0_-_image_rlc.jpg

« LE RETOUR D’ULYSSE EN 2019 »

« Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur. »
Jean Cocteaucité par Gérard de Sède

17_-2.jpg Dans un futur lointain, mystérieux et incertain, en 2084, il est tout à fait probable que des chercheurs zombies continueront toujours à arpenter en cercles concentriques les environs du domaine de l’abbé, creusant encore des trous, tournant en rond comme des âmes en peine autour de la colline envoûtée ou se dirigeant à pic vers des massifs montagneux entourant la petite commune de Rennes-les-Bains, la VLC en poche, à la recherche de chimères inavouées. Des réunions en masse auront toujours bien lieu le… – 17 janvier – mais on en aura perdu la raison, tout cela pour observer… « des pommes bleues » dans des vitraux surannés, et des triangulations incroyables seront effectuées sous terre ou haut dans le ciel, avec des angles improbables bien sûr, pour déterminer où ce satané Saunière à bien pu planquer son mirifique magot. Lorsque l’on s’intéresse, en ce début de XXIe siècle, à ce que nous avons coutume d’appeler « l’affaire de Rennes-le-Château », on ne peut que constater que jamais la recherche consacrée à ce mystère n’a été comme aujourd’hui aussi vivace que depuis ces deux dernières décennies. J’entends par vivace « productive », autrement dit – et dans tous les sens des termes – « quantitative », pour reprendre le terme prophétique de René Guénon, et en ce sens cette recherche-ci présentée sous cette forme-là est belle et bien un signe des temps. De Sède, lui, aurait sans doute dit « productiviste », De Chérisey, goguenard, à la suite, aurait enchaîné en disant « surréaliste », et en cela je l’aurais rejoint volontiers lorsque l’on s’aperçoit qu’aujourd’hui le nombre de conférences, pour nous dire qu’il n’y a jamais eu de trésor à Rennes-le-Château ou que l’enrichissement de Saunière s’explique aisément grâce à sa comptabilité, va croissant. Pierre Plantard, lui, aurait sans doute trouvé que la recherche n’était pas assez « mérovingienne » et aurait déniché un factotum de passage, pas trop regardant bien sûr, pour lui dessiner une géométrie sacrée sur des cartes Michelin et aurait sans aucun doute réactivé son « Prieuré de Sion » de manière à ce qu’il puisse faire un don substantiel pour la restauration du diable décapité dans l’église de Marie-Madeleine… Bref, dans l’attente prochaine d’une telle mascarade et de cette date fatidique de 2084, reprenons pour l’heure notre DeLorean et dirigeons nous vers l’année 1967, car nous avons rendez vous avec un certain… Géraud de Barail.

TEG © – « Chroniques de Mars » No 29, 17 JANVIER 2019 – Numéro spécial Rennes-le-Château.


DEUX LIVRES à découvrir ce mois-ci sur le site des éditions Arqa

7777-8.jpg

Jean-Pierre MONTEILS // « L’Arcane du roc noir »

Thierry E. GARNIER // « L’ABRÉGÉ de RLC »

9999-14.jpg

L.jpg
LES CHRONIQUES DE MARS
– WebZine en Histoire, Tradition, Hermétisme.


preface_de_l_e.jpg

333-44.jpg

* * *

De « Géraud de Barail » à… Jean-Pierre Monteils

« L’anonymat garantit l’honnêteté. »

John Irving

000_teg.jpg Se promenant dans les coulisses invisibles de « l’Affaire » depuis tant d’années avec un plaisir sans cesse renouvelé, nous ne pouvons que constater aujourd’hui que c’est sans aucun doute la première fois depuis un demi siècle – dans toute la vaste et quasi illimitée bibliographie consacrée à RLC – et ce depuis « L’Or de Rennes » de Gérard de Sède publié en 1967, qu’un livre consacré, en quelque sorte, à l’Affaire de Rennes-le-Château et à son mystère audois, au sens étendu du terme, change subitement :

1 – à la fois de TITRE,

2 – de nom d’AUTEUR,

alors que l’intégralité du texte déjà publié en 2009 – il y a dix années de cela – est lui resté totalement préservé dans sa stricte version originale, sans ôter une seule virgule au texte initial.

* * *

by_teg.jpg Nous allons donc tenter dans cette préface minutieuse à la seconde édition d’y voir un peu plus clair quant à ce curieux mystère qui nous amène avec bonheur sur des champs labourés par d’autres que par nous, mais dont nous fûmes, à bien des égards, non seulement le témoin privilégié mais aussi l’éveilleur accompagnant et ce à plus d’un titre. Après dix années d’engouement, de consécration et de reconnaissance sincère par un lectorat enthousiaste envers ce livre peu commun, mais aussi lectorat muet de remerciements devant l’anonymat fort discret que désirait observer absolument l’auteur de « L’Île Rouge », plusieurs éléments explicatifs ont conduit à cette révélation unique et si particulière dans l’histoire des livres publiés sur Rennes-le-Château.

Il va de soi que le questionnement partagé par de nombreux lecteurs concernant l’identité gardée secrète de « Géraud de Barail », pseudonyme choisi entre tous par Jean-Pierre Monteils – le véritable géniteur de ce livre donc – était parfaitement légitime. On ne peut que constater également que, jamais, durant une pleine et entière décennie, l’auteur de ce roman initiatique de haut vol, Jean-Pierre Monteils, ou moi-même, son éditeur et ami de longue date, sommes tombés dans le panneau illusoire de la facilité publicitaire qui aurait permis de divulguer au grand jour, et à grand renfort d’annonces, l’indicible nom de l’écrivain concerné, sans qu’il y ait eu pour autant une adéquation de forme et de fond, et surtout de symboles aptes à jouer leurs rôles efficients dans ce dévoilement de circonstance. Il s’agissait pour nous deux de tout simplement attendre le moment favorable et l’heure dite, une décennie de temps nous étant apparu comme étant le bon repère pour cet ébruitement.

Signalons au passage qu’aucun chercheur n’avait, avant la confession publique de Jean-Pierre Monteils survenue le 17 janvier 2019, percé le secret de cette identité parfaitement impénétrable. Mais pour quelles raisons exactes cet anonymat de la part de Jean-Pierre Monteils ? Lui qui fut, nous le savons, l’ami proche de Gérard de Sède et ce dès 1968. Qui fut aussi un de ses éditeurs attitrés et, nonobstant, Jean-Pierre Monteils est surtout remarqué aujourd’hui comme le plus ancien auteur vivant à avoir écrit un livre sur Rennes-le-Château avec son « Nouveaux trésors à Rennes-le-Château », publié en juin 1974. À la question récente que nous lui avons posée dans le cadre d’une interview publiée sur le site d’Arqa et pour notre WebZine des « Chroniques de Mars », voici ce que nous a répondu Jean-Pierre Monteils : « En raison de la qualité des donneurs d’ordre des missions professionnelles qui étaient les miennes, je ne pouvais pas prendre le risque de m’afficher sur des sujets dont on sait bien qu’ils ne font pas l’unanimité quant à la perception de sérieux et de fiabilité qui s’en dégage parfois, particulièrement dans la sphère publique. Mais je ne serais pas exact dans mon propos si je ne disais pas qu’il y a eu une autre raison. Je veux préciser préalablement que vouloir être intellectuellement honnête ne signifie en aucun cas tout dire sur tout. Ce que je peux dire, et le lecteur averti comprendra facilement de quoi il s’agit, est que je souhaitais, par cet anonymat de l’auteur, mettre l’accent sur l’ouvrage lui-même. Il est vraiment bien plus important que l’auteur à mes yeux. Appelons cela un clin d’œil Fulcanellien. Voilà qui est dit. Après dix années nous avons pensé que le moment était venu d’apparaître au jour et cela en toute simplicité, l’essentiel étant ailleurs ».

roc_noir_1.jpg

Et, dans la même interview, notre auteur de rajouter en prime une explication sur le nomen utilisé dans cette œuvre littéraire à propos de Géraud de Barail : « Le pseudo de Géraud de Barail ? Ici commence le mystère de « L’arcane du Roc Noir » et de « L’île rouge ». La réponse va être décevante : je ne sais pas… Dans cette histoire dont le début correspond sensiblement à ma période de silence (j’explique la gestation de ce roman dans ma première introduction de 2009), des noms se sont imposés à moi et j’ai eu la surprise (ce ne fut pas la seule) de découvrir plus tard qu’ils correspondaient quelquefois à des personnes ayant vécu, à des lieux disparus mais devinés. Le nom de ce gentilhomme est venu à moi comme d’autres dans le livre. Je ne cherche plus à comprendre ces choses car j’ai découvert que d’autres plans pouvaient interconnecter le nôtre et cela ne me préoccupe plus vraiment ».

Mettant bout à bout ces deux réponses circonstanciées notre lecteur a donc maintenant la facilité d’y voir plus clair, tout au moins en apparence, car de Géraud de Barail à « Jean-Pierre Monteils », de L’Ile rouge au Roc Noir, on pourrait finalement s’apercevoir que derrière ce mirifique théâtre d’ombres que l’on croit être de prime abord « une révélation » de la part de l’auteur, se cache peut être dans les coulisses, après tout, qu’une forme supplémentaire d’involution imaginaire de l’intrigue elle-même, développée sciemment à rebours dans ce roman aux folles structures labyrinthiques.

9999-17.jpg

* * *

Une seconde édition pour achever la mission

« J’ai interrompu ma narration de l’autre soir parce que je n’ose pas tout porter par écrit de mes idées tant les mots me brûlent. »

Jean-Pierre Monteils – (Géraud de Barail) – « L’Île Rouge », p. 357.

Bien sûr, la joie, l’honneur et la gratification que procure pour un auteur une nouvelle édition, après dix années de publication ininterrompue, est à la fois grande et met en évidence la reconnaissance de tous. Elle établit, surtout, l’intérêt jamais démenti pour ce livre par des lecteurs passionnés qui renouvelèrent, années après années, leur affection profonde pour la lecture de cette œuvre si énigmatique. De plus, si l’on a bien compris maintenant dans un premier temps le basculement peu conventionnel d’un pseudonyme fabriqué de toutes pièces à un personnage « non fictif », si l’on a accepté volontiers que le nom de « Géraud de Barail » se soit imposé de lui-même à l’auteur, il nous reste dès lors à comprendre encore le glissement sémantique qui voit une « île rouge », dans la première édition, se transformer en un « roc noir », dans cette seconde édition – deux couleurs aux valeurs alchimiques indéniables. Pour Jean-Pierre Monteils : « L’arcane du Roc Noir est d’abord un secret et le sens du mot arcane doit être entendu dans son entière acception. Le Roc Noir est nommé et situé dans l’ouvrage mais il est, je le crois dans une autre dimension…, même si « l’île dans le ciel » existe vraiment aux yeux de qui veut la voir. Il parlera à certains, il sera trompeur pour d’autres. L’écriture choisie est sans facilité et renvoie réellement à certains courants fermés en rapport avec le trobar clus des troubadours ».

roc_noir_2.jpg

En dernier recours, il nous appartient en propre, en tant qu’éditeur, de faire observer que, bien souvent, sur la colline envoûtée, quand l’été le soleil est à son zénith, que l’inanité de certaines recherches conférencées devant des parterres plus ou moins attentifs amènent, malgré tout, leurs auteurs à se faire importants – nous n’avions pourtant encore jamais vu jusqu’alors le contraire, à savoir qu’un auteur historique de premier plan, détenteur d’une œuvre littéraire riche et complexe, originale et singulière, (situant par exemple l’Arche d’Alliance dans le Razès), reste volontairement dans les coulisses de Rennes-le-Château, dans un total anonymat et selon la propre volonté de son créateur. En ce sens, à Rennes-le-Château, la règle d’or voulant que tout ce qui brille ne soit pas d’or – pas même le « trésor » – nous incite à penser que Jean-Pierre Monteils a bien eu raison de rester ainsi, sur sa réserve, durant toute une décennie.

Si dans la première édition de 2009, avec une certaine « malice », nous demandions au lecteur dans notre brève présentation : « Où l’auteur, celui qui se cache sous le pseudonyme de « Géraud de Barail » a bien pu puisé de telles connaissances si impénétrables qui lui ont permis sans rien ôter à l’affaire de Rennes, de nous faire découvrir en plein Razès, un secret si extraordinaire que nul n’aurait pu imaginer… ? » Notre lecteur d’aujourd’hui est maintenant parfaitement édifié sur ces derniers mystères encore restés dans l’ombre et entretenus à dessein par Jean-Pierre Monteils.

* * *

Des clefs se trouvent encore sous le boisseau

« La langue des oiseaux est un procédé littéraire, ayant pour but de rompre le secret et de propager la Connaissance dans l’espoir d’instaurer une société plus juste. »

Richard Khaitzine

Il nous faudra dire aussi, pour achever, que le livre de Jean-Pierre Monteils, qu’il soit Île Rouge ou Arcane du Roc Noir possède de nombreux niveaux de lecture qui s’enchevêtrent admirablement – c’est pour cette raison précisément que cela en fait un livre authentiquement à part dans la bibliographie castel-rennaise. Le grand initié que fut Jacques Breyer (1922-1996) s’était particulièrement penché sur la capacité emblématique qu’avait le langage ésotérique à transcender admirablement le langage profane, pour lui :

« L’Ésotérisme détient, par définition, plusieurs sens au travers d’une même phrase. Aujourd’hui malheureusement, il est plus difficile que jadis de le faire entendre parfaitement, puisque le langage est devenu surtout « utilitaire », au mépris trop souvent des Profondeurs du Verbe… ».

5-69.jpg

Au-delà de la dimension ésotérique indéniable du livre de Jean-Pierre Monteils il existe aussi, parfois à la marge, une volonté cryptographique de certains textes ou d’allégories prononcées, les deux dimensions allant souvent de pair. Pour exemple parmi d’autres, le Bugarach n’est jamais nommé pour ce qu’il est dans les différents chapitres, mais totalement omniprésent dans le livre. Alors, continuons encore un peu – par jeu – à notre manière cette fois-ci, et proposons à nos lecteurs, en guise de conclusion un petit divertissement bien énigmatique pour terminer notre préface et contenter les lecteurs les plus érudits qui s’amuseront avec passion de ce nouveau mystère.

Quel lecteur saura décoder l’ultime page du livre de Jean-Pierre Monteils, « L’Arcane du Roc Noir » – une page intitulée : « ULTIMA VERBA » ?

(Extraits de la Préface de l’Éditeur)

Thierry E. GARNIER – LES CHRONIQUES DE MARS © WebZine gratuit sur Internet – K2Mars numéro 29 – 17 janvier 2019.


lafrise.jpg


rennes_le_chateau_-_abbe_sauniere_-_abbe_boudet_-.jpg

Les Bergers d’Arcadie // Le 17 janvier – Une date bien énigmatique

Thierry E. GARNIER // « L’ABrégé de RLC »

Chroniques de Mars // « Qui est Géraud de Barail ? »

Entretien avec Jean-Pierre MONTEILS // Rennes-le-Château – « De l’Île Rouge au Roc Noir » # 1

Entretien avec Jean-Pierre MONTEILS // Rennes-le-Château – « De l’Île Rouge au Roc Noir » # 2

Entretien avec Jean-Pierre MONTEILS // Rennes-le-Château – « De l’Île Rouge au Roc Noir » # 3

Entretien avec Jean-Pierre MONTEILS // Rennes-le-Château – « De l’Île Rouge au Roc Noir » # 4

Jean-Pierre MONTEILS // « Serpent rouge & Serpent vert » – Une photographie inédite

Thierry E. GARNIER // « L’Arcane du Roc Noir » – Préface de l’Éditeur

Jean-Pierre MONTEILS // « L’Île Rouge » – Préface de 2009

Jean-Pierre MONTEILS // « L’Arcane du Roc Noir » – Préface de 2019

Thierry E. GARNIER // Jean PARVULESCO et « L’Île Rouge »

Patrick RIVIÈRE // Un courrier d’Yves LIERRE à Jean-Pierre MONTEILS

Jean-Pierre MONTEILS // Une photo inédite de la tombe de Paul Urbain de Fleury à RLB en 1965

Jean-Pierre MONTEILS // Une photo inédite du tombeau d’Arques en 1968

Jean-Pierre MONTEILS // Documents inédits – Les cartes messes de l’abbé Saunière

Jean-Pierre MONTEILS // « L’Arcane du Roc Noir » # 1

Jean-Pierre MONTEILS // « L’Arcane du Roc Noir » # 2

Jean-Pierre MONTEILS // « L’Arcane du Roc Noir » # 3


Bandeau_ABC.jpg