ARCANES POLAIRES – SYMBOLES de la SCIENCE SACRÉE

Paul-Georges Sansonetti est un auteur d’exception, né le 7 décembre 1941, universitaire de formation, diplômé en Sciences Religieuses, il a été chargé de conférences durant huit années à l’École Pratique des Hautes-Études à la Sorbonne (EPHE), spécialiste de la littérature comparée aux Mythologies, au Cinéma et aux Art graphiques, il est l’auteur de nombreux ouvrages de grande érudition traitant avec une analyse originale tous les domaines spirituels issus de la Tradition Primordiale. Dans le cadre de la sortie de son livre « Arcanes Polaires – Symboles de la Science sacrée », publié ce mois-ci aux éditions Arqa, Paul-Georges Sansonetti a bien voulu, dans un long entretien qu’il nous a accordé, répondre en détails à toutes les questions que nous lui avons posées pour notre WebZine des « Chroniques de Mars ». Nous le remercions ici vivement, au nom de tous nos lecteurs, de toutes ces précisions essentielles sur la Tradition pérenne et de son aimable collaboration.

Thierry E. Garnier // Les Chroniques de Mars © – mars 2020.

 


Les Chroniques de Mars // Il me faut aussi vous interroger sur une de vos grandes passions qui est très présente dans votre livre, ce sont les Runes… Pouvez-vous nous expliquer en quoi elles sont si précieuses pour décoder la Tradition polaire – et pouvez-vous nous parler un peu du FUTHARK à 24 signes, de son histoire et de sa fonctionnalité symbolique ? Quelle est la Rune qui parle le mieux du Pôle ?

 LE DERNIER LIVRE DE PAUL-GEORGES SANSONETTI

Paul-Georges Sansonetti // Commençons par un résumé sur l’historique des runes. Depuis la découverte de la fibule (agrafe) de Meldorf (Schleswig-Holstein, Allemagne), on sait que cette écriture apparaît approximativement au milieu du premier siècle de notre ère. Le modèle de ladite fibule permet la datation. La plupart des runologues universitaires s’accordent à reconnaître que les concepteurs du fuþark – dénomination de l’écriture runique par ses six premières lettres –  se seraient inspirés des caractères étrusques ou rhétiques (autrement dit, appartenant à la région alpine comprise entre le Danube et le Rhin).

Nous sommes un certain nombre à ne pas le croire et tout particulièrement parce que l’ordre des lettres ne suit pas la disposition des signes du protosinaïtique – a, b, c, d, etc… – comme le phénicien, l’hébreu, le grec, le latin. Le fuþark commence par la lettre f et, ainsi que je l’ai montré dans un ouvrage (Les Runes et la Tradition primordiale, actuellement en réédition chez Art et Histoire d’Europe), il y a une excellente raison à cela qu’il ne nous est pas possible d’expliciter ici.

Disons que le f , en rotation sur lui-même, permet de tracer deux cercles concentriques centrés par un point. Image idéale d’un commencement : songez un instant à la signification métaphysique qu’inspire une pierre jetée dans une eau calme et provoquant des cercles concentriques : un déploiement circulaire dans l’espace et le temps à partir d’un point. Pour Nous, chaque Rune est l’un des symboles fondamentaux. Le premier fuþark est un ensemble de vingt-quatre signes, autant que d’heures dans la journée. Mais, précisément, les Runes sont les instruments pour nous extraire du temps. Je sais parfaitement que cette formulation provoquerait une crise de nerfs chez certains de ceux que le très regretté Jean Phaure  dénommait, avec un humour aux allures de hache d’arme, « les Désagrégés de la Sorbonne »…

Ce que je me suis efforcé de montrer c’est que le système runique contiendrait tout ce qui constitue notre identité la plus profonde d’Européen. Les Runes seraient, non pas apparues mais réapparues alors que commençait l’ère des Poissons (les 2.000 dernières années des 6.000 ans du Kali yuga) et qu’en Galilée, selon la formule de Jean, « le Verbe s’est fait chair ». Or, comme toute écriture, les Runes sont une expression du Verbe. Mais, en fait, les Runes seraient incroyablement plus anciennes. Deux runologues parmi les plus éminents, Wolfgang Krause et surtout Helmut Arntz, démontrèrent que les caractères runiques dérivaient d’un ensemble de signes présent au Mésolithique puis au Néolithique en Europe : Scandinavie, Italie (Val Camonica), France (Vallée des Merveilles). Signes en rapport avec l’Arbre de vie, le taureau, le cerf (ou le renne, l’élan), le cheval, l’homme, les armes (lance, hache, épée, poignard), le jaillissement d’une force vitale ou germinative, la fécondité, la foudre, le soleil… qui se retrouveront dans les runes. C’est comme si, durant des millénaires (peut-être même des dizaines de millénaires), une écriture, d’autant plus sacrée qu’elle configurait la sacralité de l’être et de l’univers, avait été occultée sous des représentations stylisées (ce que sont aussi les hiéroglyphes égyptiens). Mais cette écriture elle-même devait demeurer cachée et n’était sans doute transmise que fort sélectivement à une élite spirituelle.

La géométrisation extrême de ces signes fait qu’ils correspondent (comme en grec ancien, en hébreu, en arabe et avec notre alphabet à 26 lettres) à des nombres et leur tracé ne livrant que partiellement une figure (à recomposer nous-mêmes) qui n’est autre que l’un des symboles fondamentaux : cercles concentriques, huit directions de l’espace, carré, hexagone étoilé, arbre sacré, swastika, fontaine de vie, arme axiale (flèche, lance, pointe d’épée), labrys, marteau, corne (à boire mais aussi à sonner), équivalent angulaire du yin-yang, triangle équilatéral, pyramide, ligature (impliquant, comme les clefs, les notions complémentaires d’ouverture et de fermeture) et même un volume échappant à nos trois dimensions. À cela s’ajoute le fait que chaque Rune est l’initiale d’un nom et que ces 24 noms peuvent être disposés de façon à former un soleil, tout cela semble appartenir à une cérébralité dépassant de beaucoup celle d’une humanité ordinaire. L’impression qui ressort de leur étude est que cette écriture est bien plus qu’un simple moyen de communiquer entre individu.

On entrevoit d’autres potentialités. Ajoutons une dernière donnée, un véritable scoop (pour parler comme les journalistes) réservé aux Éditions Arqa et présenté dans ce livre. Une découverte à laquelle votre serviteur a abouti après plus de trente ans de recherches. Et c’est précisément le nom « Graal » qui en contenait la clef, comme nous le démontrons dans le chapitre 11 de notre ouvrage. Il serait plus exact de dire qu’il reflète cette clef inhérente à l’écriture runique. À partir de cette dernière donnée nous devons admettre que chaque terme runique, outre sa guématrie, contient un nombre supplémentaire occulté.

La Rune la plus évocatrice du Pôle ou « Centre suprême » (qu’on le nomme Pardēz, Hyperborée, Thulé, Agarttha ou encore Shambalah) est sans doute Oþalan car ce signe renvoie à une notion de clôture, de lieu fermé et, donc, inaccessible (aux profanes). Cette notion est évoqué au chapitre IV du livre Arcanes Polaires.  Je pense même que l’emblème que Ferdinand Ossendowski (dans son célébrissime Bêtes, hommes et dieux) place dans la main du Roi du monde, une pomme d’or surmontée d’un agneau, permet(trait) de reconstituer un symbole dérivé de la rune Oþalan.

En effet, cette rune figurant une ligature est à rapprocher de la lettre grecque gamma minuscule, l’un des signes alchimiques du « soufre » (depuis Zozime de Panapolis), qui est aussi une ligature et, de la sorte, stylise le signe astrologique du bélier (le bélier est un agneau accompli).

Ajoutez à cela le fait que le pentagramme constitue le cœur de la pomme et vous approcherez d’un ensemble symbolique hautement signifiant. Je rappelle que Ferdinand Ossendowski rapporte (dans la revue Century, N° 107, décembre 1923, page 248) avoir vu, au fond d’une caverne, une inscription runique sur un mur disant :

« Ceci est l’entrée de l’état du Roi du Monde, le pays souterrain d’Agarti » (variante du nom Agarttha). N’en disons pas plus et laissons à nos lecteur le soin de méditer sur ce thème du « Centre suprême » occulté pendant l’âge obscur…

(à suivre…)

 INTERVIEW de Paul-Georges Sansonetti par Thierry E. Garnier – © K2Mars – Mai 2020.


ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 1 # – Arcanes Polaires – Aperçus biographiques

ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 2 # – Arcanes Polaires – De Jacques Breyer à la Tradition Primordiale

ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 3 # – Arcanes Polaires – Le concept des « Quatre Âges » et le songe de Nabuchodonosor

ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 4 # – Arcanes Polaires – L’Homme superlumineux et la suprahumanité

ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 5 # – Arcanes Polaires – Le secret polaire des TEMPLIERS

ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 6 # – Arcanes Polaires – Les RUNES & le FUTHARK à 24 signes

 

888-47.jpg

THESAVRVS // Agneau – Air – Alpha – Alphabet grec – Alphabet romain – Âne – Ange – Année solaire – Anthropologie – Apocalypse – Argent – Art poétique – Astronomie – Berger – Bible – Boaz – Bœuf – Carl-Gustav Jung – Carré – Cartographie céleste – Cène – Cercle – Chiffres – Christ – Cœur – Couleurs – Coupe Coutumes – Croix – Cromlech – Cycle lunaire – Désert – Divinations – Dolmen – Dragon – Eau – Etrusques – Feu – Figures – Formes – Gestes – Graal – Hébreux – Histoire – Jakin – Lion – Mains – Mégalithes – Menhir – Mère – Miel – Montagne – Myrrhe – Mythes – Mythes fondateurs – Nature des symboles – Nombres – Nombres – Omega – Or – Pain – Paradis – Phénicien – Poissons – Pythagore – Pythagorisme – Religions – Rêves – Runes – Sang – Sel – Serpent – Signes – Soleil – Souffle – Sumbolon – Symboles – Symboles chrétiens primitifs – Symboles dans la Bible – Symbolisme – Taureau – Temple – Terre – Tradition – Triangle – Veilleur – Vin – Zoé //