RENNES-LE-CHÂTEAU – D’ARSÈNE LUPIN à MAURICE LEBLANC
« Dans l’imaginaire universel, depuis plus d’un siècle avec sa première apparition en 1905, le héros mythique Arsène Lupin tient une place à part dans le cœur de tous les passionnés de littérature aventurière ou policière. « Le gentleman cambrioleur », comme on l’a très vite surnommé, a d’entrée su conquérir puis garder des générations entières de lecteurs et de passionnés. C’est l’essence même de son extraordinaire succès. Il y a à cela plusieurs raisons. Une des principales est certainement que le personnage paraît beaucoup moins lisse que ce que l’on pourrait croire de prime abord, et que l’on se prend délicieusement à soupçonner, à la lecture de toutes ses aventures, qu’il pourrait bien dissimuler une face cachée ou des origines beaucoup plus étonnantes que ce que tente de nous les présenter son biographe officiel, Maurice Leblanc, qui pourtant, il nous l’affirme haut et fort, l’a parfaitement bien connu… »
Franck DAFFOS
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Le dernier livre de Franck Daffos, publié ce mois-ci chez Arqa, Tome 6 des Chroniques de Rennes-le-Château, « Arsène Lupin – Gentleman cambriolé », nous propulse avec enthousiasme dans une dimension historique peu commune, celle du « Secret des Rois de France ». Au mystère du masque de fer sur lequel plane tant de ténèbres succède avec bonheur une série de péripéties haletantes qui nous amènent de la terre natale de Maurice Leblanc au Razès oublié des Wisigoths d’Alaric Ier. Les ponts littéraires et symboliques entre la Normandie chérie du père d’Arsène Lupin et la topographie audoise de l’abbé Henri Boudet enjambent dans ce texte éloquent bien des ombres qui se dévoileront en pleine lumière au fil de notre lecture. Avec ce livre issu de deux ans d’écriture ininterrompue et de nombreuses recherches en archives, l’auteur retrouve comme à son habitude tout son talent pour raconter avec brio des pans entiers d’une histoire inachevée, celle d’un puzzle à reconstituer…
Les Chroniques de Mars No 27. INTERVIEW de Franck Daffos, propos recueillis par Thierry E. Garnier.
Chroniques de Mars // Il y a un autre bien curieux livre dont il nous faut parler maintenant, c’est un ouvrage très peu connu des spécialistes de Maurice Leblanc, encore moins des chercheurs s’intéressant au mystère audois, car très souvent laissé pour compte, c’est la « Barre-y-va ». C’est un titre de livre curieux certes, mais aussi le nom d’une petite chapelle ! Or tu as relevé dans ce livre des passages incroyablement édifiants où il est question : – « d’un trésor », « d’une rivière salée », « d’une nécropole oubliée », possiblement d’un Lazariste, d’une victime du nom de « Guercin » qui rappelle étonnement « Le Guerchin » et sa fameuse sentence : « ET IN ARCADIA EGO » et son non moins fameux tableau sur le thème de l’Arcadie ! Tout cela dans le même roman ! Cela ne fait-il pas « un peu beaucoup »…, lorsque l’on s’intéresse à cette histoire sulfureuse…? Surtout quand on sait, en outre, que Maurice Leblanc reçoit sa Légion d’honneur un certain « 17 janvier 1908 » ; on a alors l’impression pesante et vertigineuse que tous les ingrédients de notre affaire se retrouvent tous réunis sur un même plateau d’argent, n’est-ce pas ?
Franck DAFFOS // Sans parler d’une amitié suivie, nous l’avons vu, Jean Jourde et Maurice Leblanc restèrent en contact pendant des années, principalement celles qui virent la parution des quatre titres précités des aventures d’Arsène Lupin.
Mais au début de l’année 1930, le romancier reçoit des nouvelles très préoccupantes de la santé du prêtre. C’est ainsi que mi-mars, alors qu’il est attendu à la première de la représentation de sa pièce Arsène Lupin au théâtre du Gymnase à Paris, son fauteuil reste désespérément vide : conduit par son chauffeur, il a pris la direction du sud avec sa puissante automobile. On le croit près de Sainte-Maxime ou Saint-Tropez, il est en fait à Montolieu dans l’Aude, où il s’est précipité au chevet de Jourde mourant, espérant recueillir de lui tous les éclaircissements dont il rêve depuis tant d’années.
Hélas, comme pour Mgr de Bonnechose près d’un demi-siècle auparavant, traversant toute la France et se précipitant à Limoux auprès du chanoine Gasc à l’article de la mort, le voyage aura certainement été tout aussi vain pour Maurice Leblanc…
Pas tout à fait quand même, puisqu’au seuil même de l’au-delà, le Lazariste, ne perdant pas le fil de la mission qu’il s’était lui-même fixée, remit à l’écrivain son testament … sous la forme de la trame d’un nouveau roman !
A peine quelques semaines plus tard, durant l’été 1930, soit juste après la mort de Jean Jourde, et sans aucune annonce préalable, Maurice Leblanc publiait en feuilleton dans le quotidien Le Journal, du 8 août au 15 septembre, un nouvel Arsène Lupin intitulé « La barre-y-va ».
Un titre paraissant curieux, mais fort judicieusement choisi par Maurice Leblanc pour mieux rendre un subtil hommage à son bienfaiteur le prêtre Jourde récemment disparu, puisque La-barre-y-va existe réellement et n’est autre qu’une chapelle à flanc de falaise, toute proche de Caudebec-en-Caux, où se vénère depuis des temps immémoriaux une Vierge au nom éponyme, et où venait avant l’aménagement de la Seine se briser le « mascaret », une puissante vague venant de la mer.
Fait amusant dans cette énigme, Arsène Lupin vole au secours, une fois n’est pas coutume, du policier Théodore Béchoux dans une sombre affaire de meurtre et de captation d’héritage. Cette aventure du « gentleman-cambrioleur », à part des passionnés, est effectivement demeurée quasiment inconnue, et c’est grand dommage puisqu’elle comporte en effet tous les ingrédients de l’énigme de Sougraigne : un trésor, une rivière salée, une nécropole oubliée, un individu portant un chapeau à large bords (apanage des Lazaristes) et se glissant entre de grandes pierres, une victime du nom de « Guercin », comme le peintre qui le premier en 1622 titra une de ses toiles « Et in Arcadia ego » (la même devise que sur le fameux tableau de Poussin). Jusqu’à même une des protagonistes laissant deviner le nom de « Du Vaucel », l’ancien bras droit de Mgr Pavillon à Alet !
Ce très singulier et très intelligent roman, d’une précision époustouflante concernant le secret de Sougraigne, recèle beaucoup plus encore mais le temps de la révélation n’est pas encore venu. Juste une précision : il aurait pu très facilement s’approprier la devise « In robore fortuna » préalablement imputée à « Dorothée danseuse de corde », à cause de ses trois « chaules » baladeurs qui ne sont autres que la colonne vertébrale occulte de ce livre… et de la décoration de l’église de Rennes-le-Château !
Ultime salve d’honneur que cette publication, pourrait-on même dire, puisque ce fut la dernière collaboration Jourde/Leblanc, même si le romancier s’était quelque peu fait forcer la main, puisque nous retrouvons en effet dans La barre-y-va les arcanes majeurs du Razès parfaitement explicités à la mode de La vraie langue celtique…
Chroniques de Mars // Nous avons dans ce trop court entretien abordé bien des choses, et seulement défloré que quelques parties de ton livre exceptionnel par les recherches menées – on s’en rend compte maintenant. En dernier lieu, au cours de la rédaction de ton livre tu as progressivement fait muter au plan sémantique dans ton discours personnel – « l’affaire de Rennes » que nous connaissons tous très bien depuis la publication de de Sède en 1967 – en : « trésor de Sougraigne ». Dans ton livre tu es plus que catégorique, tu t’engages définitivement et donc tout seul dans cette voie. Cela crée, comme je le laisse entendre dans la préface de ton livre une sorte de « malaise », et ce n’est pas péjoratif, je veux dire par là que ton engagement est total et que tu laisses donc derrière toi des légions de chercheurs castelrennais qui ne croient pas du tout à cette thèse. Pour ainsi dire, avec ce livre tu brûles tes vaisseaux… ! Car aujourd’hui la ligne de partage est fatale.
C’est extrêmement courageux de ta part, et je pressens bien de mon côté que dans cet acte définitif tu veux rompre volontairement le cordon ombilical qui relie depuis plus d’un demi siècle le mystère audois : – à un seul homme « l’abbé Saunière » et – à un seul endroit « Rennes-le-Château ». Je dois dire que cela me plait beaucoup pour énormément de raisons, à titre personnel d’abord en tant que chercheur, car cela veut dire évidemment que l’on doit aujourd’hui absolument se déterminer sur la ligne de crête que tu as délibérément choisie, justement-là où tu veux emmener tes lecteurs. Et toi seul. C’est d’autant plus surprenant que même tes proches amis qui ont eux aussi publiés sur « l’affaire » se dirigent, eux, vers d’autres lieux en région, autour de Rennes-les-Bains ou bien plus loin… – sans parler de ceux qui ne jurent que par Saunière – et en oubliant ici pléthore« d’ensuqués », comme l’on dit chez nous, qui disent et écrivent qu’il n’y a jamais eu de « trésor » à Rennes-le-Château ! Cette posture qui n’est pas seulement une posture littéraire mais bien une croyance véritable nourrie par vingt ans de publications et bien plus de recherches, (sachant que ta première venue à Rennes-le-Château date de 1968), m’amène à te poser cette double question : – que voudrais-tu dire à ceux qui adhèrent complètement à ton travail depuis l’origine, et la publication de ton « Secret dérobé » (aujourd’hui lisible dans une version expurgée, revue et augmentée chez Arqa) – et à ceux qui le contestent avec autant de force… ?
Franck DAFFOS // Dans ma vie, j’ai eu l’immense bonheur de pouvoir faire beaucoup de choses et d’assouvir la plupart de mes passions, souvent éclectiques, et qui de prime abord ne semblent pas vraiment pouvoir cohabiter ensemble.
Et pourtant…
Quel rapport en effet, par exemple, entre quinze années de courses automobiles à un bon niveau, et plus particulièrement une spéciale mythique d’un Paris-Dakar de légende qui m’emmena en 1992 de Paris jusqu’à Cape-Town en Afrique du Sud, avec La vraie langue celtique de ce pauvre Boudet ?
Tous les esprits cartésiens et les imbéciles prétentieux (diplômés ou pas) donneurs de leçons (ils sont si nombreux) répondront avec force, sans prendre la peine de réfléchir, d’un péremptoire et définitif « aucun » !
Et pourtant…
Ils oublient seulement un détail mais d’importance. Derrière La vraie langue celtique il y avait un certain Jean Jourde qui certes fut un (excellent) prêtre lazariste mais qui aussi fut métreur et surtout arpenteur avant que d’embrasser l’état ecclésiastique ! Et cela change tout puisque cet extraordinaire esprit, visionnaire avant l’heure, a sans le savoir codé certaines pages – les plus importantes – du livre de Boudet à la manière d’un « road-book » du Paris-Dakar !
Le « road-book », c’est ce livret que l’on remet à chaque équipage au départ de la course et qui permet au copilote de déchiffrer le parcours secret à parcourir au fur et à mesure des difficultés rencontrées et des points de repère signalés. En cela nous sommes tout à fait dans l’esprit de la recherche qui nous préoccupe dans le Razès !
Et ma particularité dans mon parcours en compétition automobile c’est d’avoir été aussi bien pilote que co-pilote, c’est-à-dire navigateur, surtout pour de très grands pilotes pro, ce qui m’a permis à une époque d’intégrer des structures d’usine…
A première vue, un road-book peut paraitre pour un non-initié aussi hermétique que la VLC !!! D’autant qu’on l’utilise avec toute une batterie de compteurs (terratrip), computers, et compas électroniques (à mon époque pas encore de GPS, bien qu’en 93 j’ai fait partie chez Land-Rover et avec Citroën des tous premiers équipages équipés de l’ancêtre du GPS par une start-up toulousaine).
Le copilotage est une extraordinaire école de rigueur et d’analyse en temps réel qui ne pardonne aucune faute. Peu le savent mais les excellents copilotes s’arrachent à prix d’or et on en trouve moins facilement que d’excellents pilotes ! C’est lui qui fait gagner son pilote et donc son équipe !
On y apprend par exemple à se laisser guider par le terrain et non par son imagination, tout simplement puisque l’on doit impérativement aller de points en points très précis où l’organisation valide votre passage (sinon sanction pouvant aller jusqu’à l’exclusion !) le tout en ne dépassant pas un temps limite. Ces contrôles de passage, encore faut-il les trouver ! Pour ce faire, on utilise des points de repère que l’on doit absolument rencontrer à des kilométrages précis annoncés sur le road-book.
Et lorsqu’on ne trouve pas les points signalés au kilométrage indiqué, c’est que l’on s’est trompé et que l’on n’est plus sur la bonne piste. Il n’y a pas d’alternative possible ! Il est donc de la responsabilité du co-pilote de faire faire demi-tour à son pilote jusqu’au précédent point confirmé pour rechercher la bonne trace. Un pilote pro ne discute jamais les décisions de son copilote…
Toute cette digression pour expliquer qu’il est donc fort dommage que tous les chercheurs qui s’usent depuis un demi-siècle sur les traces des abbés Bérenger Saunière et Henri Boudet n’aient pas fait de stages de co-pilotage, car ils auraient sinon depuis longtemps admis qu’ils se sont fourvoyés et qu’il est grand temps pour eux de faire demi-tour pour aller chercher ailleurs !
Autre chose que m’appris la course automobile où pourtant le temps prévaut sur tout : en cas de doute ou de difficulté quant à un passage précis il est toujours plus bénéfique de prendre le temps (alors que le chrono tourne !) de s’arrêter et de réfléchir à la conduite à tenir ou pour parfois reconnaitre un passage difficile à pied. Une casse mécanique, un ensablage que l’on aurait pu éviter, et c’est vite la course perdue…
Il est donc très regrettable – surtout pour eux – que tous ces passionnés n’aient jamais pris la peine de prendre cinq minutes pour dresser l’imparable, définitif et obligatoire constat que si après avoir pendant plus de 50 ans passé au scanner les moindres faits et gestes et tous les papiers de ces deux prêtres, notamment Saunière, deux générations de chercheurs (dont certains n’en doutez-pas furent excellents !) n’ont rien trouvé, c’est qu’il n’y avait certainement rien à trouver !
C’est aussi simple que cela !
Pour ma part, je continue tout simplement à suivre les pistes qui me furent logiquement dictées par mes découvertes concernant Notre-Dame de Marceille à Limoux et certains Lazaristes, ainsi que les pistes qui amenèrent Didier Hericart de Thury à Sougraigne puisqu’elles furent totalement convergentes. Car les évènements, concernant Saunière et également Boudet (qui ne fut en somme qu’un exécutant zélé) ne se sont certainement pas passés comme on voudrait nous le faire croire…
Car ce furent bien les Lazaristes Jean Jourde, Léopold Vannier et Xavier Sackebant qui à l’été 1885 découvrirent la nécropole de Sougraigne, aidé sur le terrain par l’abbé Boudet dont le presbytère de Rennes-les-Bains servit souvent de camp de base. Mais nous étions dans les époques troublées de la préparation des lois de séparation de l’Église et de l’État qui faillirent précipiter le pays dans la guerre civile. Fort de ce constat, nos quatre prêtres décidèrent de garder le secret et de ne surtout pas prévenir leur hiérarchie respective…
Mais pour que rien ne se perde à nouveau, ils décidèrent de recoder cette énigme, en utilisant le système métrique, introduit depuis les années 1840, qui permettait pour la première fois à des tenants de ce secret une extrême précision tout à fait compatible avec les moyens d’expression de l’époque.
Le hasard, toujours lui, allait leur donner un sérieux coup de main avec l’arrivée dans le dénuement le plus total dans un village voisin, Rennes-le-Château, d’un jeune collègue du même âge que Jean Jourde, l’abbé Bérenger Saunière (au nom semblant prédestiné puisqu’une « saunière » n’est autre qu’une boite à sel !), à qui assez vite et dans le plus grand secret ils proposèrent un marché qu’il ne pouvait refuser. Ils lui offrirent tout simplement de financer dans l’ombre la totale restauration de son église paroissiale et la construction pour son usage personnel d’un opulent domaine à la condition qu’ils en restent eux les exclusifs maîtres d’œuvre occultes. Condition non négociable, puisqu’ils avaient dans l’idée de parsemer la décoration intérieure de l’église et le plan du domaine d’indices très judicieusement pensés pouvant amener à la compréhension du secret de Sougraigne.
La restauration de l’église fut principalement financée par les envois de milliers d’intentions de messes organisés en sous-main dans tout le diocèse de Carcassonne par les collègues lazaristes de Jourde à Notre-Dame de Marceille, notamment en prêchant des « Missions » (appels de fonds déguisés) dans les différentes paroisses sous leur responsabilité au prétexte de la construction à Rennes-le-Château d’une maison de repos pour vieux prêtres. C’est la raison pour laquelle la plupart des prêtres donateurs, en toute bonne foi, témoignèrent en faveur de Saunière lors de son procès avec l’Officialité. Cet ingénieux stratagème financier avait pour but de contourner le Conseil de fabrique (créé par le Concordat de 1802 et dissout en 1905 lors des lois de Séparation), assemblée paritaire de clercs et de laïcs chargés de la gestion de la paroisse, en faisant parvenir l’argent directement au curé de Rennes-le-Château. C’est aussi la raison pour laquelle tout se fit (dans un premier temps) avec la bénédiction de l’Evêque de Carcassonne, Mgr Félix-Arsène Billard (1829-1901).
Et le financement du domaine fut lui rendu possible par des envois d’or provenant d’Espagne et initiés par Léopold Vannier dès sa nomination comme supérieur des Enfants de Saint Vincent (Filles de la Charité et Lazaristes) à Madrid. Saunière ne fut d’ailleurs certainement pas très prudent lors de la revente de ce précieux métal, puisqu’il existe un rapport de gendarmerie inconnu de tous, et heureusement resté sans suite sur intervention extérieure, où il est signalé à l’époque comme étant impliqué dans un trafic d’or avec l’Espagne.
Car Saunière, bien que roublard, était malheureusement peu intelligent. Ainsi, durant la restauration de son église, au lieu de payer immédiatement la plupart des artisans et des fournisseurs, il prit le parti de les régler avec des traites à perte de vue, ce qui lui permettrait, pensait-il, de toucher de substantiels intérêts sur l’argent ainsi placé en attendant l’échéance du règlement. Hélas pour lui, son magot confié à de mauvaises mains fut prestement dilapidé dans des placements hasardeux, l’obligeant, dès 1899 afin de pouvoir honorer toutes les traites qui courraient encore, à sombrer dans un glauque trafic de messes qu’il développa grâce à des annuaires ecclésiastiques sur toute la France, ce qui lui coûta son honneur de prêtre, sanctionné par une infamante mais parfaitement méritée suspens à divinis (interdiction canonique d’exercer son ministère) infligée en 1911 par une hiérarchie pourtant paternaliste mais lassée de tout tenter pour le sauver.
Cela n’enlève rien au chef-d’œuvre d’intelligence et d’hermétisme à la base de cette église et de ce domaine, réalisé de 1892 à 1906 par un Jean Jourde préoccupé à ce que rien de son fabuleux secret ne se perde.
Dès lors, l’insolente opulence immobilière du curé de Rennes-le-Château, et l’exagération populaire de son train de vie jugé fastueux pour l’époque dans une région extrêmement misérable, firent rapidement naître la légende d’un trésor qu’il aurait trouvé dans son village. Certaines trouvailles, effectives mais de moindre importance, qu’il fit durant la restauration de son église et dans l’ancien tombeau des seigneurs sous l’édifice qu’il pilla honteusement agrémentèrent un temps cette fable.
En focalisant les curieux sur le village de Saunière, distant d’une douzaine de kilomètres à vol d’oiseau, on les éloignait ainsi du véritable épicentre, « Sougraigne », tout en laissant miroiter la possibilité de l’existence d’un trésor mythique dans la région.
Ainsi Rennes-le-Château et Rennes-les-Bains n’ont toujours été que d’extraordinaires miroirs aux alouettes qui, plus que jamais aujourd’hui, continuent à parfaitement remplir leur rôle auprès de l’immense majorité de tous ceux qui se passionnent pour cette énigme…
Mais voilà qu’en préambule à tous les aménagements de Rennes-le-Château, fin 1886, l’abbé Boudet, curé de Rennes-les-Bains, avait fait paraître à compte d’auteur un livre inénarrable et déroutant, pompeusement intitulé « La vraie langue celtique ou le cromleck de Rennes-les-Bains », qui le classait immédiatement dans la catégorie des fous littéraires puisqu’il tentait d’expliquer, avec force citations d’auteurs, que toutes les langues anciennes dérivaient de l’anglais moderne.
Ce livre ne fut publié, en deux tirages (pour cause d’immédiate modification de légendes d’abord manuscrites de certaines planches), tout début décembre 1886 qu’à très peu d’exemplaires, certainement pas plus de deux cents. A notre connaissance il n’en existerait plus, de ces deux seules éditions originales, en collections publiques ou privées, qu’environ vingt-cinq exemplaires. De nombreuses rééditions furent réalisées depuis les années 1970, mais seule celle des éditions Bélisane (Aude) est totalement conforme au format et, chose primordiale, à la pagination d’origine.
Voici pour la version officielle ! Mais comme souvent dans cette énigme à tiroirs, la vérité est toute autre. C’est en fait à partir d’un manuscrit de Boudet revu et corrigé par Jourde et Sackebant que ce livre fut publié par Jourde au nom de Boudet. Et l’on peut très légitimement se demander, à voir ses réactions suite aux éreintantes critiques après parution, si ce cher abbé Boudet eut jamais conscience du véritable contenu occulte de « son » ouvrage !
Pourtant, en filigrane de ce livre aux limites de l’absurdité, un extraordinaire codage mathématique aléatoire révèle avec un incroyable luxe de détails tous les secrets et les accès cachés du mythique mausolée de Sougraigne…
L’église et le domaine de l’abbé Saunière à Rennes-le-Château ne sont que les illustrations de cet ouvrage et n’ont pour seul but que de faciliter la compréhension du tableau de Teniers.
En janvier 1917, le sémillant curé de Rennes-le-Château, l’abbé Bérenger Saunière, était porté en terre, emportant pour beaucoup le secret de son trésor dans la tombe. En fait, et paradoxalement, il fut le premier chercheur d’un trésor dont il n’a jamais rien su.
La légende moderne de « l’affaire du trésor de Rennes-le-Château » pouvait commencer.
Depuis une ribambelle ininterrompue de pseudos chercheurs sans imagination, et donc en mal de découvertes puisque suivant aveuglément Gérard de Sède dans ses erreurs ont bien trop rapidement fait de Bérenger Saunière le pivot incontournable de cette énigme, préférant quand même parfois, à force d’échecs ou de lassitude, en laisser le leadership à son confrère de la Rennes d’en bas, celle des Bains : l’abbé Henri Boudet.
Hélas pour eux, ni Saunière ni Boudet n’eurent cette envergure !
C’est l’imparable et définitive raison pour laquelle tous ceux qui cherchent dans leur sillage sont immanquablement condamnés à l’échec !
A propos de Saunière, en 2017, d’autres livres le concernant sont sortis : on a re-re-re-inspecté ses vieux papiers (quelle nouvelle !), re-re-re fouillé ses poubelles, on avait donc, assurait-on, des révélations à faire… Hélas le résultat s’avéra une fois de plus totalement décevant, d’un néant total ! Mais n’en doutons pas, d’autres issus du même moule obsolète tenteront bientôt autre chose.
Et l’année qui vient apportera encore sa moisson de bouquins inutiles que personne ne lira sur le curé de Rennes-le-Château. De là où il est, il doit quand même bien se marrer ! C’est vrai qu’il a l’éternité pour s’habituer à la bêtise humaine, mais le bilan qu’il doit tirer du premier siècle écoulé doit le laisser rêveur. Un coup à regretter de ne pas avoir été beaucoup plus virulent dans ses carambouilles passées, ce qui aurait pu lui éviter de finir aigri, sur la paille, cloîtré dans « son » domaine où il n’a jamais dormi une seule nuit tellement il savait qu’il n’était pas chez lui, et laissant qui plus est quelques ardoises posthumes dans la région. Pas très glorieux ! Cela aussi tous ces braves « chercheurs » l’ont oublié. C’est pourtant la stricte vérité, mais personne n’en parle, on préfère continuer à enjoliver la légende du curé détenteur d’un immense trésor !
« Le curé aux milliards », quelle foutaise !
En ce qui me concerne, cela fait donc quinze ans que seul (ou presque) contre tous je laboure d’autres pistes aux antipodes de Bérenger Saunière et de Rennes-le-Château, et le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne m’en porte pas mal !
De moins en moins seul devrais-je dire, puisque de plus en plus de véritables passionnés, écœurés par l’abêtissement général plus que catastrophique qui caractérise la recherche ces dernières années, m’encouragent et me félicitent.
Je les en remercie chaleureusement…
Ils sont la véritable majorité silencieuse, celle qui ne déverse pas à longueur de journée sa stupidité et son inculture crasse sur les réseaux sociaux, pour preuve le succès de mes publications et le nombre de connexions lorsque j’interviens sur Internet.
Mais les « ténors » auto-proclamés, en véritables imposteurs de RLC, ceux qui justement passent leur vie sur la toile à tourner en rond et à enfumer les gogos, préfèrent me tenir sous le boisseau et me boycotter lorsqu’ils ne sont pas occupés à me salir après s’être approprié certaines de mes découvertes. C’est d’autant plus cocasse qu’il ne faut surtout pas prendre pour argent comptant leurs propos hypocrites et moqueurs dénigrant publiquement Sougraigne et le Pech d’en Couty, puisqu’ils furent pour la plupart les premiers à faire exactement l’inverse de ce qu’ils prônent sur Internet en se précipitant sur place pour y faire de très discrètes (qu’ils croyaient !) fouilles. Quasiment tous y sont passés.
Comme je n’ai pas vocation à monter une loge hermétique ou occultiste sauvage, un groupe Facebook ou une nouvelle chapelle de pensée, le rôle de pestiféré de Rennes-le-Château me convient parfaitement !
Il me serait pourtant très facile de me justifier et de redevenir un des tous premiers intervenants sur cette énigme en me remettant simplement au clavier de mon ordinateur. Tout le monde sait que j’en ai les capacités, et beaucoup se souviennent encore des extraordinaires cartons de connexions générés lorsque j’assurais sans le vouloir l’animation de certains forums il y a une dizaine d’années. De tels niveaux de connexions n’ont depuis plus jamais été atteints et avec tout ce que je sais maintenant sur cette énigme, il me serait plus que facile de les pulvériser … Mais à la différence de mes chers Lazaristes, je n’ai plus à présent l’âme d’un missionnaire.
Dernière chose enfin pour qui voudrait comprendre ma démarche : je suis de souche terrienne et paysanne.
A ce titre j’ai toujours su qu’avant d’espérer récolter il fallait avoir labouré, investi dans les semences, fait les semailles, puis avoir beaucoup travaillé, encore et encore, afin de protéger sa future récolte.
Je creuse donc mon sillon, et depuis des années pose mes jalons.
Ainsi la récolte viendra…
Franck DAFFOS © INTERVIEW – Les Chroniques de Mars, numéro 27 – juin 2018.
Arsène Lupin à Rennes-le-Château… ? La question a de quoi surprendre. Cependant depuis les recherches publiées il y a plus de vingt-cinq ans par Patrick Ferté sur le héros de romans de Maurice Leblanc, les découvertes se sont enchaînées et bien des pistes entrevues à cette époque se sont confirmées. D’autres, tout à fait nouvelles, grâce aux recherches inédites de Franck Daffos viennent aujourd’hui amplement valider la cohérence de la piste normande en relation avec le Razès et l’église de Rennes-le-Château de l’abbé Saunière – sans oublier également, en son temps, les révélations de Gérard de Sède guidé qu’il fut en sous-main par un invisible Pierre Plantard tapi dans les coulisse de l’Histoire…
Mais avec quelles sources, avec quels renseignements exactement, avec quels éléments obscurs venus du fond des âges, tous ces initiés qui composent cette saga nous enseignent-ils… ? Quelle fut aussi la part authentique dévolue à ce mystérieux « docteur Hervé » dont il est question dans le dossier Lobineau déposé en toute discrétion à la Bibliothèque nationale de France, à propos de la généalogie des Rois de France… ? Le fil conducteur de ce scénario stupéfiant qu’a été la rédaction de « L’Or de Rennes » de Pierre Plantard et Gérard de Sède, en 1967, est d’ailleurs à lui tout seul une rocambolesque entreprise « lupinienne » pourrait-on écrire… Franck Daffos, dans cet ouvrage absolument remarquable par les découvertes effectuées nous convie à le suivre, une fois de plus, dans ce tome VI des « Chroniques de Rennes-le-Château », dans de nouvelles découvertes extraordinaires… Du bien curieux fort de Fréfossé si évocateur de La Tour Magdala, d’Arsène Lupin à Maurice Leblanc et aux abbés des deux Rennes, le fil de trame se laisse découvrir peu à peu au fil des pages lues, sans oublier La Comtesse de Cagliostro, L’Aiguille creuse, Dorothée danseuse de corde, et bien sûr L’île aux trente cercueils. Sans conteste, à la lecture de tant de révélations le mystère semble se déchirer définitivement et les pièces lumineuses proposées dans ce livre magistral viennent s’imbriquer parfaitement dans l’incroyable puzzle que Franck Daffos reconstitue patiemment depuis maintenant près de vingt années de publication.
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