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Un livre de Pierre Teilhard de Chardin > TÉLÉCHARGEZ votre E-BOOK (48 pages) > AU PRIX DE 5 € //
ALCHIMIE | PHYSIQUE QUANTIQUE | SPAGYRIE
SPIRITUALITÉ | MYSTIQUE CHRÉTIENNE
HISTOIRE | TRADITION | OCCULTISME
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Au centre de la pierre bat un cœur rouge d’étamine.
Telle une plaie vive saisie à chaud par un fer métaphysique, dans l’ordonnancement des mots choisis, ce texte fulgure, assurément incandescent, à l’ombilic même du Verbe fait chair. Le retournement transmis opère et cramoisit le discours du pèlerin sauvé.
Une parole brûlante comme un bâton d’encens posé au vent des temps, à la cime d’une montagne escarpée. Un coin de lumière vive levé à l’aube, par un autre que nous-même – et pourtant si semblable aussi.
Un livre d’abord – Une lecture ensuite, dont on revient marqué, comme après un séjour aux confins des mondes – après la Tour de Babel.
Écrit sous une première forme en 1918, ce texte fut remanié en 1923, en plein désert des Ordos, au cours d’une expédition scientifique et devant l’impossibilité où l’auteur se trouvait alors de célébrer la messe, le jour de la Transfiguration…
Ce texte reprend ici les parties essentielles de l’Office en une merveilleuse prière lyrique et inspirée que la seule manducation des mots permet de savourer intensément.
Les éditions Arqa
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Puisque, une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l’Aisne, mais dans les steppes d’Asie, je n’ai ni pain, ni vin, ni autel, je m’élèverai par-dessus les symboles jusqu’à la pure majesté du Réel, et je vous offrirai, moi, votre prêtre sur l’autel de la Terre entière, le Travail et la peine du Monde.
Le Soleil vient d’illuminer, là-bas, la frange extrême du premier Orient. Une fois de plus, sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la Terre s’éveille, frémit, et recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma patène, ô mon Dieu, la moisson attendue de ce nouvel effort.
Je verserai dans mon calice la sève de tous les fruits qui seront aujourd’hui broyés.
Mon calice et ma patène ce sont les profondeurs d’une âme largement ouverte à toutes les forces qui dans un instant
vont s’élever de tous les points du Globe et converger vers l’Esprit.
– Qu’ils viennent donc à moi, le souvenir et la mystique présence de ceux que la Lumière éveille pour une nouvelle journée !
Un à un, Seigneur, je les vois et les aime ceux que vous m’avez donnés comme soutien et comme charme naturels de mon existence. Un à un aussi, je les compte, les membres de cette autre et si chère famille qu’ont rassemblée peu à peu autour de moi, à partir des éléments les plus disparates, les affinités du cœur, de la recherche scientifique et de la pensée.
Plus confusément, mais tous sans exception, je les évoque, ceux dont la troupe anonyme forme la masse innombrable des vivants : ceux qui m’entourent et me supportent sans que je les connaisse ; ceux qui viennent et ceux qui s’en vont ; ceux-là surtout qui, dans la vérité ou à travers l’erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à l’usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément aujourd’hui la Lumière.
Cette multitude agitée, trouble ou distincte, dont l’immensité nous épouvante, – cet Océan humain, dont les lentes et monotones oscillations jettent le trouble dans les cœurs les plus croyants, je veux qu’en ce moment mon être résonne à son murmure profond. Tout ce qui va augmenter dans le Monde, au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, -tout ce qui va mourir, aussi, – voilà, ce que j’efforce de ramasser en moi pour vous le tendre ; voilà la matière de mon sacrifice, le seul dont vous ayez envie.
Jadis, on traînait dans votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux. L’offrande que vous attendez vraiment, celle dont vous avez mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser votre faim, pour étancher votre soif, ce n’est rien moins que l’accroissement du Monde emporté par l’universel devenir.
Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l’aube nouvelle.
Ce Pain, notre effort, il n’est de lui-même, je le sais, qu’une désagrégation immense. Ce Vin, notre douleur, il n’est encore, hélas ! Qu’un dissolvant breuvage.
Mais, au fond de cette masse informe, vous avez mis – j’en suis sûr, parce que je le sens un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l’impie jusqu’au fidèle :
« Seigneur , faites-nous un ! »
Parce que, à défaut du zèle spirituel et de la sublime pureté de vos Saints, vous m’avez donné, mon Dieu, une sympathie irrésistible pour tout ce qui se meut dans la matière obscure, -parce que, irrémédiablement, je reconnais en moi, bien plus qu’un enfant du Ciel, un fils de la Terre, – je monterai ce matin, en pensée, sur les hauts lieux, chargé des espérances et des misères de ma mère ; et là, – fort d’un sacerdoce que vous seul, je le crois, m’avez donné, – sur tout ce qui, dans la Chair humaine, s’apprête à naître ou à périr sous le soleil qui monte, j’appellerai le FEU !
(…)