Description
RENNES-LE-CHÂTEAU – ET IN ARCADIA EGO –
LE SECRET DES GRANDS PEINTRES – Affaires classées – Tome 3
Auteur // Patrick BERLIER
Collection « Affaires classées » // TOME 3
RENNES-LE-CHÂTEAU – ET IN ARCADIA EGO –
LE SECRET DES GRANDS PEINTRES – Affaires classées – Tome 3 // 204 pages
ISBN – 978-2-7551-0103-4
PRIX // 23, 00 €
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Tomes 1, 2, 3, 4 des « Affaires Classées » – F. LANGE – P. BERLIER
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PRÉSENTATION du TOME 3 – avec 50 documents photos
Dans cet ouvrage de Patrick Berlier – 3e titre à découvrir dans la collection « Les AFFAIRES CLASSÉES de RENNES-LE-CHÂTEAU – l’auteur nous initie à la suite de ses « Reflets de Rennes-le-Château en Pays Lyonnais », de son « Jules Verne, matériaux cryptographiques », (sans oublier bien sûr sa remarquable contribution à « L’ABC de RLC »), aux arcanes mystérieux de Rennes-le-Château sous l’angle triple de l’HISTOIRE des hommes d’abord, de la SYMBOLIQUE ensuite, et pour conclure de l’HISTOIRE de l’ART. Patrick BERLIER nous dit dans ses deux nouveaux livres, Tomes 3 & 4 : « j’ai expliqué la décoration de l’église, par rapport à l’histoire de l’art, et de l’art chrétien en particulier, avec sa symbolique, des thèmes que j’avais eu l’occasion d’étudier, et que je maîtrisais. C’est un univers que j’ai côtoyé durant toute ma vie professionnelle, il faut dire que j’avais toujours été effaré par les âneries énoncées ça et là, dans les publications ou sur Internet, par des gens qui trouvaient extraordinaire à Rennes-le-Château ce qui est commun partout ailleurs. D’autre part, ayant aussi beaucoup travaillé sur l’époque des XVIe et XVIIe siècles pour mes livres sur la Société Angélique, j’ai pu retracer la biographie des personnages de ce temps liés à l’affaire, de près ou de loin. Les Tomes 3 et 4 d’« Affaires Classées » que je viens de publier sont la continuité indispensable et naturelle de mon travail de chercheur sur Rennes-le-Château – Fasse que ces nouvelles découvertes portées à l’attention des chercheurs contemporains permettent de contribuer à l’éclaircissement d’un mystère insondable qui perdure maintenant depuis plus d’un siècle… »
SOMMAIRE DU LIVRE – « AFFAIRES CLASSÉES » – TOME III
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I – RHEDÆ, LA CITÉ DES CHARIOTS
II – LE SECRET DES GRANDS PEINTRES
III – ET IN OCCITANIA EGO
IV – Cahier iconographique – (avec 50 documents, photographies, documents d’archives).
EXTRAIT DU LIVRE
______________________
(…)
Le 20 mars 1642, le peintre enverra à son ami Chantelou, qui rentre d’un voyage en Languedoc, une lettre dans laquelle il placera cette phrase non dénuée d’humour :
« Les belles filles que vous avez vues à Nîmes ne vous auront, je m’assure, pas moins délecté l’esprit par la vue que les belles colonnes de la Maison Carrée, vu que celles-ci ne sont que de vieilles copies de celles-là. »
Comment aurait-il pu connaître les belles colonnes de la Maison Carrée de Nîmes, s’il ne les avait pas lui-même vues de ses yeux dans sa jeunesse ?
Vers 1622, lors d’une nouvelle tentative pour aller en Italie, Poussin dut s’arrêter à Lyon, où il résida quelque temps. La raison de cet arrêt forcé est qu’il avait dépensé jusqu’au dernier écu de sa maigre fortune, et contracté une dette importante auprès d’un marchand de tableaux, un certain Cerisier, qui n’était pas Lyonnais mais de passage comme lui dans cette ville. Poussin remboursa sa dette en peignant pour Cerisier plusieurs tableaux. C’est à cette occasion qu’il fit la connaissance du peintre lyonnais Jacques Stella, qui allait devenir son ami. Il rencontra aussi Balthazar de Villars, ancien Prévôt des Marchands de la ville de Lyon – l’équivalent du maire actuel. Bien que déjà âgé, il présidait encore aux destinées d’un cénacle discret, la Société Angélique, fondée par son beau-père Nicolas de Lange. Nicolas Poussin semble avoir été admis dans cette société fermée, laquelle prit ensuite pour devise la fameuse formule Et in Arcadia ego, que l’initié angélique se devait d’insérer dans son œuvre, d’une manière ou d’une autre.
Rentré à Paris, en 1623 Poussin fut embauché par les Jésuites, qui souhaitaient fêter la canonisation du fondateur de leur ordre, Ignace de Loyola. Il peignit pour eux six grands sujets à la détrempe, qui furent remarqués par le jeune Philippe de Champaigne (1602-1674). Ce peintre d’origine flamande allait devenir l’un des plus illustres représentants du classicisme français. Il lui proposa de travailler avec lui au Palais du Luxembourg, alors habité par la reine mère Marie de Médicis. Elle y vivait avec toute une cour de protégés, dont le poète italien Giovanni Battista Marino, dit le Cavalier Marin. Grand amateur d’art, il devint rapidement l’ami de Nicolas Poussin, et son premier mécène. Marino retourna en Italie, incitant le peintre à l’y rejoindre au plus vite. C’est à la fin de cette année 1623 que Poussin entreprit son troisième voyage vers l’Italie. Il fit un crochet par Venise, où il passa l’hiver, pour étudier les œuvres du Titien, et il arriva à Rome au printemps 1624. Le pape Urbain VIII, de son vrai nom Maffeo (ou Raffeo) Barberini, venait d’y être élu. Fin lettré, cultivé et amateur d’art, ce nouveau souverain pontife se lança dans une politique de mécénat, aidé par ses neveux Antonio et Francesco Barberini, tous deux cardinaux.
Les Barberini constituaient l’une des plus grosses familles italiennes. Amateurs d’art éclairés, ils étaient les mécènes de nombreux artistes. Ils avaient choisi l’abeille comme emblème héraldique, et leur blason était d’azur à trois abeilles d’or. Cela semble les apparenter à ceux que l’on nommait Grinches habiles ou Abeilles, une corporation de peintres et illustrateurs. Les Grinches appartenaient à l’ordre des Gouliards, l’une des composantes occultes de l’Europe sous l’Ancien Régime, selon les thèses défendues par l’érudit Grasset d’Orcet, à qui Gérard de Sède faisait une rapide allusion dans La race fabuleuse.
À Rome, contrairement à Paris, les peintres étrangers étaient les bienvenus. Nicolas Poussin y retrouva une vingtaine de confrères compatriotes, dont son ami le peintre lyonnais Jacques Stella, arrivé l’année précédente, et qui devait y rester pendant onze ans. Poussin fréquenta l’académie de Saint-Luc, alors dirigée par le peintre français Simon Vouet (1590-1649), de quatre ans son aîné, un artiste qui devait exercer une très grande influence sur la peinture française. C’est dans ce climat favorable que Poussin fut introduit par le Cavalier Marin dans l’entourage des Barberini. Il y fit la connaissance du secrétaire du cardinal Francesco Barberini, Cassiano dal Pozzo, avec qui il se lia d’amitié. Ce passionné d’histoire et d’archéologie avait entrepris de faire réaliser par un groupe d’artistes des croquis des vestiges de l’Antiquité. Poussin dessina pour lui de nombreux relevés d’architecture ou de sculpture. Cassiano dal Pozzo réunit tous ces croquis dans une collection en plusieurs volumes intitulée Museo cartaceo (Musée de papier). En même temps il s’intéressait à l’alchimie, correspondait avec plusieurs érudits dont le provençal Nicolas Fabbri de Peiresc, ou encore avec Galilée dont il défendait les théories, et il figurait parmi les membres de l’Académie des Lynx. Selon les recherches de François Lange précédemment publiées dans cette même collection Rennes-le-Château affaires classées, Cassiano dal Pozzo forma ensuite un autre groupe, le Cercle de Rome, auquel participaient, outre Nicolas Poussin, entre autres les artistes Pierre de Cortone, Pietro Testa et François Duquesnoy.
Plusieurs mouvements picturaux coexistaient à Rome. Le maniérisme, qui vivait là ses dernières années, se mêlait au courant des Bolonais, qui avait été initié par le Caravage (1573-1610), peintre qui avait réussi à maîtriser à la perfection l’art du clair-obscur, et dont les œuvre se caractérisaient par leurs scènes figées dans le temps, arrêtées sur une image, comme un instantané photographique. Son exemple était suivi par ses adeptes Annibale Carrache, Guido Reni, l’Albane, Lanfranco et le Dominiquin. Simon Vouet fut un temps lui aussi l’adepte du caravagisme, avant de se consacrer à la peinture baroque. Parmi les disciples du Caravage, le Dominiquin était le seul qui trouvait grâce aux yeux de Poussin. Il fréquenta un temps son Académie, où il apprit entre autres l’art du nu. Commençait aussi à s’imposer l’art monumental du Bernin ou de Pierre de Cortone, que Poussin étudia avec beaucoup d’attention, tout en décidant d’autres choix pour sa propre peinture. Peu de temps après, Poussin vit s’éloigner tous ses amis les uns après les autres. Marino était déjà parti pour Naples en mai 1624, où il devait mourir l’année suivante. Le cardinal Francesco Barberini fut nommé légat en France, et Cassiano dal Pozzo le suivit.
Une période difficile commençait. Vivant seul et pauvrement, Poussin finit par attraper « le mal des Français », la syphilis, et n’évita l’hôpital – d’où l’on sortait rarement vivant – que grâce à l’aide de son compatriote Jacques Dughet, le cuisinier (ou pâtissier) d’un notable romain. Il l’installa chez lui, où il fut soigné avec dévouement par sa fille Anne-Marie, à tel point que le peintre en tomba rapidement amoureux. Il la demanda en mariage, bien qu’elle eût seize ans de moins que lui, mais à l’époque c’était chose courante. Très curieusement, ses biographes ne sont pas d’accord entre eux quant à la date de la cérémonie : le 18 octobre 1629 selon Landon, le 16 août 1630 selon Gilbert Maurin, ou le 1er septembre 1630 selon Teresa Sacchi Lodispoto. Aucune de ces dates n’est incohérente, car les trois correspondent à des fêtes en rapport avec l’art : le 18 octobre était le jour de la Saint-Luc patron des peintres, et le 16 août le jour de la Saint-Roch patron des artistes. Quant au 1er septembre, c’était le jour de la Saint-Gilles, un saint patron que Poussin ne pouvait qu’affectionner puisqu’il avait été adopté par les graveurs et illustrateurs réunis en une corporation puissante, celle des Saint-Gilles ou Gilpins.
Nicolas Poussin avait alors trente-cinq ou trente-six ans. Grâce aux bons soins de la douce Anne-Marie, le peintre était guéri, et désormais assagi. Il s’installa dans une vie familiale stable. Sa jeune épouse, au caractère aimable, s’habitua à sa vie simple mais laborieuse. Le jeune couple vint habiter dans une petite maison sur les jardins du Pincio, puis un peu plus tard dans une demeure plus bourgeoise via Paolina, près de la place d’Espagne qui était le point de ralliement des Français de Rome. Ils n’eurent pas d’enfants, mais le jeune frère d’Anne-Marie, Gaspard Dughet, dit le Gaspre, vint vivre avec eux. Certains biographes disent même qu’il fut adopté par le couple. Il devint l’élève et le secrétaire de Nicolas Poussin. C’est lui qui écrivit, sous sa dictée, la plupart des lettres que le peintre envoya à ses amis ou commanditaires.
La carrière de Nicolas Poussin alla de pair avec sa guérison et son bonheur conjugal. En 1628 il avait peint pour le cardinal Barberini, revenu à Rome, la (…)
