ARCANES POLAIRES – SYMBOLES de la SCIENCE SACRÉE
Paul-Georges Sansonetti est un auteur d’exception, né le 7 décembre 1941, universitaire de formation, diplômé en Sciences Religieuses, il a été chargé de conférences durant huit années à l’École Pratique des Hautes-Études à la Sorbonne (EPHE), spécialiste de la littérature comparée aux Mythologies, au Cinéma et aux Art graphiques, il est l’auteur de nombreux ouvrages de grande érudition traitant avec une analyse originale tous les domaines spirituels issus de la Tradition Primordiale. Dans le cadre de la sortie de son livre « Arcanes Polaires – Symboles de la Science sacrée », publié ce mois-ci aux éditions Arqa, Paul-Georges Sansonetti a bien voulu, dans un long entretien qu’il nous a accordé, répondre en détails à toutes les questions que nous lui avons posées pour notre WebZine des « Chroniques de Mars ». Nous le remercions ici vivement, au nom de tous nos lecteurs, de toutes ces précisions essentielles sur la Tradition pérenne et de son aimable collaboration.
Thierry E. Garnier // Les Chroniques de Mars © – mars 2020.
Arcanes Polaires – René Guénon et l’ésotérisme chrétien au regard de la Tradition
Les Chroniques de Mars // Vous abordez dans votre livre, avec une très grande acuité, la problématique de ce que l’on nomme parfois « l’ésotérisme chrétien », là aussi le sentier est semé d’embûches, mais vous réussissez à parfaitement les éviter… En faisant à nouveau appel à la Tradition vous écrivez que « René Guénon avait jadis rassemblé une série d’articles en un ouvrage qui s’intitulait Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien. Il entendait montrer que s’était développé ce qu’il conviendrait de désigner comme un courant souterrain dont les diverses manifestations se nommeront l’Ordre du Temple, les Fidèles d’Amour (organisation à laquelle, semble-t-il, Dante Alighieri aurait appartenu et dont son œuvre se ferait l’écho) ou encore toute la littérature chevaleresque centrée sur le thème du Graal… », cependant l’influence de cet ésotérisme si mal connu doit être vu selon un prisme plus particulier qui tient compte du fait, dites-vous, que le paganisme gréco-romain n’était plus porté par la force – la « tension spirituelle » dirait Julius Evola – qui vitalisa la république romaine puis l’imperium. Vous évoquez également, bien sûr, le Mithraïsme ainsi que la conversion de Constantin pour expliquer cet état de fait… Pouvez-vous, pour nos lecteurs des « Chroniques de Mars », revenir sur ces différentes explications et nous donner votre définition de « l’ésotérisme chrétien ».
Paul-Georges Sansonetti // Cette notion, parfois déconcertante, il faut bien l’avouer, d’« ésotérisme chrétien » s’explique aisément à la condition d’admettre que, durant des millénaires, des sociétés initiatiques se sont succédées pour maintenir vivace tout ce qu’implique la notion de « Centre suprême » et de « Tradition primordiale ». En fonction de la doctrine des quatre âges et de la phase involutive du monde, ces « initiés polaires » savaient qu’avec l’ère des Poissons les anciens cultes étaient voués à péricliter.
La tentative par l’empereur Julien de régénérer une spiritualité solaire s’est arrêtée avec la mort de ce personnage hautement estimable. Le culte de Mithra, si proche, par certains aspects, du Christianisme ne concernait que des élites. Le peuple se tournait de plus en plus vers l’image du Christos qui, du reste allait emprunter plusieurs éléments au Mithracisme dont, principalement, la naissance lors du solstice d’hiver. À ce propos, la présence des « rois mages »lors de la venue au monde du Rédempteur est hautement significative. Ils sont non seulement des prêtres de Mithra (une mosaïque de Ravenne, Italie, les montre en habits persans et coiffés du bonnet phrygien porté par les prêtres en question) mais aussi le rappel que l’Iran est rattaché symboliquement au domaine boréal. L’autre fait capital concernant cette naissance réside dans la « fuite en Égypte » de la Sainte Famille.
En effet Joseph, Marie et l’enfant Jésus vont vivre douze années sur la terre des pyramides indiquant parfaitement le Pôle, rappelons-le. On voit bien que, dès son commencement, l’existence du Christ est en relation avec la notion de Pôle. À cela va s’ajouter le personnage de saint Jean, considéré comme le meilleur d’entre les disciples. Le nom hébreu Yôhânân, devenu Iohannes en latin, était suffisamment proche du sanscrit yana, signifiant la « voie », pour que le plus jeune des apôtres incarne le chemin initiatique secret. D’où, s’adressant à Pierre, l’énigmatique formule du Christ à propos de Jean : « si je veux que celui-là demeure jusqu’à temps que je revienne… » (Jean, 21, 22). Formule laissant sous-entendre que ce que Jean représente devait établir un pont lancé entre le premier avènement du Rédempteur et le second, lors de l’Apocalypsis, c’est-à-dire la « Révélation » (de tout ce qui était caché). Et, surtout, n’oublions pas qu’il revient à Jean (qu’il s’agisse d’une personnalité ou d’un collège initiatique occulté sous ce nom) de clôturer l’Ancien et le Nouveau Testament (et les Actes des Apôtres) par l’Apocalypse, texte qui est un prodigieux traité de symbolisme et qui nous révèle, par des images cryptées, tout ce qui doit se passer à la fin du cycle pour que surgisse une nouvelle civilisation manifestée par la « Jérusalem céleste ». Cité dont le matériau, « d’or transparent comme du cristal », énonce le retour (définitif) de l’âge premier.
LE DERNIER LIVRE DE PAUL-GEORGES SANSONETTI
Ajoutons rapidement que Jean, devenu l’un des prénoms les plus portés, a aussi été rapproché du nom Janus, le « dieu » gardien des portes et des voies, dont le double visage contemple à la fois le passé le plus lointain (l’aurore du cycle) et l’avenir. Ce qui signifie qu’on ne peut préparer avec sûreté le futur qu’à la condition de connaître le commencement ou, si l’on préfère, ce qui constitue l’authentique Histoire de l’Humanité.
(à suivre…)
INTERVIEW de Paul-Georges Sansonetti par Thierry E. Garnier – © K2Mars – juin 2020.
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• ENTRETIEN avec Paul-Georges SANSONETTI // PARTIE 1 # – Arcanes Polaires – Aperçus biographiques
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