Description
Graphos – Stèle à Jean-Claude Lamborot – Textes choisis par Graphos – Un recueil de plus de 20 textes en hommage à Jean-Claude Lamborot, sculpteur et graveur lapidaire français. Avec des textes inédits d’Eric Valat, Roger Gorrindo, Jacques Le Roux, Pierre Bourgain, Jean-François Cochard, Rodolphe Giuglardo, Pierre-François Besson,… Un ouvrage de référence consacré à l’un des plus grands spécialistes de la lettre, qu’elle soit gravée dans la pierre ou dessinée sur papier, avec plus de 40 illustrations dans le texte. Un livre pour tous les adeptes de l’art graphique et pour les bibliophiles aimant le livre, la lettre, et l’écriture sous toutes ses formes. Jean-Claude Lamborot (1921-2004) fut un rénovateur exceptionnel de l’art graphique français, graveur lapidaire de grand talent et tailleur de pierre, érudit artiste, enseignant, il n’eut de cesse de transmettre un savoir-faire ancestral qu’il avait éprouvé par une connaissance opérative. Compagnon des Devoirs et Compagnon de Lure, Prix Maximilien Vox en 1981, il imprima sans bruit avec un amour simple du travail achevé l’air de son temps et grava de main de maître, sans répit, dans toutes les pierres de sa région et au-delà, sa vision personnelle d’un art perdu qu’il sut rénové avec la force du poète qu’il était aussi. Cette « Stèle », en son hommage, a été réalisée de mains amies par des continuateurs de son œuvre, dans un seul but, faire aimer Jean-Claude Lamborot, son travail, son talent, pour qu’au-delà de l’espace et du temps, les générations futures s’intéressant aux Arts Graphiques, sachent consciemment ce qu’elles doivent à cet artiste-artisan, graveur lapidaire et homme de lettres – (120 pages) – ISBN 2-7551-0015-X.
(extrait)
Mardi 12 juin – Jean-Claude nous fait découvrir son petit univers de la Vouzelle où l’on trouve partout les traces de son imagination fertile et de ses mains… Sa personne fascine immédiatement ; il émane d’elle une sagesse à l’égard de la nature et de ses richesses, et une sensibilité renforcée d’un métier acquis à la manière des anciens. Sa modestie et ses critiques à l’égard de ses propres travaux amènent des qualités supplémentaires à l’homme. Il nous fait partager sa passion de la lettre et des signes en nous contant maintes anecdotes, nous parlant de ses projets en cours et du temps qui passe trop vite, l’empêchant de mener à bien toutes ses recherches. Sa vive curiosité dans les domaines les plus variés, son acuité plus fine encore dans le domaine des arts font de Jean-Claude Lamborot un humaniste à part entière. C’est ainsi qu’il avance dans son œuvre avec cet acquis culturel, remis sans cesse en question, mêlé d’expérimentations diverses, toujours neuves d’esprit, et qui seront avec le recul, prolongées ou abandonnées. Il est actuellement en France un des rares à percevoir la Lettre de manière aussi artistique et poétique. En Europe, il est en relation permanente avec des anglais, des allemands, des belges, graveurs comme lui. Il nous parle longuement du travail de Pieter Boudens qu’il affectionne et de la gravure lapidaire en général que l’on doit savoir appréhender comme un moyen d’expression à part entière, poésie et gravure mêlées. (Eric Valat)
« LA PIERRE La pierre, premier support d’écriture, avec le bois et l’argile. La pierre, symbole d’éternité, utilisée par la plupart des civilisations pour les messages quelles voulaient pérenniser (Egyptiens et Romains, dans les plus évidents). Mais aussi beauté de l’écrit qui subsiste au-delà du message premier. Émouvante beauté des écritures inconnues, indéchiffrées, où le signe reste signifiant par-delà la communication originelle. Communication de l’indicible. Nous vivons maintenant dans le temps du gigantisme et du quantitatif, qui ne sont, tout compte fait, qu’une des formes du néant : quantitatif de la productivité et bombe atomique. Invasion de l’imprimé, de l’image télévisuelle, en grande partie bla bla et bruit. Préserver musique et poésie, inutiles et pourtant essentielles. Splendeur du mot calligraphié, splendeur du signe inscrit dans la majesté de la pierre. Tout un univers trop longtemps oublié à redécouvrir. A nouveau toucher terre, toucher pierre et sortir de ce faux intellectualisme qui nous laisse flottant dangereusement dans le vide de l’intelligence, dans le vide de l’esprit. Je fais des vœux pour que cette exposition soit un pont entre un passé mal compris et un futur où la beauté authentique redeviendra souveraine. Beauté du message et du signe à retrouver.
Jean-Claude Lamborot – Préface à Lettre de Pierre – Poésie du XXe siècle