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Alchimie – Science de la Vie
En aparté, je voudrais dire combien je garde un profond respect et une grande admiration pour ces deux maîtres à penser contemporains et hors série que sont FULCANELLI et Eugène CANSELIET.
Se faire une idée précise de la voie sèche n’est pas chose facile.
Je m’adresse en ce lieu au futur philosophe par le feu avec le dessein d’éveiller sa curiosité sur la prépondérance de l’opératif, sans pour autant déserter la transcendante étude spéculative. Dans cette abondance de variantes, les nouveaux apôtres de la science hermétique, laissés à eux-mêmes, cherchent à louvoyer au sein de la tourbe moderne et ancienne, où tout est dit et son contraire, et le plus souvent, s’écartent de la vérité.
Dominique VOISIN
Une certaine idée des poids de l’Art et de Nature
Parmi les alchimistes de la seconde moitié du siècle dernier, à l’exception d’E. Canseliet, Jean Laplace a exercé une grande influence sur l’ensemble de la tourbe. Toujours dans le but d’instruire, d’éclairer, de soutenir dans leurs recherches les moins avancées, Jean Laplace avec son talent d’écrivain, ingénieux dans ses interprétations, avait cependant vite fait de dérouter la légitime curiosité du lecteur.
Donc, « le poids de mercure et de caput, s’il est de la même nature problématique que le quinzième, à savoir la moitié du second sel, c’est parce que tous deux sont des conséquences des poids de nature. En effet, on remarquera que lorsque Fulcanelli dit : « jetez alors dans ce mélange la moitié du second sel », il parle des purifications et le second sel, s’il est du quinzième en un premier temps, la moitié de ce poids fournit à peu près l’autre quinzième nécessaire aux purifications : ce même mercure se trouvera par la suite en désaccord pondérable avec son caput. La solution de ce second problème est intransmissible car elle est la clef du tour de main qui résout l’énigme comme une abeille butine.
Eh bien ! Butinons au milieu de cette floraison luxuriante et printanière parfumée de mystères et d’inconnus à savoir… – déséquilibre des poids de l’art, confusion des poids de nature, problématique de la fraction du 1/15, proportion intrigante du second sel…
Un premier article fut publié en 1983 par le même auteur traitant du même sujet. Sans formuler à tout prix un désaccord, ces deux articles peuvent donner lieu à une interprétation différente. C’est pourquoi je souhaite aller plus loin dans la réalité expérimentale. Comme chacun sait, le milieu générateur du caput mortum est issu de la première conjonction. Dans « Alchimie expliquée » : « pressé par son désir de certitude… Il frappe d’un coup sec du marteau… et que voit-il l’artiste transparaitre en filigrane sur les plateaux de la balance : Diane de poids-tiers – 2/3 – 1/3 très précisément au gramme près : où se situe le désaccord pondéral du mercure et de son caput. »
Lorsque Fulcanelli dit : « Jetez dans ce mélange la moitié du second sel », il parle des purifications. Jean Laplace a raison. Volontairement Fulcanelli a brulé une étape en écrivant « Et vous obtiendrez un corps plus clair que le précédent ».
Il parle très exactement de la première purification du mercure juste après le coup de marteau. Ce n’est pas un hasard si Fulcanelli en anticipant nous oriente d’emblée vers le feu purificateur du second sel.
« … le second sel, s’il est du 1/15 en un premier temps, la moitié de ce poids fournit à peu près l’autre quinzième nécessaire aux purifications ».
Le poids du second sel qu’il soit de la moitié – ou du double – fournira 1/15 à chaque conjonction et trois ou quatre fractions du 1/15 à chaque série de purification puisque l’étoile se dessine sur la surface plane et brillante du mercure à la deuxième ou troisième purification (si le temps le permet).
En visitant l’intérieur de la terre le second sel la purifie et donne un premier vitriol noir, trouble, impur. A chaque fusion on note bien une légère perte de mercure, cela ne remet pas en cause l’ensemble du protocole.
Le second œuvre est identique dans son principe : nouveau poids de l’art, nouveau poids de nature. La modification du caput mortum, le débarrasser de son sel « par voie sèche ou par voie humide peu importe » le transformer alchimiquement en terre rouge qui redeviendra noire au premier coup de feu, précédant la couleur blanche tout à la fin aigles, a pour seul objectif d’obtenir une séparation – quoi que – proportionnellement et fondamentalement différente du premier œuvre…
Revenons en 1983 : « ceci dit, comment pourrons nous accorder ces poids de nature lorsque force nous sera de constater que le poids de la terre dépasse de beaucoup la moitié du poids de l’eau … est- ce là de la terre en trop ou trop peu de mercure… je crois bon d’avertir qu’il ne faut pas se tromper, nous sommes ici au centre même des jeux de poids » (nous sommes surtout en plein jeu de mots). Que s’est-il passé dans le creuset de Jean Laplace pour que la terre dépasse de moitié son poids en eau ? Qu’elle en serait l’origine et la cause, quel phénomène, quelle réaction. Dans cette perspective l’hypothèse d’un déséquilibre s‘installe… Rejoignons la Tradition et retrouvons les fondamentaux. Il suffit de se reporter dans « Alchimie expliquée » où l’indication donnée reste précieuse : « la proportion de l’eau vis-à-vis de la terre que la première doit être en poids du double de la seconde » ou mieux encore « que la terre se satisfasse de son propre poids en eau »…
La mise en route d’une sublimation, son contexte opératif et sa préparation, son champ d’expérimentation, sa logique omniprésente, l’adjonction du corps composé à l’intérieur d’un vase réfractaire, ses proportions, qui donnent un certain poids : cet ensemble générateur du second principe – ce paradigme – qui obéit à des règles ancestrales caractérise une harmonie invariable et définitive. Il ne peut y avoir de la terre en trop dans le creuset pas plus d’ailleurs qu’une carence mercurielle.
En alchimie si l’on prend soin convenablement de respecter les poids de l’art, les poids de nature deviennent une unité de mesure dans le grand œuvre.
Nous savons que les poids de l’art et les poids de nature représentent selon Fulcanelli « une même matière à deux états de son évolution… et symbolisent les deux voies ». Nous savons également que les poids de l’art sont aussi les poids de l’artiste, sans pour autant connaitre théoriquement et toujours selon Fulcanelli l’exacte « coefficient d’assimilation de la base… que le soufre est susceptible d’absorber jusqu’à dix et douze fois son poids de mercure », tout en conservant son aspect terreux.
Nous en arrivons tout naturellement aux mystérieuses et successives imbibitions en instillant sur le terreau un mercure fluide – mercure eau. Cette étape se situe en plein dans la métallurgie liquide.
Si chaque sublimation est une coction, chaque coction renferme son embryon.
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre la capture du dauphin est liée à l’habilité intuitive du praticien.
Les clefs de la réussite : éviter le bourbier… – et connaître le tour de main pour faire monter la rémore. Eugène Canseliet nous rassure « dont l’artiste aura l’idée tôt ou tard ».
Dominique VOISIN – Les CHRONIQUES de MARS © – décembre 2022.
ADDENDA // Je voudrais revenir un instant sur le caput mortum. Malgré une exposition prolongée aux deux luminaires la conversion en poudre ne s’est pas produite, d’où une certaine inquiétude. Deux phases relativement simples à mettre en pratique mais néfastes pour la terre noire. Il en faut peu pour rater une conjonction. J’ai majoré d’un 1/15 de second sel le premier mélange et couper du vieux fer en petits morceaux. Mon terrain est tapissé de fer à cheval, vieux clous et dérivés enfouis depuis des siècles. C’est une ancienne métairie qui se situe à une journée de cheval de Paray-le-monial et de Cluny et qui servait sans doute de relais aux pèlerins en relation avec le sacré et à la chevalerie templière rattachée à l’abbaye.
Dans la fusion le loup gris joue parfaitement son rôle: il dévore, assimile, digère. Une certitude : bien respecter les proportions et employer MARS en limaille.
J’ai retrouvé dans une vielle pochette cartonnée avec quelques photos dignes du plus grand intérêt d’un Philosophe de la Nature dûment chevronné, je vous en fait part ici :
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1- Tantôt l’étoile, tantôt la fleur
2 – Cette matière nous fait penser bien sûr à cette terre blanche recueillie en fin de sublimation.
THESAVRVS // Adam – Adepte – Aigles – Alchimie – Alchimiste – Argyropée – Assation – Athanor – Chrysopée – Coupellation – Cyliani – Élixir- Élixir de longue vie – Eugène Canseliet – Philalèthe – Fulcanelli – Gnose – Grand Œuvre – Lavures – Macrocosme – Magnum Opus – Mercure – Microcosme – Nicolas Flamel – Œuvre au noir – Œuvre au blanc – Œuvre au rouge – Or – Panacée – Paracelse – Philosophie Hermétique – Pierre Philosophale – Poudre de projection – Régule – Rémore – Soufre – Sublimations – Table d’Emeraude – Teinture – Terre adamique – Transmutation – Unobtainium – Vitriol – voie de l’Antimoine – voie du Cinabre //