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• E-BOOK // Eugène Canseliet – Philosophe hermétique (1899-1982)
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DU SCRIPTORIUM À LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE // ARQA 2.0
ALCHIMIE | PHYSIQUE QUANTIQUE | SPAGYRIE
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« Eugène Canseliet – Philosophe hermétique », ce titre, sujet de la maîtrise soutenue par Cédric Mannu, à Paris IV la Sorbonne, représente un travail important qui aura exigé maintes recherches et rencontres. Travail de longue haleine, méticuleux, réclamant application et ténacité. Il fallait, assurément, que cet ouvrage parût. »
Béatrix Canseliet
Qui était vraiment Eugène Canseliet – Alchimiste et unique disciple de Fulcanelli ? Si pour beaucoup Canseliet restera dans l’histoire de l’Alchimie comme celui qui, en 1922, sous la direction de son Maître, opéra une transmutation de plomb en cent vingt grammes d’or, dans l’usine à gaz de Sarcelles ; pour les autres, les connaisseurs et les érudits, le disciple de Fulcanelli est avant tout un « passeur », un témoin exceptionnel d’une histoire magique et d’une époque révolue qui prend désormais ancrage dans la Belle Epoque, autour du célèbre cabaret du Chat Noir de Rodolphe Salis et des salons huppés de l’avenue Montaigne de la Famille de Lesseps. Né le 18 décembre 1899, à Sarcelles, Eugène Canseliet s’est éteint en 1982, après plus de soixante années ininterrompues entièrement consacrées à la philosophie Hermétique, au symbolisme Traditionnel, à l’écriture quasi quotidienne ainsi qu’à la pratique assidue, au fourneau, de l’Alchimie ancestrale, dont il n’a cessé durant toutes ces années de vanter la haute métaphysique. Celui que l’on nommait à la fin de sa vie : « le Maître de Savignies » fut, sans doute, non seulement le rédacteur privilégié de Fulcanelli pour « Le Mystère des Cathédrales » et « Les Demeures Philosophales » mais aussi le préfacier reconnu de ces mêmes ouvrages. Canseliet a durant toute sa vie pratiqué l’Alchimie, selon la formule consacrée, comme une « Science de la Vie » et écrit outre ses ouvrages de référence des centaines d’articles sur cette pratique dans de très nombreuses revues, a également aidé et guidé de multiples adeptes tentant le Grand Œuvre, tous alchimistes, qui furent à bien des égards, sinon des disciples, tout au moins sa succession philosophique, car il ne pouvait en être autrement – La Tradition Hermétique qui est avant tout transmission se doit de laisser couler la source et l’énergie, partout en son mystère – « si Dieu le feu ». Préface de Béatrix Canseliet – (386 pages) – ISBN 2-7551-0052 -4.
(sommaire)
Préface de Béatrix Canseliet – Avant-Propos – Chronologie – Jeunesse (1899-1935) – I – Les années d’enfance – Un père compagnon – Une éducation catholique – Le goût du mystère – La découverte de l’Alchimie – II – Auprès de Fulcanelli – La rencontre – Marseille – Fulcanelli – Canseliet et la première guerre mondiale – Une sociabilité secrète – Le mensonge nécessaire – L’apprentissage – L’apprentissage à Paris – Les débuts au fourneau – La rédaction des ouvrages et le retrait du Maître – Mahmoud Mohtar Pacha – III – Avec Jean-Julien Champagne – Une relation double – Les mystifications – L’occultisme des années trente – La collaboration avec Schwaller – Le Grand Lunaire – Les tests de l’emplâtre – IV – Les milieux hermétistes – Les Voyages en Kaléidoscope – Raymond Roussel chez de Lesseps – La correspondance entre Pierre Frondaie et Raymond Roussel : les placets de Paracelse et l’alchimiste Bacon – Raymond Roussel, hermétiste – L’émeraud – L’écu final du Mystère des Cathédrales – Le monde littéraire – Un philosophe en retrait (1935-1962) – I – Les Deux Logis Alchimiques – Chronique d’une œuvre – Les travaux au laboratoire depuis 1932 – La coction or-mercure – La coction de 1938 – Pertes et vols – II – ATLANTIS, Paul Le Cour – Paul Le Cour – L’apparition d’Arsinoë – III – Une amitié extraordinaire : Philéas Lebesgue – Souvenirs d’un agriculteur – L’Alchimiste du Verbe – IV – Le Voyage en Espagne – V – René Alleau, André Breton et le surréalisme – Les Douze Clefs de la Philosophie – L’alchimie d’après André Breton – La Rencontre – Le surréalisme selon Eugène Canseliet – Le » plus vieil étudiant de France » (1962-1982) – I – L’Omnium Littéraire de J. Lavritch – II – Du Mutus Liber a la réédition des Deux Logis – Chez Jean-Jacques Pauvert – Les médias – III – L’infarctus – IV – Le cercle d’amis – V – Les dernières années – Les vols – Tentatives de succession – VI – Une » Mission » Publique – VII – Une personnalité insolite – La nécessité du mystère – L’aristocratie – Réalisme et langage – VIII – La famille – Entre chien et loup – Le mécénat – Dénoncer avec humour – Gaston Bachelard – Les Américains – L’art de la patience – Érudit, peintre et écrivain – I – La Langue des Oiseaux – Une langue aux noms multiples – Le français dérive-t-il du grec.
VOIR LA PRÉSENTATION SUR LE BLOG des ÉDITIONS ARQA :
Biographie de Cédric MANNU //
> ALCHIMIE #11 – Eugène CANSELIET
DEUX TEXTES INEDITS de Cédric MANNU //
> ALCHIMIE #12 – Eugène CANSELIET et le Merveilleux
> ALCHIMIE #13 – Eugène CANSELIET au Laboratoire
(extrait)
« En me sollicitant pour préfacer sa maîtrise, que j’ai lue attentivement avant de m’engager, Cédric Mannu, nous livre une réflexion étudiée et approfondie. Il nous épargne les opinions hâtives et fausses précédemment proposées par divers auteurs en quête de sensations toutes aussi saugrenues. Son analyse ne cherche pas, systématiquement, à étiqueter ce Grand Mystère. Il me plait de répéter après lui : – Eugène Canseliet ; philosophe hermétique, et de poursuivre… imprégné de noblesse et d’une prodigieuse érudition. »
Béatrix Canseliet
« … Quand Le Mystère des Cathédrales fut rédigé, en 1922, Fulcanelli n’avait pas reçu Le Don de Dieu, mais il était si près de l’Illumination suprême qu’il jugea nécessaire d’attendre et de garder l’anonymat, par lui, d’ailleurs, constamment observé, plus encore peut-être, par inclination de caractère qu’en souci d’obédience rigoureuse à la règle du secret. » Cette phrase s’applique aussi, dans une moindre mesure, à Eugène Canseliet, car, de son vivant, on ignora tout ou presque, d’un homme qui fut un moteur essentiel pour la renaissance de l’alchimie au XXe siècle.
Mais, avant de reconstituer la vie et la sociabilité d’Eugène Canseliet, qui peuvent permettre de rendre compte de l’homme et de son œuvre, il nous reste à tenter de définir l’alchimie, qui fut l’essentiel de sa vie, selon les aveux répétés de Canseliet lui-même. « Je ne suis pas tellement important […] Oui, c’est ça, ce n’est pas moi, en vérité vous avez raison, ce n’est pas à moi-même que je dois, non pas la gloire, non, mais tout au moins une certaine célébrité […] voilà, c’est à l’alchimie que je le dois parce que, et savez-vous tout de même que, depuis, disons, depuis Le Mystère des Cathédrales en 27, j’ai tout de même maintenu l’étendard, l’étendard rouge de l’alchimie pendant trente ans tout seul, au milieu de la mêlée, alors que personne ne s’y arrêtait. »
L’alchimie doit être différenciée de la chimie, de la spagyrie, de l’archimie et de l’hyperchimie. Depuis Fulcanelli, on écrit spagyrie avec un «y » mais on lisait aussi bien, à son époque, spagirie qui vient des mots grec : « j’extrais » et « rassembler » – « […] l’aïeule réelle de notre chimie est l’ancienne spagyrie […] Quant aux archimistes, ils formaient une catégorie spéciale, plus restreinte, plus obscure aussi, parmi les chimistes anciens. Le but qu’ils poursuivaient présentait quelque analogie avec celui des alchimistes, mais les matériaux et les moyens dont ils disposaient pour l’atteindre étaient uniquement des moyens et des matériaux chimiques. » Canseliet a conservé cette très importante distinction jusque dans ses derniers textes : « Voici les deux forces que Doctor illuminatus voulut nettement distinguer : l’une, à gauche, est celle de l’alchimie ; l’autre, à droite, est celle de la spagyrie. Raymond Lulle, à qui l’empirique chimie doit tant de primordiales découvertes, s’appliquait fort à la seconde, de sorte qu’il connaissait la menace, qu’elle allumât, sur la terre des hommes, l’impitoyable feu de la géhenne. » Quant à l’hyperchimie, elle fut le résultat d’une tentative de compréhension des textes hermétiques au moyen des dernières découvertes physiques et chimiques. « René Alleau met tout le monde d’accord, mages, chimistes, voire hyperchimistes, qui, de toute évidence ne tireront jamais quoi que ce soit de réel des traités les plus véritables […]. » Cette distinction a été confirmée depuis dans de nombreuses parutions à caractère universitaire. « L’alchimie a longtemps été confondue avec l’occultisme, la magie et même la sorcellerie. Au mieux, on la réduisait à un ensemble de techniques artisanales préchimiques ayant pour objet la composition des teintures, la fabrication synthétique des gemmes et des métaux précieux. Au siècle dernier encore, Marcelin Berthelot ne voyait dans les opérations alchimiques que des expériences de chimie, dont l’objet principal était la recherche de la synthèse de l’or. Afin d’échapper aux enquêtes de police ou pour masquer leurs échecs, les alchimistes auraient usé d’un langage chiffré dont seuls les adeptes possédaient la clef. On en faisait ainsi soit des faux-monnayeurs soit des imposteurs. La découverte des textes alchimiques chinois, en particulier, est venue ruiner cette conception. […]
Toutefois, si l’alchimie n’a pas été une préchimie, elle ne fut pas davantage une « préphysique nucléaire ». […] À notre époque, les alchimistes ont ajouté à cette liste [d’alchimistes] le pseudonyme déjà célèbre d’un adepte inconnu : Fulcanelli, dont l’œuvre majeure, Les Demeures philosophales, publiée en 1930 dans sa première édition, a éclairé profondément les études alchimiques traditionnelles. » L’alchimie n’est donc ni une pré-chimie, ni une hyperchimie. Elle n’a pas pour but de fabriquer de l’or. Et pourtant, cette voie, pleine d’aspects religieux, conduit à des travaux sur la matière. Eugène Canseliet donne plusieurs définitions de cette science traditionnelle. « L’alchimie relève, précisément, de cet état de conscience ou de grâce réelle, qui s’harmonise, chez le sage, avec la féconde dualité Amour et Connaissance, génératrice du permanent désir d’amélioration. L’antique discipline consiste donc à séparer sans cesse le faux de toute idée, l’impur de toute chose, qui, par conséquent et lentement, progressent vers le sublime et la pureté. C’est exactement ce que dit Martinus Rulandus dans son Lexicon Alchemiae : « Alchimia est separatio impuri a substantia puriore. » […] Nous avons développé, au début de notre Introduction, la définition lapidaire que Martin Ruland mentionna dans son Lexicon : l’alchimie est la séparation de l’impur de la substance plus pure. » (12) Cette définition découle en droite ligne des écrits de Paracelse. Cette définition mérite d’être comparée à une anecdote, rapportée par Jacques d’Arès, ancien rédacteur en chef de la revue Atlantis, fondée par Paul Le Cour, lors d’une émission radiophonique, en compagnie de Raoul Vergez, compagnon du Tour de France. Le journaliste lui demanda une définition de l’alchimie, et pris sur le vif, Jacques d’Arès dit : « l’alchimie, c’est la science de la vie. ». Après l’émission, Eugène Canseliet, qui l’avait écouté, lui téléphona et le félicita de sa trouvaille. Sans le savoir, Jacques d’Arès avait retrouvé une définition que plusieurs traités n’hésitent pas à employer. « Le premier pas que doit faire celui qui désire parvenir à la connaissance de la Nature est d’examiner, avec la plus grande attention, comment et de quoi prennent naissance toutes les choses naturelles, telles que les météores, les animaux, les végétaux et les minéraux ; comment elles se conservent et comment elles se détruisent. » Par la suite, Eugène Canseliet ne cessa de l’employer conjointement à celle de Martin Ruland. On voit que l’alchimie, pour lui, relève d’un mystère de la conscience et d’une recherche qui ne peut se résumer à une réaction chimique. Pour Eugène Canseliet, ainsi que cela apparaît dans tous les textes, la pierre philosophale est à différencier de la poudre de projection, qui transforme les métaux en or ou en argent. Cette transmutation est un test dans le domaine métallique, pour lequel l’or et l’argent sont les deux substances constituant la finalité présente, et non intemporelle, de la nature. La pierre, elle, permet d’accéder à « l’Illumination, l’Éternel Présent », en transformant l’homme, qui accède ainsi à sa finalité actuelle dans le monde.
L’alchimie fut au cœur de la vie d’Eugène Canseliet. Elle motiva l’essentiel de ses rencontres, et provoqua une sociabilité toute particulière, parfois secrète ou initiatique, parfois publique. Elle laisse son empreinte indélébile dans l’histoire personnelle d’Eugène Canseliet, mais elle a aussi contribué à façonner très fortement le caractère de l’homme, et influence toute son œuvre, écrite, peinte, sculptée ou réalisée en laboratoire. Il faut donc souligner, dès l’introduction, la définition très précise de l’alchimie, selon Eugène Canseliet, pour essayer de comprendre (…).
Cédric Mannu
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