Deux modes de division cohabitent en astrologie, le découpage en douze et le découpage en huit. Actuellement, le premier tend à primer sur le premier. Il s’agit en fait d’un clivage majeur au sein de la tradition astrologique.
D’un côté, la division en 12 qui est liée aux 12 rencontres soli-lunaires se produisant annuellement et qui a notamment marqué les calendriers et les almanachs, de l’autre la division en 8 qui est en fait une subdivision d’une structure quaternaire, liée aux saisons. On retrouve une telle dualité, entre autres, dans les années 1550-1560 chez Nostradamus, lequel publiait aussi bien des almanachs articulés sur les 12 mois et commençant en janvier que des pronostications articulées sur les 4 saisons et commençant au printemps.
On a déjà affaire à un syncrétisme quand on fait l’amalgame entre mois de l’année et cycle des saisons car ces deux structures ne sont nullement nécessaires l’une à l’autre, la preuve en étant que le calendrier musulman des 12 mois ne se réfère pas aux saisons, comme l’atteste le ramadan qui n’a pas lieu à date fixe, à la différence de la Pâque, articulée sur l’équinoxe de printemps. Dane Rudhyar a accordé de l’importance à la division en huit, sans évacuer pour autant, à ce qu’il nous semble, la division en 12, sur laquelle se greffe notamment la théorie des domiciles planétaires. Jean-Pierre Nicola est resté fidèle à la division en 12, bien que rejetant la dite théorie et fonde les signes du zodiaque sur le rapport diurne/nocturne qui dérive du cycle saisonnier. Etrange amalgame de sa part !
Patrice Guinard a rappelé l’importance historique de la division en huit, notamment pour les maisons (octotopos) mais l’on sait que persiste largement la division en 12 maisons astrologiques. Pourtant, dans le Feng Shui, a perduré une division qui recoupe largement celle des maisons astrologiques.
En, voici un exposé trouvé sur Internet :
« Cette division en 8 cases, en dehors du centre qui a un statut assez particulier, va définir les 8 inspirations de vie.
Le sud, c’est la renommée. Comment je me vois, comment je suis vu.
Le nord, c’est la carrière, le parcours professionnel,
L’est, c’est la santé, la famille,
L’ouest, les projets, les enfants, la créativité.
Le nord est, c’est le retour à soi, les études, la méditation,
Le sud ouest, c’est l’élan vers les autres, c’est pour cela qu’il porte le chiffre 2, le chiffre de la relation, le couple, quel type de relation je veux entretenir. Il porte le couple et ça porte le trigramme de la mère.
Le nord ouest, ce sont les aides, les mentors qui portent aussi le trigramme du père, parce que la mère et le père sont les trigrammes très importants, ce sont les trigrammes les plus forts, va aller avec le sud est qui vont être les apports. Si j’ai des bons mentors, je m’entends très bien avec mon banquier… par exemple un projet d’obtention de prêt bancaire va être facilité. Donc on travaille toujours dans cette notion d’axe. » [1]
Les personnes habituées au discours astrologique n’auront guère de mal à rapprocher ces 8 descriptions de celles des maisons astrologiques. C’est ainsi que le secteur « ouest » lié aux enfants et à la créativité recoupe la maison V. Le nord est avec les études, la méditation, englobe la maison III et la maison IX, lesquels se font face. On pense à la maison VI à propos du secteur Est. Le Nord recoupe la maison X : la carrière, le parcours professionnel. Le sud ouest semble correspondre à la maison VII : la relation, le couple et enfin le nord ouest concernerait les « mentors », ceux qui nous protégent, nous conseillent. C’est une idée qui semble avoir disparu du descriptif astrologique traditionnel, bien qu’on puisse éventuellement l’associer à la maison XI des « amis ». Il n’y a apparemment pas de maison de la Mort (VIII) ni de l’enfermement (prisons, hopitaux, monastères, XII) On note que dans le systéme à 8, les « secteurs » vont deux par deux : nord ouest et sud est et donc nord et sud, est et ouest, nord est-sud ouest. Selon nous, il n’est pas souhaitable de diviser le zodiaque stellaire en 12. Les quatre animaux du tétramorphe, marquent le passage du 4 au 8 en ce qu’ils se trouvent au mi-point entre les constellations « cardinales)/ Le cas de la Balance prise tardivement sur les « chelles » du Scorpion ne serait-il pas la marque d’un passage du 8 au 12 ? Selon nous, en effet, il n’y eut initialement que 8 constellations zodiacales et ce n’est que par la suite, que l’on passa à 12 pour tenir compte des 12 rencontres luni-solaires signalées plus haut.
D’ailleurs, la division des aspects en 180°,90°, 45°, 135° témoigne de l’importance du 8. Le semi-carré notamment ne fait sens que dans un tel cadre et est parfaitement incompatible avec la division en 12 qui ne se prête en fait qu’au semi-sextile (30°). Les recherches cycliques en astrologie mondiale sont fortement liées à la division en 8[2]. A contrario, la division ternaire (trigone, sextile) n’est pas très satisfaisante (3x 120°) du fait qu’elle ne s’inscrit pas dans le 4, sinon par une trisection – dont on sait à quel point elle fait probléme pour la domification- qui ne respecte pas la dialectique yin/yang qui est à la base de la division en 8 ; chaque quartier pouvant se diviser en une moitié yang et une moitié yin. Jean-Pierre Nicola s’est efforcé de montrer que les aspects dissonants étaient à base 4/8 et les aspects harmoniques à base 3/6. Mais on ne voit pas bien l’intérêt de préserver les trigones – malgré leur importance dans le cycle des conjonctions Jupiter-Saturne- et les sextiles en astrologie, d’autant que les trigones connectent des signes de même sexe – tout comme les sextiles et les oppositions – alors que les carrés connectent des signes de sexe différent, ce qui respecte le principe ying yang. Selon nous, ou bien il y a aspect et c’est harmonique ou bien il n’y a pas aspect et c’est dissonant. On notera à quel point le sextile s’ apparentait structurellement à l’opposition : dans les deux cas, on relie un signe d’eau et de terre ou un signe de feu et d’air. Exemple, sextile entre bélier et gémeaux, opposition entre bélier et balance. Il est donc tout à fait étonnant que le sextile soit considéré comme un aspect harmonique. On notera que le semi-sextile (30°) correspond à l’aspect entre deux conjonctions lune-soleil successives.
En conclusion, nous dirons que l’astrologie peut tout à fait se réduire à 4 phases, elles-mêmes subdivisées, ce qui donne huit secteurs. Mais il n’est même pas utile de distinguer ces 4 phases l’une de l’autre, ce qu’ont bien compris les astrologues allemands comme Reinhold Ebertin. Ces 4 phases ne font en fait qu’une seule, qui se démultiplie. En revanche, chacun de ces phase doit être divisée en son mi-point, ce que n’avait pas compris Ebertin qui restait marqué par la division en 12. Quant à Kepler, reconnaissons qu’il aura terriblement erré dans ses recherches sur les aspects, en arrivant même à proposer une division du cercle en ….cinq, ce qui donne 72°.
Nous prônons donc l’abandon de toute division en 12 tant des signes que des maisons, tout comme des aspects de 120° et de 60°, ce qui conduit à délester l’astrologie de tout symbolisme zodiacal. Par ailleurs, nous pensons que le référentiel des saisons est purement analogique et que le cycle des planètes n’a pas à se situer par rapport aux équinoxes et aux solstices mais bien par rapport à l’enchaînement des étoiles tout au long de l’écliptique, n’accordant évidemment aucune importance au passage d’une planète d’un signe à l’autre ou d’une constellation à l’autre pas plus que du passage d’une maison à une autre, notamment sur la base d’une division en 12 maisons que nous récusons. On peut regretter que Dane Rudhyar ait accordé tant d’importance au passage d’un astre d’une maison à une autre, sur une base 12 alors que lui-même avait par ailleurs bien compris l’importance la division en 8 pour le cycle soli-lunaire. Car s’il y a 12 rencontres entre les luminaires, en une année sidérale, en revanche, chaque mois ainsi découpé ne se divise-t-il pas en 4 phases, en 4 semaines du fait même des aspects de conjonction, de carré et d’opposition entre Lune et Soleil ?
Ce que selon nous l’astrologie doit conserver structurellement du cycle lune-soleil, ce n’est pas les 12 retours lunaires, décalés chaque fois de 30°, mais la division en 4 de chaque cycle, faisant écho aux 4 saisons. Rappelons que l’on peut plier une feuille en deux puis en quatre, puis en huit, puis en seize, et non pas en… douze.