Description

Hippolyte Boussac – Seth – Typhon Génie des ténèbres – préface David Fabre – Un livre de 1907 en réédition aux éditions Arqa – Suivi du même auteur de : « Sauriens figurés sur les Cippes d’Horus » – Qui était donc Hippolyte Boussac (1846-1942), cet érudit languedocien passionné d’Egyptologie, exceptionnel dessinateur, aquarelliste, peintre, naturaliste, écrivain, ami du célèbre Gaston Maspero ? Les éditions Arqa publient à l’occasion de l’exposition « Hippolyte Boussac et l’Egypte » à l’espace Paul Riquet de Béziers, du 24 juillet 2004 au 27 septembre 2004, avec un avant propos biographique et une préface de présentation permettant de resituer le Dieu Seth et sa symbolique au regard de l’Egyptologie contemporaine, un ouvrage à partir de deux plaquettes d’Hippolyte Boussac, la première consacrée au « Dieu Seth-Typhon », la seconde concernant « Les sauriens dans les cippes d’Horus ». (Les cippes d’Horus étant de petites stèles, en serpentine ou en basalte, provenant surtout des basses époques.) Un ouvrage largement illustré par de nombreux dessins de l’auteur. – (118 pages) – ISBN 2-7551-0029-X.

(extrait)

« Jaillissant violemment du ventre de sa mère, s’élançant « à travers le flanc maternel qu’il avait ouvert et déchiré en le frappant d’un grand coup, Seth manifestait, au dire de Plutarque, un caractère violent et maléfique dès sa venue au monde. Il semait du même coup le désordre et la confusion et devenait ainsi le responsable des inévitables dérèglements du monde. Seth fait partie intégrante du schéma de pensée des Égyptiens. Figure de l’imaginaire, il contribue à décrire le monde et à le comprendre. Dans le polythéisme de l’Égypte pharaonique, Seth l’Égyptien est la figure de l’autre, le fauteur de désordre, au cœur même du monde divin. Dieu violent et ambivalent, il est lié aux pays étrangers, au désert et aux régions marginales du monde ordonné. Son conflit avec Osiris et Horus traduit la lutte constante du monde sous forme compréhensible. Il tue Osiris pour s’accaparer la royauté qui revient à Horus ; mais agressif et batailleur il rend service au dieu soleil en pourfendant le serpent Apophis. L’ambivalence de Seth apparaît dans son animal fabuleux, d’espèce indéterminée, recomposant fantastiquement les traits d’une ou plusieurs créatures et qui est une manière d’écrire la nature et la fonction du dieu. Il est le « dieu de la confusion » dont l’animal sert de déterminatif à « fureur », « orage », « tempête » etc., et sa voix n’est autre que le roulement du tonnerre qui dompte les plus dangereux. Seth, violent et impulsif, provoque et maîtrise les orages et les intempéries. Si sa naissance marque le « début de la confusion », Seth fait partie de l’Ennéade d’Héliopolis. Son combat contre Horus exprime la dualité du monde : Horus est le Seigneur de Basse-Égypte et Seth est le Seigneur de Haute-Égypte. Cette bipartition Nord-Sud se double d’une bipartition Est-Ouest, celle de la vallée du Nil et des contrées étrangères. La terre noire inondée par le Nil, dotée de limon fertile sur laquelle le pharaon a en principe autorité, s’oppose à la terre rouge, le désert, contrée vaste et désolée, habitée par des étrangers et dont le pharaon revendique la suprématie. Horus et Seth participent à l’idéologie pharaonique : le roi unit en sa personne les deux dieux en lutte incessante, qui trouvent un équilibre en lui. S’il est un dieu dangereux et un agent de mort, Seth est aussi le maître de plusieurs grandes villes, un des patrons de la monarchie et l’auxiliaire du soleil dans sa lutte contre Apophis : la bataille, la confrontation constante, la confusion et la remise en cause de l’ordre établi, actions dans lesquelles s’engage Seth, sont les caractéristiques nécessaires du monde existant et du désordre limité qui est essentiel à un ordre vivant. L’obsession de certains à voir dans la civilisation égyptienne une société résolument tournée vers la mort et par la même occasion à voir en Seth l’impardonnable meurtrier d’Osiris, dieu des morts, a donné une vision déformée du dieu. La proscription du dieu, manifeste à la Basse Époque, est sensible dans tous les textes funéraires, pratiquement dès les origines. L’image d’un dieu absolument honni, proscrit en tout et partout est fausse. Elle oblitère, en tout cas, plus de deux millénaires de son histoire et méconnaît les indices d’un rôle positif, nécessaire de celui-ci, décelables jusqu’à la fin du paganisme. Certains ont vu en Seth le trublion, le mal nécessaire, d’autres une sorte de Caïn, premier meurtrier condamné à l’errance.. Mais Seth est ce dieu qui se situe toujours (…).