« Il faut Essencier dans l’Existence, pour Exister dans l’Essence. »
Jacques BREYER
Jacques Breyer et La Vierge noire
Un texte inédit d’Albert Champeau
* * *
Sur le plan de la dialectique, « Vierge Noire » est une association de mots antinomique qui bouscule apparemment la logique puisqu’elle unit la pureté virginale et la noirceur du péché. Ce qui semble, au premier abord, plutôt paradoxal.En fait, ce mélange de genres a une justification métaphysique que Jacques Breyer expose magistralement dans son exposé sur l’Apparition des Mondes dans l’Univers.
Parce que le Geste direct de Dieu s’arrête à un seuil : l’Infini Achevé, Dieu qui Différencie son Indifférenciable engendre une Matrice Universelle. Voici des Noces Alchimiques au Sommet, entre Lui et Elle, entre deux Entités : Géniteur et Matrice, « Deux en Un » qui constituent le « Personnage » Total de la Création Parachevée.
Elle, c’est l’Être-Relativité : la Vierge Universelle, une autre Puissance Créatrice, engendrée par Densification admirative. Cette Immaculée Conception qui jouit de toutes les Vertus et Dons Divins, Crée à l’Infini de Soi dans un Instant Perpétuel une infinité de Mondes sidéraux, Fruits de ses entrailles.
En tant que Puissance Céleste, le ciel de l’Univers étant sa « tunique », sa couleur de Noblesse sera le bleu d’azur. Un bleu clair et nullement indigo parce que la Vierge Universelle est Lumineuse. Ce bleu « marial » correspond à la Noblesse spirituelle des Élus du Temple de Dieu qui peuplent la dimension de la Survie, que la Tradition qualifie de « sang bleu ».
Par la Vierge Universelle, Ouvrière du Grand Œuvre Divin et Représentative de la Loi de Création, Dieu projette son Œuvre jusqu’au zénith de l’Existentiel, s’arrêtant à un ordre des choses « concrétisées » uniquement sur un plan mental, abstrait, immaculé, c’est-à-dire avant le Fiat Lux, passage de l’Unité à la Dualité, de l’Invisible au Visible.
Ainsi, notre Mère-Terrestre apparaît sur la Toile fond des Mondes à partir d’une Densification de la Nature Essentielle de la Vierge Universelle, qui la Conçoit coagulant son Éther Cristallin en un « Point » précis, au sein d’une galaxie et d’un système solaire.
Par conséquent, Notre-Dame dont la Nativité immatérielle se traduit par une bulle d’Éther, un « Noyau » saturé d’Esprit Divin est Vierge de par Dieu. C’est est une autre Immaculée Conception Émanée directement de la Vierge Universelle, jouissant par là d’une Pureté native, d’une Candeur de base, essentiellement Angélique.
Détentrice de la Loi en sa sphère, et donc contenant l’Expression même de Dieu, au regard de la Tradition, elle est considérée comme une Divinité Cosmique, « Servante » et « Mère de Dieu »… qui se convertira en « Isis », une Vierge « Noire », parce que elle est Signée de sa Création : l’Élément TERRE, le Solide, un « noir » en symbolique.
Porteuse en ses Architectures constitutives de la Puissance du Très-Haut, son Père, Époux, et Fils, à la fois, précise Jacques Breyer, Notre-Dame la Terre est tout un Royaume qui dispose à son échelle microcosmique de l’Impulsion Créatrice, reçue au Naissant, pour devenir Matrice et Géniteur à son tour, et Engendrer par elle-même : comme un « Dieu ».
D’où sa Virginité Mariale, une symbolique chère à l’Ordre du Temple, où Notre-Dame est considérée comme Divine Protectrice et Symbole de fécondité.
Enfin, si cette Matrice Divine engendre la Matière Terrestre, ce Mouvement s’inscrit dans un Processus Lucifuge, où la Matière se créée elle-même à partir d’un seuil en « Dieu » qui n’est plus « Dieu » dans son Essence Inaltérable et Pureté Absolue.
Ici, l’Extase Créatrice qui anime Notre-Dame se répercute alors dans ses Architectures intérieures, en cascade, par loi d’Échos et jeux de Ressacs, déchoit de sa Pureté Absolue se colorant de nuances fallacieuses.
Une fois que la Dualité inscrit le Principe de la Relativité, autorisant l’Obstacle, le Reflet, l’Ombre, l’Impureté, dans ses Architectures constitutives,alors apparaissent les premières Ténèbres qui, par Déterminisme, répètent l’Impulsion Reçue, et la Genèse devient une Retombée créatrice, une seconde création, apparue successivement,quelque part « abandonnée » à sa propre course, dans un état de déréliction voulue, dans une simple absence, où Dieu se retire et « condamne » la Matière à l’épreuve de son propre libre-arbitre.
La Chute « édénique » ne concerne donc pas l’Homme, mais des jeux d’Architectures qui vont être plus loin le « dieu » direct de l’Homme, son Causal, et ce,sans orgueil ni révolte.
Si le genre humain a été « infecté » ce n’est pas par le péché, mais bien par nature et condition, et si l’essentiel du « péché métaphysique » apparaît comme une révolte contre Dieu, cette apostasie n’est que purement symbolique.
En créant, de manière lointaine, des êtres libres, donc corruptibles et périssables, susceptibles d’être privés de leurs perfections naturelles, Dieu permet et rend possible le Mal par l’épreuve de la liberté et donc du choix.
Le péché est donc bien dans l’ordre de la nature, nullement dans une Vierge qui pourrait être « Noire »,« Négative » et Porteuse du Mal. Le péché est surtout dans l’ordre de la liberté, parce que le pécheur se damne seul par ses choix et son initiative absolue, sans pouvoir atteindre « Dieu », qui, par Essence, échappe à tout… dans l’invulnérabilité de son Ciel.
Il n’y a aucune hérésie à ce que Isis soit à la fois Vierge et Noire, cette « Dame » souterraine détentrice et Gardienne du Feu Sacré (Agni) jusqu’au plus profond de ses Ténèbres, afin de pouvoir devenir le Tremplin d’Assomption, Rédempteur de la Chute.
Albert Champeau © – Chroniques de Mars – Mars 2021.
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