ARCANES POLAIRES – SYMBOLES de la SCIENCE SACRÉE
Paul-Georges Sansonetti est un auteur d’exception, né le 7 décembre 1941, universitaire de formation, diplômé en Sciences Religieuses, il a été chargé de conférences durant huit années à l’École Pratique des Hautes-Études à la Sorbonne (EPHE), spécialiste de la littérature comparée aux Mythologies, au Cinéma et aux Art graphiques, il est l’auteur de nombreux ouvrages de grande érudition traitant avec une analyse originale tous les domaines spirituels issus de la Tradition Primordiale. Dans le cadre de la sortie de son livre « Arcanes Polaires – Symboles de la Science sacrée », publié ce mois-ci aux éditions Arqa, Paul-Georges Sansonetti a bien voulu, dans un long entretien qu’il nous a accordé, répondre en détails à toutes les questions que nous lui avons posées pour notre WebZine des « Chroniques de Mars ». Nous le remercions ici vivement, au nom de tous nos lecteurs, de toutes ces précisions essentielles sur la Tradition pérenne et de son aimable collaboration.
Thierry E. Garnier // Les Chroniques de Mars © – mars 2020.
Les Chroniques de Mars // Un des concepts forts de votre ouvrage concerne ce que vous avez appelé « LE SECRET POLAIRE DES TEMPLIERS »… René Guénon, le premier, dans un article publié en 1929 et intitulé « Les Gardiens de la Terre Sainte », avait ouvert la voie en indiquant de façon non équivoque que L’Ordre du Temple possédait ontologiquement une dimension hautement spirituelle dont la fonctionnalité conservée secrète faisait référence précisément à la notion de « Centre suprême ». Pour tout vous dire, je suis en accord total avec ce concept parfaitement évoqué par Guénon et par la thèse absolument lumineuse que vous déroulez avec brio à sa suite dans le chapitre consacré à ce sujet…
LE DERNIER LIVRE DE PAUL-GEORGES SANSONETTI
Vous n’hésitez pas écrire d’ailleurs que : « Bien antérieurement à ce Moyen-Orient qui devait servir de décor à la manifestation christique, la véritable « Terre Sainte » renvoyait au thème de l’Hyperborée et, donc, au Pôle ». Pouvez-vous en restant simplement axé sur un seul exemple, pour ne pas déflorer trop votre livre, évoquer le fameux sceau du Temple dit « aux deux cavaliers » mis en relation avec le non moins fameux bas-relief des Gémeaux de Chartres, ou le « bouclier unique » partagé par les gémeaux fait sens et symbolise parfaitement d’une certaine manière le « cheval unique » figuré sur le sceau. Pouvez-vous développer un peu ce symbole précisément… ?
Paul-Georges Sansonetti // La fascination exercée, depuis des siècles (et même depuis sa disparition), par l’Ordre du Temple suffirait à montrer combien est profonde sa résonnance spirituelle. Encore une fois, loin de tout chauvinisme, cet Ordre ne pouvait qu’apparaître en France même s’il était destiné à installer des commanderies ailleurs en Europe. Avec ces preux, détenteurs des secrets du passé païen et, bien entendu, de l’ésotérisme chrétien, on est à la confluence de ces deux religiosités qui a pour nom la terre originelle de l’âge d’Or ; autrement dit, le continent primordial où aurait été élaboré non pas un premier modèle de civilisation mais le modèle idéal, archétypal, de toute les civilisations appelées à apparaître partout sur le continent eurasiatique mais aussi en Égypte et dans le monde amérindien. Je ne parle pas de l’Afrique noire et de l’Océanie car mes connaissances en la matière sont des plus lacunaires et je passe bien volontiers le relai à d’autres, plus compétents dans ces domaines.
Complémentairement au thème de la « terre originelle », l’Hyperborée des Grecs, la Tir Nan Og (« Terre de la Jeunesse » ; sous-entendu, de l’éternelle jeunesse) des Celtes d’Irlande, intervient dans l’emblématique templière, celui – également essentiel ! – de l’ « être double » de l’âge primordial. Disons que la supra-humanité du commencement vivait le fait de posséder un corps de chair et un corps de lumière comme étant une normalité. Avec l’involution, durant des dizaines de millénaire, alors que l’âge d’Or avait disparu, les circonstances firent que les êtres privilégièrent progressivement leur composante physique et finirent par oublier l’existence de leur dimension lumineuse. Trois mythes évoquent l’« être double ». D’abord celui, iranien, de Yima (le Yama de l’indouisme), roi d’un âge d’Or se déroulant dans les régions boréales. Son nom signifiant « Jumeau » évoque l’être double, mortel et immortel. Comme Castor et Pollux, second mythe, les jumeaux du zodiaque, représentés au portail occidental de la cathédrale de Chartres.
Enfin, troisième mythe, au commencement de la religiosité germanique, comme le rappelle Tacite (dans son De Germania, chapitre II), le personnage de Tuisto dont le nom est à rapprocher de l’allemand zwei et de l’anglais twin. Ce qui permet de comprendre la signification occultée du célèbre sceau templier montrant deux cavaliers sur un même cheval.
René Guénon avait interprété cette image de la façon suivante : le cheval figure le corps physique guidé par les deux chevaucheurs que sont l’âme et l’esprit. Mais on peut aussi dire que le cheval est la « cavale » (= la « cabale », la connaissance ésotérique) qui porte l’être double, mortel (par son corps physique) et immortel (par son Double ou corps subtil). La clef est donnée par le motif héraldique décorant les écus des deux « cabaliers » : le motif « gironné » juxtaposant une croix grecque et une croix de saint André, en X. Même motif que l’homme double dessiné par Léonard de Vinci. Chose amusante, c’est un motif semblable formé des deux croix qui est l’emblème de l’Ordre Jedi, dans Star Wars, comme on peut le voir sur les astronefs au début du film intitulé La Revanche des Siths. Mais les afficionados un peu cultivé de Star Wars savent que l’Ordre Jedi doit beaucoup aux Templiers !
(à suivre…)
INTERVIEW de Paul-Georges Sansonetti par Thierry E. Garnier – © K2Mars – Mars 2020.
• ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 1 # – Arcanes Polaires – Aperçus biographiques
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