Description

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LA SOCIÉTÉ ANGÉLIQUE – TOME 3

Auteur – Patrick BERLIER

9-3.jpg Patrick Berlier après avoir entrepris aux éditions Arqa, en deux tomes, une première présentation de la Société Angélique, mystérieuse et ténébreuse société secrète lyonnaise de la Renaissance, nous convie à continuer avec lui le déroulement d’un parcours ô combien singulier. Autant le dire tout de suite, tous les documents publiés dans cet ouvrage sont totalement inconnus et n’ont encore jamais été mis en avant dans les précédentes études de l’auteur. En effet, on retrouvera ici un portrait original de Nicolas de Langes, déniché par Patrick Berlier : la charte de mariage de Nicolas de Langes datée de 1521, l’emplacement des différentes maisons de Nicolas de Langes dans le vieux Lyon, découvertes au cadastre de la ville, son lieu de naissance véritable aussi… En fin limier de l’Histoire et de la Tradition, l’auteur reconstitue patiemment un puzzle considérable façonné de très nombreuses pièces, de figures d’imprimeurs humanistes de la Renaissance comme Etienne Dolet ou Sébastien Gryphe, mais aussi de paysages énigmatiques et de silhouettes anciennes restées malencontreusement dans la pénombre jusqu’à ce jour… Une mine d’informations extraordinaires et de dossiers jamais publiés, puisés aux archives de la ville de Lyon, que ce nouvel ouvrage sur la Société Angélique, seule société secrète à avoir ainsi passé la barre du Temps, sans heurts, ni malheurs…

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Fort heureusement en veilleur de l’intemporel, Patrick Berlier nous livre aujourd’hui le résultat de trois ans de recherches totalement inédites. Un livre éclatant, empli d’anecdotes, avec une documentation sans faille. Un cahier iconographique très abondant illustre en annexe l’ouvrage de Patrick Berlier.

Du nouveau donc, sur la Société Angélique…

334 pages

ISBN 2755100587

Voir aussi //

Entretien avec Patrick BERLIER // La Société Angélique # 1

Patrick BERLIER – La Société Angélique – Documents inédits #2

Patrick BERLIER – La Société Angélique – Documents inédits #3

 

(extrait)

LA SOCIÉTÉ ANGÉLIQUE
EXPLIQUEE PAR LES TEXTES

7-7.jpg L’existence de la Société Angélique, et des groupes qui l’ont devancée, nous a été délivrée par un certain nombre de textes, formant autant de sources qu’il a fallu croiser, comparer et vérifier. Avant d’entrer véritablement dans le récit des évènements de la Renaissance lyonnaise qui ont abouti à sa fondation, commençons par éclairer notre sujet à la lumière de ces textes, qui expliqueront de quelle manière s’est structurée notre progression intellectuelle dans la connaissance de cette société secrète d’imprimeurs et d’humanistes.

Exposée sans doute de manière cryptée dans les œuvres de ses contemporains, la Société Angélique n’a été révélée clairement, à un public de connaisseurs, qu’au XIXe siècle, en particulier par les multiples articles d’un érudit nommé Claude-Sosthène Grasset d’Orcet. Nous commencerons donc par là. Répartis dans l’ensemble de son œuvre féconde (composée d’articles parus dans la Revue Britannique ou dans la Nouvelle Revue), une dizaine d’entrefilets dissèquent son existence, ses origines et ses buts. Dans le premier, consacré au Songe de Poliphile et publié en 1881, il évoque ces multiples cénacles de savants et d’artistes que connut la Renaissance :
« …tel que celui que le grand imprimeur lyonnais Gryphe avait fondé sous le nom de Société Angélique, ce qui indique une société placée sous le patronage ultra-maçonnique de saint Gilles, dont les adeptes avaient pris pour cimier une tête d’ange (chef angel). »

Puis trois ans plus tard, dans son article Les Ménestrels de Morvan et de Murcie, il précise :

« En dehors des franchises ou bourgeoisies, il existait bien quelques sociétés particulières, organisées maçonniquement, comme la société angélique dont Rabelais faisait partie. Mais c’étaient des cercles littéraires, sans existence légale, qui n’avaient de communication avec les franchises nationales que parce qu’elles étaient composées de maîtres appartenant à diverses corporations. »

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Ces deux citations figurent parmi les premières mentions de la Société Angélique dans l’œuvre de Grasset d’Orcet. On sent qu’il connaît à fond le sujet, mais il n’en dit pas trop. Tout au plus nous précise-t-il qu’il s’agit d’un « cercle littéraire. » Il emploiera même dans un autre article, et ce détail est particulièrement important, l’expression « académie littéraire. » Il signale cependant que la société était « placée sous le patronage de saint Gilles. » Il faut comprendre, et il le précisera ultérieurement, que par cette expression on désignait les maîtres des corporations de graveurs, que l’essor de l’imprimerie avait rendus très puissants, et que l’on nommait les Gilpins, Saint-Gilpins, Saint-Gilles ou Saingiles.

En 1886, revenant précisément sur le thème de l’imprimerie à Lyon dans un article consacré au Premier livre de Rabelais, Grasset d’Orcet nous livre l’information la plus aboutie sur la Société Angélique :
« L’ancienne cité impériale [Lyon] était, vers le milieu du XVIe siècle […] un centre local de vie intellectuelle qui rivalisait avec la capitale. Le grand imprimeur allemand Gryphe venait de s’y établir. […] Autour de lui s’était groupée une pléiade de savants et de littérateurs qui s’intitulait la Société angélique. Inutile de dire qu’il ne faut pas interpréter ce mot dans le sens séraphique qu’il a pris dans notre langage moderne. Aggelos signifie réellement un messager, un porteur de nouvelles ; la Société angélique de Gryphe était juste aussi angélique que l’agence Havas. On la nommerait aujourd’hui une agence de correspondance. Seulement, dans un temps où Pantagruel prenait si aisément les gens de lettres à la gorge, il fallait rédiger les correspondances dans un style tout particulier, qui se nommait alors le lanternois, le patelinage ou le grimoire. »

On apprend ainsi deux informations capitales : le rôle d’un imprimeur nommé Gryphe dans la fondation de la Société Angélique, et le fait que cette société organisait la correspondance (de ses adeptes, cela va sans dire) selon un mode codifié connu sous le nom de « lanternois, patelinage ou grimoire », utilisant le principe des consonnes fixes et des voyelles permutantes. À ce sujet, Grasset d’Orcet signalera, à titre d’exemple, dans un autre entrefilet, et de manière plus explicite que dans le premier (…).

Photos – Patrick BERLIER – ARQA éditions 2012