Qu’est ce qui fait le succès de la planète Uranus chez les astrologues d’aujourd’hui ? On dit parfois que c’est la planète des astrologues, nous dirions plutôt que celle à laquelle les femmes s’identifient le plus aisément et qui les personnalise le mieux.Il ne faut pas oublier que l’astrologie pré-uranienne, d’avant la fin du XVIIIe siècle était surtout pratiquée par les hommes, comme l’atteste la bibliographie du sujet. En fait, qui peut citer le nom d’une femme astrologue avant le XIXe siècle ? La découverte d’Uranus ne serait-elle pas finalement le signe de émergence du féminin dans la modernité ? Mais demanderont certains : quel rapport y-a-t-il entre Uranus et les femmes ? Peut être faut-il pour effectuer un tel rapprochement repenser le féminin ?
L’on ne peut continuer à se payer de mots que l’on ne prend même pas/plus la peine de définir, sinon à partir de significations propres au langage courant. Le recours à des associations d’idées par exemple ne résout rien quand on veut approfondir le sens d’un mot. Et puis, il y a le mot et la chose. Prenons, donc, le cas du masculin et du féminin, de l’homme et de la femme, de l’animus et de l’anima. Chacun y va de son bricolage personnel., croit savoir de quoi on parle. Il y a une tendance actuelle chez bien des astrologues à vouloir s’exprimer dans une langue accessible aux clients. C’est certainement fort louable au premier abord mais en fait c’est tout à fait regrettable et quelque peu démagogique. Nous penons, au contraire, qu’il faut niveler par le haut et non par le bas. C’est au client de faire l’effort de comprendre comment fonctionne l’astrologie et non à l’astrologue de laisser le client entendre ce qu’il veut. Encore faut-il préciser que nous ne visons pas ici le « voyant » qui ne dispose d’aucun systéme de référence mais l’astrologue qui est dépositaire d’une certaine représentation du monde.
Mais est-ce à dire que l’astrologie nous parle du masculin et du féminin ? Nous dirons en tout cas que l’astrologue qui prétend faire de la psychologie et qui ne tient pas des propos pertinents sur ce sujet- mais en est resté à un âge mental de sept ans au niveau du langage lequel est tout ce que beaucoup gens possèdent pour tout bagage culturel – nous inquiète dans la mesure même où ses idées sur la question vont transparaitre dans son discours ou inversement le fait qu’il n’y ait pas réfléchi, ce qui ne vaut guère mieux. Nous avons des mots à notre service mais leur signification est fonction du degré d’avancement de la recherche. Or, que sait-on aujourd’hui de ce qui distingue l’animus de l’anima ? Quand on demande à quelqu’un ce que signifie tel mot, on a deux types de réponses : celle qui consiste à nous rapporter une série de connotations courantes et celle qui nous fait part de travaux scientifiques concernant ce à quoi le mot en question pourrait renvoyer.
Nous avons dit à plusieurs reprises, dans le présent « journal de bord d’un astrologue » , à quel point la demande d’astrologie était révélatrice d’un certain nombre de clivages psychosociologiques. Un constat remarquable et incontestable est le fait que plus de 90% des personnes qui assistent aux réunions astrologiques, au niveau du public payant, non des intervenants, sont des femmes. Et cela n’est pas dû au hasard. Mais comment interpréter un tel « fait » ? Allons plus loin : les clivages qui parcourent l’astrologie sont également liés au clivage masculin-féminin, notamment la distinction entre Astrologie Mondiale et astrologie du thème natal, pour simplifier. Nous avons déjà évoqué à ce sujet l’opposition entre le normal et le pathologique, entre le collectif et le singulier/particulier. Or, force est de constater que les femmes sont dans leur grande majorité attirées par tout ce qui vient en décalage, voire en dissonance, par rapport au cours général harmonieux des choses. D’où d’ailleurs une certaine complémentarité/ Mais on ne saurait conseiller un homme comme on le ferait pour une femme, à condition précisément de disposer d’une description pertinente de ce qui distingue psychiquement les deux genres/sexes.
Les femmes ont des problèmes existentiels qui leur sont propres, à savoir que leurs projets ont une fâcheuse tendance à avorter, à s’interrompre. Elles ont du mal à tenir la distance. Elles veulent terminer certes mais elles le font bien souvent avant l’heure, prématurément, par manque de patience. D’où leur angoisse face à ce qui est susceptible de se mettre en travers de leur chemin, faisant capoter leurs plans. Or, chez les femmes, c’est l’exception qui devient la règle, d’où un rapport inversé à l’égard de l’astrologie. Ce qui est « normal » chez une femme, c’est que cela ne marche pas et ce qui est extraordinaire, c’est que cela aboutisse, arrive à son terme, sans embûches. On pourrait parler d’un complexe d’échec qui finit par empiéter sur l’astrologie. Mais cette astrologie là ne peut être que divinatoire car aucune science ne peut prévoir l’imprévisible, l’accidentel, l’extraordinaire.
Pourquoi en est-il ainsi ? Il semble que les femmes soient désemparées face à l’obstacle, à l’imprévu, au sens banal du terme. Au lieu de maintenir le cap, leur tendance serait plutôt de renoncer au projet initial et de partir dans une autre direction. Parce qu’en fait, elles n’ont pas une idée claire des priorités. Il y a là de la restriction mentale quand elles approuvent un projet, en fait elles accompagnent intérieurement leur accord de toutes sortes de réserves (« sauf si…. », « à moins que…. »). Nous dirons donc qu’une personne ayant un fort anima est sujette aux digressions, à la dispersion, c’est l’occasion qui fait le larron. On dirait qu’elle cherche un prétexte pour ne pas continuer/poursuivre jusqu’au bout. Elles veulent ‘ »arrêter », elles n’ont ‘plus envie », elles en ont ‘ »assez », « marre » et en disant cela c’est leur petit moi qui devient l’obstacle majeur, ce n’est même plus l’obstacle « objectif ». C’est pourquoi dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui jettent l’éponge, qui déclarent forfait.
C’est d’ailleurs probablement ce qu’on attend d’elles. Il est vrai, en effet, que l’on a parfois tort de s’acharner, d’être « jusqu’au-boutiste », quand on a un fort animus lequel donne la volonté de mener à bien l’entreprise, en dépit de toute entrave, suivant la devise « . Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »Une grande part des conflits opposant hommes et femmes s’articule sur les enjeux que nous venons de décrire et il est important que cela se sache quand on prétend dispenser des conseils à autrui.
Revenons au cas de la planète Uranus, telle qu’elle est appréhendée par les astrologues. On sait le succès considérable de cette planète découverte en 1781 et qui est associée à l’idée de changement, d’événement surprenant. Comment ne pas y voir une projection de l’anima ? La plupart des astrologues actuels auraient bien du mal à travailler sans recourir à cette planète restée invisible pendant des millénaires dès lors que cet astre se trouve chargé de signifier tout ce qui peut perturber le cours des choses. En ce sens, nous dirons que les femmes sont puissamment « uraniennes » et qu’Uranus est la planète de l’anima. Rappelons d’ailleurs la formule dans Rigoletto de Verdi « La donna e mobile », que l’on traduit habituellement ainsi « . Comme la plume au vent, femme est volage ». L’existence même de cette planète, dès lors qu’elle associée par les astrologues à l’idée de changement conjoncturel, plus que structurel (Saturne) dédouane les femmes, les déculpabilise. C’est la faute à Uranus.
Si Uranus est la femme, Saturne serait l’homme et Uranus cherche à détrôner l’homme en le chassant notamment du signe du verseau où l’astre avait son domicile. Refuser l’intrusion d’Uranus en Astrologie, comme c’est le cas en Inde, reviendrait à ne pas admettre ce trouble fête qui vient déranger les plans les mieux élaborés. Or, nous avons vu que la femme – solution devenue probléme – est souvent celle par laquelle les troubles arrivent plus encore que celle qui veille à les éviter. Car en voulant éviter les troubles, elle en profite souvent pour interrompre ce qui est en cours. Face au couple Soleil-Lune, on aurait le couple Saturne-Uranus. Peu importe ici que l’astrologie ait pris des libertés par rapport à la mythologie. Uranus, c’est Marie-Antoinette, l’Autrichienne, morte en 1793. Uranus n’est pas le changement rationnel et nécessaire comme la nuit succédant au jour, l’Hiver à l’Eté mais un changement lié à un changement. C’est la structure qui se saborde parce qu’elle ne parvient pas à intégrer les nouvelles données sans avoir à renoncer à ce qu’elle est. L’être uranien est à la dérive, il n’est rassuré que dans le chaos car alors il n’a plus rien à perdre, l’ordre lui fait peur car il incarne une rigueur qu’il ne peut assumer…
Nous sommes donc face à un rapprochement Lune-Uranus assez peu étudié au demeurant en dépit du fait que la Lune soit couramment associée au changement. Uranus serait l’octave supérieure de la Lune. Peut être faudrait-il changer Uranus en Urania, la muse de la science des astres…..