« Que ton épée te soit fidèle, ton ami sincère, ta dame douce, aimable et constante ; et au milieu des sourires de l’amitié et de l’amour, tu perdras enfin le souvenir de l’île solitaire… » – Walter Scott
Des Mythes et Légendes à la Chevalerie de combat
Une histoire contée depuis les cirques romains dévolus à Spartacus et ses hommes jusqu’aux villes tentaculaires dans lesquelles combattent dans la Matrice – et au fin fond de notre Psyché – les héros emblématiques des Temps modernes. Dans ce livre d’Histoire intitulé « De Spartacus à Batman », l’auteur, Myriam Philibert, Docteur en Préhistoire, grande spécialiste des Mythes et des Légendes, des symboles anciens aussi, mais surtout gardienne aimante de ces personnages si glorieux, relate avec un style hors du commun la fabuleuse légende de nos héros anciens.
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SAINT MICHEL, SAINT GEORGES, ACHILLE, SPARTACUS, CUCHULAINN, GALAAD, LES TEMPLIERS, JEANNE D’ARC, MIYAMOTO MUSASHI, NÉO, BATMAN…
Gesar de Ling réhabilite les guerriers, les chevaliers, voire les héros. Le bien et le mal existent dans la vie quotidienne, pour celui qui est engagé dans l’action. Le yoga royal offre l’opportunité de dépasser les contraires, car tout réduire à un sempiternel conflit entre ces deux forces antagonistes se veut réducteur. L’affirmer engage le dualisme, voire le manichéisme. Certes, au temps du Jugement dernier, Michel l’archange sépare à coup de lance ou d’épée les méchants qui descendent, à gauche vers les enfers, des bons, à droite, appelés à monter au Paradis. Certes, saint Georges pourfend le dragon, animal chthonien par excellence. Or, tout cela n’est-il pas un peu caricatural ? Du noir au blanc, existe toute une gamme de couleurs, de l’enfer au Paradis, des paliers. Dans la vie même, les possibilités restent immenses. Aucune perfection ne naît d’une réduction binaire. Au contraire, est généré un enfermement infernal. Seul, le ternaire permet, dès lors, le retour à l’Un.
Tout homme ou femme qui mène en apparence une vie ordinaire peut se révéler comme un guerrier ou mieux comme un héros. Chaque jour, des individus, sans réfléchir et n’écoutant que leur instinct et leur cœur, sauvent la vie de leurs proches ou d’inconnus dans la détresse. Chaque jour, d’autres luttent contre l’adversité, la maladie, la haine qui les poursuivent. Chaque jour, chacun d’entre nous a l’opportunité de transcender son vécu. Ainsi, l’héroïsme représente d’abord le dépassement de soi, avant d’atteindre la quintessence de la Quête absolue.
Tout débute par une chevalerie célestielle où s’illustrent les légions angéliques, l’archange Michel, ou plus terrestre, saint Georges. De ce modèle provient deux types de chevaliers, ceux qui suivent une voie initiatique et ceux qui, gagnés par la grâce, font preuve de mysticisme. Tous deux obéissent à un code d’honneur d’une rigueur exemplaire, mais que le temps se chargera d’affadir. À moins que le point de départ ne soit le héros solaire, l’archer idéal, émergeant à peine d’une préhistoire si longue et si lointaine. Ici a lieu l’exaltation totale du HÉROS. Qu’importe la barbarie des têtes coupées ! Elles ne sont que le moment qui transmute la matière et révèle l’essence spirituelle de l’être. Aux côtés du champion parfait jusque dans le sacrifice de sa propre vie, se glisse celui qui ne recherche que gloire et honneur, ou peut-être la défense de quelque noble dame, ce qui sert à son rachat. Mais il y a également celui qui œuvre pour les puissances infernales. L’héroïsme à valeur cosmique dévoile, et voici un paradoxe, l’enfer de l’Au-delà, l’Hadès ténébreux qui guette les bons et les méchants. Il faut aller au-delà de la vision horrifique de ce lieu d’abomination, et regagner le paradis des premiers hommes, les Champs Élysées, ou retrouver la fusion ignée avec le dieu solaire. La guerre entretient la perspective d’un Au-delà terne et sans joie – les prairies d’asphodèles.
Déjà, le blanc et le noir, les forces de lumières et celles de ténèbres se glissent dans le canevas, triturant l’homme ou sa conscience, écartelée entre ces valeurs opposées. Qui va triompher ? Le guerrier qui oublie son état et devient dieu dans l’arène où son vainqueur l’a jeté en pâture à ses semblables, ou pire à des bêtes féroces. C’est ici que le prince ou l’humble roturier savent démontrer tout leur art, toute leur technique, toute leur finesse, pour venir à bout de leur adversaire. On peut faire preuve de charité et prendre la défense de l’opprimé, du pauvre asservi, de l’esclave arraché aux siens. On peut entamer la lutte des classes, revendiquer la liberté et l’égalité pour tout être humain. Du guerrier au dieu, il n’y a qu’un pas à franchir : la consommation du sacrifice librement consenti. Ce n’est qu’à travers celui-ci que l’on atteint, au-delà de la réhabilitation, le plan divin.
C’est alors que surgit le CHEVALIER. Le héros n’a que ses pieds et ses poings pour se battre, Il se révèle entier de caractère et sa perception demeure unitaire. Cavalier et chevalier, forts de leur capacité à dompter leur monture, introduisent, sans le vouloir, la dualité dans l’organisation cosmique. Ils oublient trop tôt que leur monture leur sert de guide. Ils tiennent à l’asservir. Pour la plupart d’entre eux, ils ont occulté Chiron, sa parfaite maîtrise corps – esprit, exemple idéal de l’initiation. Sans doute, tout dérape-t-il déjà avec le char solaire ou le char de guerre, qu’empruntent Cuchulainn, Achille ou Arjuna ? Deux hommes et deux chevaux, unis mais transcendés par le centre qu’est le char. Le quinaire sacré peut se résorber en ternaire, mais il convient de retrouver l’unité oubliée, l’innocence perdue, de reconquérir sa propre divinité. Le cheval, féminin, rongeant son mors, diabolisé, s’oppose à l’homme, au maître, au guerrier puissant voire féroce, qui se range, apparemment, du côté des forces diurnes. Simpliste, sans doute, comme approche, mais voici l’âme de la dualité.
Celui qui domine son corps, son âme et son esprit, qui fait preuve de force intérieure grâce à l’autodiscipline, symbolise la réalisation personnelle. Il sait retrouver l’Un, au-delà de la dualité inhérente à la vie terrestre. Pour y parvenir, il faut, soit s’abîmer totalement dans le mysticisme, comme Galaad ; soit trouver sa voie initiatique personnelle, dans l’océan, le désert (ou la forêt) des erreurs, des indécisions, des culpabilités. L’alchimie et tout particulièrement la réalisation de l’Œuvre au blanc réhabilite le chevalier, l’oblige à se surpasser et permet son retour à l’Un par le biais du ternaire. Ce n’est plus en vain que l’élite de la chevalerie se pare d’un manteau blanc.
Hélas, sur le terrain de l’action, celle-ci se bat pour des idéaux qui sont, souvent, loin d’être saints. Ici, la réalité, duelle, reprend le dessus. La matière et ’érosion du temps pervertissent la chevalerie, lui font perdre sa démarche célestielle, l’enlisent dans le conflit abject, l’entraînent vers les abysses des forces régressives. Il faut alors songer aux deux cavaliers sur une seule monture, à la rédemption offerte par le nombre Trois, trinitaire (et non ternaire). Dans un monde merveilleux, les meilleurs chevaliers réalisent leur quête initiatique ou christique, approchent de la Jérusalem céleste, fusionnent avec le divin. Dans ces disciplines, la femme, également, a sa part, plus significative qu’il n’y paraît à première vue. Si l’on va au-delà de la guerrière, capable de transmuter sa féminité en énergie toute masculine, l’image de l’androgyne surgit, modèle du but à atteindre. L’androgyne cesse de voir l’ennemi dans l’alter ego et s’engage dans la voie de l’unification de l’être.
Il ne s’agit plus de vaincre l’adversaire qui nous fait face, mais plutôt celui qui se tapit au plus profond de notre propre être. Adieu le combat eschatologique et place à la lutte intérieure en vue de son propre perfectionnement. L’irruption du féminin dans un univers impitoyable et brutal devrait aussi avoir le mérite de (…)
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