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L’art des condoléances – Prix Gustav Meyrink 2021 – Philippe Aubert de Molay

5,00

 

 

Catégorie :

Description

12 pages – COLLECTION du Millenium (carte-book – format 10,5 x 15) – Premier tirage 300 exemplaires

 

Tirage de tête numéroté à 33 exemplaires

« L’art des condoléances »

 

Prix Gustav Meyrink 2021 – Philippe Aubert de Molay

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L’art des condoléances

Un livre de Philippe Aubert de Molay

[EXTRAIT] Mais surtout, à la lueur blanche des lampes de fortune à kérosène, on s’est instruit, on a expliqué le monde d’avant aux jeunes. Et celui qui venait malgré notre refus. On a chéri les livres qu’on pouvait sauver des bibliothèques bombardées. Un soir d’hiver autour du braséro, une gamine de seize ans belle comme la révolution est arrivée avec un volume en piteux état dans les mains mais bon on pouvait sauver ce livre. En tendant son exemplaire vers moi elle a dit c’est quoi ça tu connais ? J’ai vu que c’était La Fée aux miettes, le fameux roman fantastique de Charles Nodier.

  • C’est un trésor, j’ai répondu.

Alors elle a souri, elle était si contente et si fière d’avoir trouvé un trésor.

Et, incroyable mais vrai, cette petite jeune son prénom c’était…Adèle ! – Véridique – son prénom c’était Adèle. Alors j’ai re-raconté la blague sur Adèle et on rit de bon cœur, tous autant qu’on était autour du braséro. Fraternité. Puis quelqu’un s’est proposé pour lire à haute voix La Fée aux miettes et dans le craquement de notre feu de vieilles planches, c’était beau. C’était comme une prière. La mort au bout de la route c’est pas si grave si t’as eu la chance d’avoir des livres autour de toi. Pas besoin d’aller bien loin pour se sentir à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.

J’ai aimé cette année de lutte. J’avais le sentiment plein et entier d’avoir trouvé ma place. Pour la première fois de ma vie, parmi mes camarades. Et ils aimaient que je leur raconte des histoires de francs-maçons et de rose-croix, de sociétés secrètes et d’alchimie. L’un d’eux a dit un jour : nous les mouristes, on est une société secrète en fin de compte, on sait que le monde est autre.

La répression a été féroce. C’est que nos idées anti-amplificatrices pouvaient subvertir quelques citoyens de notre république, en particulier les asociaux qui éprouvaient un vilain doute devant la pertinence d’une vie dédiée dans son entièreté aux voitures de luxe, aux smartphones coûtant un salaire et aux dimanches dans les centres commerciaux climatisés. Toutefois nos ennemis se sont trouvés devant un problème réputé insoluble : s’ils nous tuaient, ils nous exauçaient. L’immortalité serait niée.

Alors ils ont eu une idée.

Pour nous éradiquer sans tuer notre corps.

Pour nous le prendre et le vendre à d’autres.

En comprenant leur plan, j’ai eu la preuve que ce qu’écrivait autrefois l’immortel – pour le coup, là c’est plus que justifié – Shakespeare était vrai : l’enfer n’existe pas, tous les démons sont ici.

Mon crime premier, outre celui annexe de rébellion : avoir refusé l’immortalité. Capturé par les forces anti-mouristes après une magnifique année de cavale, je vais périr. En punition de mon obstination : le transfert spécial. Pour bien marquer les esprits et ôter (…)

 

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