait offert à l’abbé Boudet, l’ami de son amant, ce calvaire. Quelques esprits faibles le croient encore …
Mais la vraie particularité de ce calvaire est de se trouver bien loin du centre du village, dans un emplacement plus qu’improbable alors qu’il ne manquait pas d’endroits, sur la place, dans le cimetière, ou ailleurs pour l’ériger. Il y a une raison bien simple à cela si on se souvient qu’avant d’avoir été nommé curé de Rennes-les-Bains en 1872, l’abbé Boudet avait été pendant six ans (ce fut sa première affectation en tant que prêtre-desservant d’une paroisse), curé de Festes et Saint André qui n’est autre que la réunion de deux petits villages ayant chacun leur église: Festes et Saint André.
Pour comprendre l’utilité de l’édification de ce calvaire, il suffit de faire partir une ligne imaginaire d’un point exactement équidistant entre l’église de Festes et celle de Saint André et de la faire passer sur le calvaire de Boudet à RLB pour s’apercevoir immédiatement que, bien entendu, elle désigne le Pech d’en Couty au sud-est de Sougraigne (7). Boudet voulait ainsi signifier que son sacerdoce l’avait amené de Festes-Saint André à Sougraigne.
C’est la raison pour laquelle le calvaire Boudet à RLB est entouré de deux piliers de part et d’autre : on a voulu nous indiquer qu’il reliait en fait trois points. Cette évidence est clairement soulignée par la disproportion flagrante de la croix qui supporte le Christ: ses deux branches horizontales sont volontairement trop longues !
Pour l’anecdote, le calvaire de Boudet, porte l’inscription lazariste « Mission 1885 » (8). On comprend pourquoi, sachant que la cache de Sougraigne a été visitée pour la première fois par Boudet et les Lazaristes Vannier, Jourde, puis Sackebant ensuite, dès le 6 juin 1885.
Ce calvaire fut officiellement inauguré le 27 décembre de cette même année, et cette date n’est pas anodine, puisque nous étions jour pour jour 33 ans après la mort du mystérieux prêtre Joseph Chiron, qui sera représenté ensuite dans l’église de Saunière sous les traits de St-Antoine Ermite (9), et que Jean Jourde avait également 33 ans, c’est à dire l’âge du Christ lorsqu’il fut crucifié.
Pour en revenir aux deux tableaux de Rennes-les-Bains, si l’alignement des deux calvaires Delmas de RLB donnait la direction du Pech d’en Couty, un détail sur le tableau de la Piètà nous impose de nous y arrêter (au cas où nous n’aurions pas compris le rébus cartographique du chanoine Gasc) puisque cette maintenant célèbre colline y est parfaitement représentée derrière le pied gauche du Christ, avec ses deux arêtes rocheuses qui courent sur ses flancs et son « œil » (10) près du sommet, telle qu’on la découvre quand on vient de Fourtou et que l’on descend sur Sougraigne, et telle qu’elle est en fait représentée sur le haut relief de l’église de Rennes-le-Château :
Car le tableau de la Pietà n’est là que pour nous préciser exactement tout ce que nous devons trouver sur place, non pour nous décrire un endroit qui ne peut exister. Hélas que n’a-t-on écrit comme sornettes et stupidités sur ce tableau depuis peu …
Une étude attentive de la Pièta de RLB, quant à nous, nous a permis il y a des années de retrouver les ajouts que nous devons au chanoine Gasc sur la toile de son prédécesseur Rouch, et ce pour mieux faire passer son message.
En plus de la représentation du Pech d’en Couty, nous remarquons donc :
1 / que la jambe droite du Christ a été rabaissée de façon à ne pas rentrer dans le dessin induit par le tableau des Bergers d’Arcadie, dessin d’abord voulu par les Wisigoths, puis revisité par Blaise Pascal en 1650 (11) pour servir de matrice occulte au chef d’œuvre de Poussin commandé par Mgr Pavillon.
Sur les 4 stigmates du Christ, en effet, seul celui de son pied droit ne rentre pas dans dans le dessin du Poussin, c’est assez dire que ce ce pied droit indique une solution qui ne peut être découverte que loin du Pech d’en Couty, mais à condition de se servir de 3 autres points de repère induits par lui …
Rappelons que ce fameux dessin redécouvert par Didier Héricart de Thury lui permit ensuite de retrouver le Teniers au musée du Prado de Madrid, simplement en le repositionnant sur le fameux Petit Parchemin, grâce à trois ancrages indiscutables puisque prévus à cet effet (12). Il faut savoir que je n’ai, à mon habitude, pas encore tout expliqué puisque le positionnement du dessin du tableau sur le Petit Parchemin déclenche un certain code mathématique qui prouve indiscutablement que ce document désigne le Pech d’en Couty, ce code étant d’ailleurs de la même veine que celui qui régit La vraie langue celtique, ce qui prouve indiscutablement également que ce sont les mêmes personnes qui ont conçu les parchemins et le codage du livre attribué à l’abbé Boudet …
Voici la comparaison entre le tableau de la Pietà et la gravure de Paulus Pontius qui servit de modèle à Rouch :
2 / Nous trouvons de plus une étonnante tête à peine esquissée entre les mollets du Christ … Elle est d’une importance extrême puisque c’est elle qui fit que les abbés Jourde et Boudet durent un jour sceller une telle tête (avec une extraordinaire dédicace codée dont nous reparlerons) sur le mur du presbytère de Rennes-les-Bains, et c’est avec cette même tête qu’ils choisirent de conclure le tout dernier paragraphe de « La vraie langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains » …
Une simple coïncidence est bien entendu totalement à exclure !
3/ L’habit bleu de la Vierge a été prolongé par Gasc en forme de pointe vers le bas pour bien montrer qu’il faut s’insérer dans le sol par une faille à ras de terre :
A ce sujet, il est intéressant de relire un écrit très peu connu, datant de l’époque de Noël Corbu, et très certainement dû à Mgr Boyer, « La puissance et la mort », où il est textuellement indiqué à propos de l’épisode du berger Ignace Paris cherchant sa brebis:
« La bête est tombée dans un trou qui s’est formé au ras du sol » …
4 / Si l’on zoome à présent sur la main gauche du Christ, et plus précisément sur ce que montre son index, nous découvrons le parcours souterrain vertical qu’il faut effectuer à partir du niveau du sol
pour rejoindre la voûte d’une galerie souterraine menant à la nécropole wisigothique (jouez au jeu des différences avec la gravure de Paulus Pontius !) :
la couronne d’épines positionnée ainsi sur la Pietà de RLB indique la voûte de la galerie atteignable après un passage « incommode » (13) (flèche rouge à gauche) dans le cheminement vertical provoqué par le terrible tremblement de terre du 2 février 1428 (14) qui ouvrit une faille dans le plafond d’une galerie jusqu’à l’air libre, et par où se faufila 225 ans plus tard un jeune berger de quinze ans du nom d’Ignace Paris.
En résumé la réunion des deux tableaux de Rennes-les-Bains n’a donc été conçue que pour faire comprendre le cheminement des deux calvaires Delmas pour, à partir de ce village, amener un autre prêtre à Sougraigne. Le dolmen ainsi mis en exergue ne sert que de pivot à l’articulation des deux tableaux et n’a donc aucune importance quant à la localisation de l’entrée de la cache recherchée, et encore moins un risible siège du Christ (15) qui n’a jamais existé dans la région ! Ce dolmen sert juste, comme nous l’indique la première station du chemin de Croix de Rennes-le-Château, à arriver au trou à l’altitude 618 m sur le Pech d’en Couty qui lui est le dernier et obligatoire jalon avant la découverte finale.
La réunion des deux tableaux est bien claire: il faut, pour trouver, partir du Pech d’en Couty tout en se servant de points de repères induits par lui !
C’est exactement le rôle du tableau de Teniers au Prado: le Poussin amène au Pech d’en Couty (je l’ai prouvé dans « Le trésor qui rend fou »), et le Teniers se greffe sur le Poussin pour nous amener bien plus loin, jusqu’à l’entrée de la nécropole de Sougraigne.
Il est donc totalement utopique, vain et surtout extraordinairement stupide, comme le prêche un récent évadé des réseaux sociaux, de vouloir retrouver dans un quelconque endroit de la région (surtout au bord d’une rivière comme la Sals, connue depuis toujours pour ses crues centennales aussi violentes que dévastatrices) (16), des éléments de la Piéta de Rennes-les-Bains en expliquant que ce tableau représente un paysage existant et localisant une supposée cache. Tout simplement parce que :
1/ ce tableau, modifié par Henri Gasc n’est juste à prendre que comme support d’une hypothèse de travail (n’importe quel autre paysage peint avec une mater dolorosa aurait pu faire l’affaire !), ce peintre amateur y ayant greffé tous les éléments en sa connaissance qu’il savait devoir trouver à un endroit qui restait alors encore à découvrir puisqu’il est mort fin 1882 alors que la découverte de ce site ne se fit qu’à l’automne 1884.
Gasc a pris ce qu’il avait sous la main à Notre-Dame de Marceille: cette Pietà jadis peinte par son prédécesseur, JBB Rouch, comme professeur de dessin à l’institution Saint Joseph de Limoux où lui-même assurait des cours de dessin en plus de son apostolat à N-D de Marceille, puis il a copié la superbe Crucifixion qu’il avait offerte à son ami l’abbé Costes, curé de Pieusse, pour qu’elle s’encastre parfaitement dans la Piéta de Rouch retouchée par ses soins. C’est aussi simple que cela ! Il faut savoir qu’il a d’abord essayé avec l’original de la Crucifixion, certains détails mis au jour lors de sa restauration le prouvent.
2 / Ce tableau, tout le monde le sait, est pour partie l’exacte reproduction inversée d’un tableau de Van Dyck datant de 1629, donc peint 16 années minimum avant la découverte (1645) dans le Razès de « la pluie d’or», entendez du trésor dont parle Jean Loret dans sa Muze Historique du 29 octobre 1661:
et dont il situe précisément la découverte sous l’épiscopat de Mgr Pavillon (arrivé à Alet le 3 novembre 1639, soit 10 ans après la création de Van Dyck !). Le tableau de Van Dyck, avec son soit disant siège du Christ, ne peut donc, et à fortiori sa copie inversée de RLB, représenter un endroit qui en 1629 n’avait pas encore été découvert.
Mieux encore: si le visuel du tableau de RLB était vraiment lié à la localisation d’un secret, il ne pourrait l’être que si l’original de Van Dyck représentait lui-même le lieu précis de cette localisation puisque la Pièta de RLB en est pour partie sa fidèle copie inversée…
Pour rappel, voici le vrai dolmen reconstitué par la réunion des deux tableaux de RLB
article à suivre…
Franck DAFFOS © Les Chroniques de Mars, numéro spécial – Janvier 2018.
NOTES
1 – Franck Daffos, Le secret Dérobé, réédition ARQA 2014, page 249.
2 – Il faut effectivement être peu clairvoyant pour oser vouloir nous présenter Pierre Plantard et ses amis comme de « Grands Initiés »…
3 – Saluons au passage le très subtil clin d’œil, dans une commune plutôt anticléricale, de celui qui conçut ce calvaire (le chanoine Henri Gasc), puisque ce « jubilé » ne peut concerner que le retour des Congrégations religieuses, de nouveau autorisées après la Révolution par les décrets du 3 messidor an XII (22 juin 1804).
4 – Et non J. Brunelin comme ce dernier se plaît à l’affirmer sur les réseaux sociaux.
5 – Une fois de plus, Gérard de Sède insiste dans L’or de Rennes sur un point qu’il sait être important, mais sans comprendre pourquoi. Le bénitier est en fait également un point majeur du fameux dessin de Blaise Pascal qui servit d’ossature occulte au tableau de Poussin. Voir Le trésor qui rend fou, Franck Daffos, éditions Arqa 2016.
6 – Sans compter que le calvaire de 1856 fut également déplacé, mais beaucoup plus récemment, pour pouvoir aménager un parking de chaque côté de la route. Mais il est assez facile de le resituer à son emplacement initial sur une carte.
7 – On se souviendra alors que Jourde fut arpenteur-géomètre avant d’être Lazariste !
8 – C’étaient uniquement les Lazaristes qui prêchaient les « Missions » dans les villages de l’Aude à la fin du 19ème siècle. D’ailleurs le vrai nom de leur congrégation est « Congrégation de la Mission ».
9 – Voir Le secret dérobé et Le puzzle reconstitué, Franck Daffos, rééditions Arqa 2014. Je n’ai pas encore tout dit sur Joseph Chiron.
10 – Pour l’explication de cet « œil », voir mon dernier livre, Le trésor qui rend fou, Arqa 2016, page 114 et suivantes.
11 – Pour les explications concernant le codage et le fonctionnement du tableau de Poussin, voir Le trésor qui rend fou, Arqa 2016, pages 99 et suivantes.
12 – Didier Héricart de Thury & Franck Daffos : L’or de Rennes, quand Poussin et Teniers donnent la clef … Arqa 2011, et réédition 2016 / Franck Daffos, Le trésor qui rend fou, ARQA 2016, page 114.
13 – C’est ce passage « incommode » qui fit que le 6 juin 1885 le Lazariste Vannier, avec sa taille de 1m86, fut condamné à rester dehors alors que Jourde (1m71) et Boudet (1m74) purent passer …
14 – Il reste le plus fort séisme de tous les temps enregistré dans les Pyrénées avec un bilan humain et matériel hélas considérable. Bien qu’ayant eu son épicentre côté sud espagnol, son amplitude fut tellement importante que des bâtiments s’effondrèrent jusqu’à Bordeaux.
15 – Un Christ certainement extrêmement fatigué lorsqu’il est venu dans la région, au vu du grand nombre de sièges à présent répertoriés pour soulager sa peine … Bien entendu, je plaisante, mais mieux vaut en rire !
16 – On se souvient par exemple comment le village de Rennes-les-Bains et son cimetière furent totalement dévastés en 1992 par une crue de ce cours d’eau … Il faudrait être vraiment simple d’esprit pour avoir l’idée d’enfouir un trésor, une tombe ou une « auge » … (mort de rire !!!) si près d’une rivière aussi dévastatrice ! Toutes les populations de la région savent cela depuis des siècles.
17 – Écœuré par toutes ces basses manigances, Paul Jude s’est retiré d’Internet …
18 – Il y a pourtant eu des contradicteurs très pertinents dans les commentaires de ses émissions sur You Tube (je pense à un certain Pierre Lalande qui semble avoir été un de ses anciens amis).
19 – Curé en patois local.
20 – Franck Daffos, Le trésor qui rend fou, Arqa 2016, pages 109 et 110.
Arsène Lupin à Rennes-le-Château… ? La question a de quoi surprendre. Cependant depuis les recherches publiées il y a plus de vingt-cinq ans par Patrick Ferté sur le héros de romans de Maurice Leblanc, les découvertes se sont enchaînées et bien des pistes entrevues à cette époque se sont confirmées. D’autres, tout à fait nouvelles, grâce aux recherches inédites de Franck Daffos viennent aujourd’hui amplement valider la cohérence de la piste normande en relation avec le Razès et l’église de Rennes-le-Château de l’abbé Saunière – sans oublier également, en son temps, les révélations de Gérard de Sède guidé qu’il fut en sous-main par un invisible Pierre Plantard tapi dans les coulisse de l’Histoire…
Mais avec quelles sources, avec quels renseignements exactement, avec quels éléments obscurs venus du fond des âges, tous ces initiés qui composent cette saga nous enseignent-ils… ? Quelle fut aussi la part authentique dévolue à ce mystérieux « docteur Hervé » dont il est question dans le dossier Lobineau déposé en toute discrétion à la Bibliothèque nationale de France, à propos de la généalogie des Rois de France… ? Le fil conducteur de ce scénario stupéfiant qu’a été la rédaction de « L’Or de Rennes » de Pierre Plantard et Gérard de Sède, en 1967, est d’ailleurs à lui tout seul une rocambolesque entreprise « lupinienne » pourrait-on écrire… Franck Daffos, dans cet ouvrage absolument remarquable par les découvertes effectuées nous convie à le suivre, une fois de plus, dans ce tome VI des « Chroniques de Rennes-le-Château », dans de nouvelles découvertes extraordinaires… Du bien curieux fort de Fréfossé si évocateur de La Tour Magdala, d’Arsène Lupin à Maurice Leblanc et aux abbés des deux Rennes, le fil de trame se laisse découvrir peu à peu au fil des pages lues, sans oublier La Comtesse de Cagliostro, L’Aiguille creuse, Dorothée danseuse de corde, et bien sûr L’île aux trente cercueils. Sans conteste, à la lecture de tant de révélations le mystère semble se déchirer définitivement et les pièces lumineuses proposées dans ce livre magistral viennent s’imbriquer parfaitement dans l’incroyable puzzle que Franck Daffos reconstitue patiemment depuis maintenant près de vingt années de publication.
Entretien avec Franck DAFFOS // Arsène LUPIN à Rennes-le-Château #1
Entretien avec Franck DAFFOS // Arsène LUPIN à Rennes-le-Château #2
Franck DAFFOS // L’incroyable secret de l’Abbaye de Saint-Wandrille
Franck DAFFOS // Le mystérieux « Docteur Hervé »
Franck DAFFOS // De l’aiguille creuse et le donjon d’Arques
Thierry E. GARNIER // De Jules Verne à Maurice Leblanc – aux sources du mystère
Thierry E. GARNIER // « L’Île aux 30 cercueils » – L’énigme des 3 CARTES – Boudet – Verne – Leblanc
Thierry E. GARNIER // Braquage à Rennes-le-Château
Franck DAFFOS // La véritable utilité du jumelage des deux tableaux de Rennes-les-Bains