Les anciens accordaient beaucoup d’importance aux éclipses. Sans doute à cause de leur côté spectaculaire, et aussi parce que leur connaissance de l’Univers était encore plus limitée que la nôtre. Parmi eux Ptolémée, surnommé plus tard le “Prince des astrologues” et dont l’ouvrage le plus connu « Tétrabiblos » nous offre quelques ficelles pour interpréter les éclipses (Editions Vernal/Philippe Lebaud).
D’après cet auteur, plusieurs règles sont à retenir :
– L’éclipse concerne seulement la partie du monde où elle est au-dessus de l’horizon et touche essentiellement le ou les pays correspondant au signe où elle se produit. En outre, elle est encore plus efficace lorsqu’elle tombe sur l’Ascendant d’un Prince ou d’une nation, l’un des luminaires ou le Milieu du ciel.
Remarques :
L’importance que les anciens accordaient aux signes concernés par le phénomène paraît assez arbitraire. Nous le constatons à notre époque avec les divergences existant à propos de l’attribution d’un signe ou d’un autre à tel pays ou telle ville.
Si nous dressons la liste de toutes les attributions relevées par divers auteurs, en nous limitant aux plus connus, chaque pays se retrouve dans quatre ou cinq archétypes zodiacaux ! Toute classification paraît donc subjective, surtout à notre époque où les Présidents et les lois changent très souvent et où les frontières sont redéfinies en permanence. Cependant, comme nous le verrons dans l’application en fin de cours, les anciens avaient affiné leurs interprétations et celles-ci frôlaient bien souvent la réalité.- Le Thème de l’éclipse ayant été dressé, on y évalue la durée de l’obscurcissement en heures équinoxiales. La durée de l’éclipse “mesure” un événement à raison d’une année par heure d’éclipse de Soleil et d’un mois par heure d’éclipse lunaire. De plus les angles du Thème revêtent une importance non négligeable.
– Se produisant à l’Ascendant, l’effet de l’éclipse se produit dans les quatre mois qui viennent et le maximum est atteint dans le premier tiers de la durée (en gros les trois premières semaines).
– Se produisant au MC, le début est pour les quatre mois suivants, et le maximum atteint dans le second tiers de sa durée (vers le sixième mois après la date de l’éclipse).
– Au DS, les effets ne débutent que dans les quatre mois au-delà du huitième et le maximum tombe dans la dernière partie du temps de la durée (environ onze mois après).
Ptolémée termine ce chapitre par :
“ Quand aux augmentations et diminutions particulières des effets, nous les jugerons selon les conjonctions qui, pendant ce temps, arriveront sur les lieux de l’éclipse ou sur ceux qui les regardent.”
(entendez les degrés opposés à ceux occupés par les luminaires).
– Egalement important, le Seigneur du lieu de l’éclipse qui est soit la planète maîtresse du Thème en fonction des critères classiques : signes, planètes, aspects, domiciles en lui adjoignant les étoiles fixes, soit l’angle particulier (AS, MC etc…) sous lequel se passe l’éclipse et qui va transiter celle-ci lors du mouvement diurne.
Quant à l’interprétation, elle repose sur les critères suivants :
L’espèce humaine est concernée par les signes humains (Gémeaux, Vierge, Verseau), le bétail par les signes d’animaux; quant aux signes d’Eau ils font craindre les tempêtes et inondations, tout comme ceux de Terre les tremblements de… terre. Les signes Fixes concernent les édifices, les Cardinaux les religions etc…
Enfin, l’importance à accorder à l’éclipse, sa gravité, dépend de plusieurs autres facteurs tels les maîtres de l’Ascendant, les éléments en cause etc…
Voilà donc comment le plus connu des anciens procédait pour analyser une éclipse. Depuis, beaucoup d’astrologues, dont Morin de Villefranche, ont contesté ces techniques. Et ils n’ont pas tout à fait tort…
Comme nous pouvons le constater dans le graphisme de la page 4, l’étroite bande du cône d’une éclipse solaire dessine un arc s’étendant parfois sur des milliers de kilomètres. Quand bien même nous découpions cette longueur en petites tranches de cinquante kilomètres, il nous faudrait dresser des dizaines de Cartes du ciel de l’éclipse pour évaluer avec le plus de précision ses « effets »!
Mis à part le fait qu’elles puissent toutes comporter une conjonction Soleil/Lune plus ou moins exacte et les planètes dans les mêmes signes, aucune ne pourrait avoir les mêmes angularités. Difficile dans ce cas-là d’interpréter quoi que ce soit !
Alors, est-ce que les éclipses ont une réelle portée dans le cours des événements ? Quelle est leur réelle importance ? C’est ce que nous allons tenter de développer dans le chapitre suivant.
Le Dictionnaire nous propose comme synonymes d’éclipser, les mots suivants : cacher, voiler, surpasser, esquiver et celui qui correspond le mieux au sens analogique du point de vue astronomique et astrologique : occulter.
Un luminaire passe devant l’autre et le cache, l’occulte.
C’est du point de vue symbolique que l’éclipse semble jouer. Nous le constaterons encore mieux en nativité, où le sens de l’éclipse est clairement signifiée dans sa symbolique.
L’éclipse solaire en nativité
A la pratique en effet il s’avère que les individus ayant une conjonction Lune/Soleil étroite sont des êtres pour lesquels les parents comptent beaucoup. Le Soleil étant en analogie avec le père (animus) et la Lune avec la mère (anima), il se produit dans leur psyché comme un amalgame entre le principe masculin et le principe féminin. De ce fait, ils considèrent inconsciemment qu’il s’agit d’une même entité et, par là même, que leurs parents sont inséparables, indissociables. Ils trouveront leur réalisation dans la compréhension de leur individualité et dans la fusion de l’anima/animus en eux.
Or, lors d’une éclipse solaire – que nous pouvons visualiser sur la Carte du Ciel par le fait que la conjonction des luminaires se produit à proximité de l’axe des Noeuds Lunaires – la Lune occulte le Soleil, le fait donc disparaître. La mère du natif (la Lune) éclipse le père (le Soleil). Et ceci a plus d’importance qu’on ne le croit sur le plan psychologique.
La Lune étant en analogie avec la sensibilité, l’imaginaire, le côté émotionnel de l’être, ces plans là vont avoir la primeur sur la personnalité et le pouvoir de création que représente le Soleil. A la pratique, il s’avère que ces natifs sont tellement imprégnés de la force et de la présence de la mère qu’ils “oublient” de se réaliser, de briller (Soleil) par leur propre personnalité. C’est vers l’âge de Saturne – la Lune par progression ayant effectué le tour complet du Zodiaque – que le natif ou la native réalise que l’acquis lunaire est à replacer dans un contexte solaire. En clair, qu’il ne suffit plus de rêver mais qu’il est important de concrétiser ces rêves par la créativité. En général, c’est l’âge pour une femme d’enfanter (pro-création) et pour un homme celui où il devient responsable, dans sa famille ou dans son travail, où il retrouve ainsi l’image du père qu’il avait inconsciemment occultée.
Patrick Giani © – Les Éclipses (extrait) Les livrets bleus – publications astrologiques de l’association Jupitair.