ARCANES POLAIRES – SYMBOLES de la SCIENCE SACRÉE
Paul-Georges Sansonetti est un auteur d’exception, né le 7 décembre 1941, universitaire de formation, diplômé en Sciences Religieuses, il a été chargé de conférences durant huit années à l’École Pratique des Hautes-Études à la Sorbonne (EPHE), spécialiste de la littérature comparée aux Mythologies, au Cinéma et aux Art graphiques, il est l’auteur de nombreux ouvrages de grande érudition traitant avec une analyse originale tous les domaines spirituels issus de la Tradition Primordiale. Dans le cadre de la sortie de son livre « Arcanes Polaires – Symboles de la Science sacrée », publié ce mois-ci aux éditions Arqa, Paul-Georges Sansonetti a bien voulu, dans un long entretien qu’il nous a accordé, répondre en détails à toutes les questions que nous lui avons posées pour notre WebZine des « Chroniques de Mars ». Nous le remercions ici vivement, au nom de tous nos lecteurs, de toutes ces précisions essentielles sur la Tradition pérenne et de son aimable collaboration.
Thierry E. Garnier // Les Chroniques de Mars © – décembre 2020.
Arcanes Polaires – De la mondialisation à l’universalité
Les Chroniques de Mars // Ce qui est très intéressant dans votre travail d’analyse, très érudit, c’est que nous craignez pas, faisant appel à la Tradition, de décortiquer par des voies initiatiques anciennes, les symboles sacrés de la décadence contemporaine, ou « dégénérescence du monde moderne » – Pour exemple, vous n’hésitez pas à parler de la symbolique cachée dans la trilogie de « Matrix », ou dans les films hollywoodiens ou encore à évoquer les « Illuminati », caste hyper-dévoyée apporteuse de mondialisme mortifère. Il me faut absolument vous interroger sur cet aspect de votre œuvre, car c’est là, sans aucun doute, que je trouve la plus grande originalité de votre travail et principalement de ce livre-ci. Autrement dit, votre œuvre arrive à conjoindre parfaitement Tradition et Modernité en un tout cohérent. J’en veux pour preuve votre chapitre intitulé « Refonder le Monde » qui est un petit bijou de sagesse… Pouvez-vous nous dresser, au plan initiatique, quelques aperçus de ce que vous nommez « l’artificialité du Monde » et les « grands falsificateurs » – en signalant aussi au passage ce que doivent être, selon vous, les « matériaux de refondation »… ?
Paul-Georges Sansonetti // En allant à l’essentiel, disons que ce qui nous est présenté, depuis ces dernières décennies, comme des évidences indiscutables, fondées – supposément – sur le progrès des idées et le bien–être sociétal, sont dans nombre de cas non seulement caricaturaux quant à l’équilibre et la normalité du monde tel qu’il fut fondé et que reflète le vivant mais encore véritablement blasphématoires si l’on admet qu’il existe un ordre supérieur, divin, disons « dharmique » (pour user d’un néologisme forgé à partir du mot sanscrit dharma). Je n’en dirais pas davantage car la justice de ce pays est actuellement grandement en alerte pour tout propos jugé déviant en regard des nouveaux dogmes. Et je m’en voudrais que la présente publication pâtisse de propos trop directs.
En réponse à votre question, puisque vous évoquez la « mondialisation », disons qu’il faut opposer à ce terme celui d’ « universalité » ou encore d’ « essentialité ». Expliquons-nous : la « mondialisation », volontairement ou non, conduit à une éradication des entités ethno-culturelles qui, dans la multiplicité de leurs expressions, manifestent la beauté du monde. J’ai dit « volontairement ou non ». Il existe une sorte de « centrale sombre » réunissant les hauts responsables de ce que René Guénon, encore lui, dénommait l’ « Anti-tradition » (avec pour foyer le plus infecté, ce que ce même auteur désigne d’un terme éminemment significatif : la « Contre-initiation »). Ceux (et celles) qui œuvrent pour l’ « Anti-tradition » connaissent parfaitement la « Tradition primordiale » et notamment la doctrine des quatre âges. L’idée que le cycle puisse s’achever et, parallèlement, donner naissance à un renouveau de la Tradition, comme l’annoncent, de L’Inde à l’Apocalypse de Jean, tous les textes sacrés, leur est insupportable. Ils savent qu’un tel monde, exigeant droiture, abnégation, humilité, courage, parmi d’autres qualités, se passera d’eux.
Habitués à tous les honneurs et tirant orgueil d’une capacité innée à manipuler les individus, ils mettront tout en œuvre pour empêcher le retour effectif de la Tradition. La « mondialisation », rimant avec « nomadisation », l’homme futur, pour certains « penseurs planétaires », sera un super-nomade que préfigure la « jet society ». Il n’est pas impossible – ce que j’avance n’engage que moi – que le gigantesque drame migratoire que nous vivons actuellement ait été sciemment programmé dans le seul but d’affaiblir l’Europe considéré par ces dirigeants secrets comme le lieu privilégié d’un possible retour en force de la Tradition. L’irrépressible désir de reconquérir et (ou) d’affirmer une identité ethnoculturelle réveillant la plupart des peuples européens panique ceux que toute une littérature qualifiée de « conspirationniste » dénomme les « Illuminati » ; et ce, en référence à leurs prédécesseurs, les « Illuminés de Bavière » (dont des épigones se sont tristement illustrés durant la Révolution française). Au sommet de cette « hiérarchie des ténèbres », il y a ceux qui, passés par une « contre-initiation », savent très exactement ce qu’ils font. Les degrés inférieurs voient rassemblée une faune disparate composée principalement de politiciens aspirant à réaliser une effarante substitution de population, partout en Europe ; de journalistes acquis à la mondialisation et travaillés par un nomadisme endémique ; des supposés artistes, peintres barbouilleurs de toiles ou sculpteurs de boites de conserves, dont l’incapacité à produire du beau conduit à militer contre les splendeurs du passé ; des comédiens donneurs de leçons et chantres d’une envahissante « diversité » venue des quatre coins de la planète ; des psycho-sociologues convertis au dogme d’un « vivre ensemble » se soldant par une insécurité permanente… Je m’arrête là mais la liste est incomplète. Ouvrir les frontières et brasser les peuples contre leur gré n’aboutiront qu’à une situation des plus explosives. Tenter de remettre en question le magnifique héritage historique et culturel des nations revient à provoquer une colère contre des « élites » (autoproclamées) décisionnaires. Les effaceurs de frontières le voient tous les jours mais refusent rageusement une évidence bousculant allègrement l’idéologie mortifère qui les taraude en permanence.
En face de ce plan dément, la réponse a pour nom : enracinement. Il nous faut redécouvrir nos territoires, non seulement en Europe pour nous autres natifs de ce continent mais pour tous les peuples à la surface de la planète. En effet, chaque région, pour prendre l’Europe en exemple, a son légendaire et chaque légende est une facette – particularisée en un lieu précis – de ce qu’enseigne la Tradition primordiale. C’est un enseignement qui a sa raison d’être pour une région donnée. Ainsi, en Provence, le thème de la « Chêvre d’or » signifie que le signe du Capricorne, « saturnien » (car gouverné par Saturne, déité chronomorphe incarnant le temps qui passe et, par conséquent, l’involution provoquée par les quatre âges) est voué à retrouver sa vrai nature, celle de l’âge d’Or. De même que dans le mythe romain du Latium, il est dit que Saturne fut autrefois roi de l’âge premier. On pourrait aussi parler du symbolisme polaire de l’ours en Berry puisque saint Ursin (ursus) fut le premier évêque de Bourges et qu’un célèbre duc de cette région s’est fait représenter sur son gisant avec un ourson à ses pieds… un ourson ou une petite ourse allusive à celle du ciel polaire. Et Bourges, c’était l’équivalent de Delphes pour la Gaule. C’est aussi une cathédrale prodigue en symbolisme (comme ses sœurs de pierre partout en France), le palais Jacques Cœur (précisément au cœur de notre nation hexagonale) et le non moins singulier logis alchimique nommé Hôtel Lallemant.
Je n’ai rien contre les gens qui font le tour du monde mais qu’on me permette de leur conseiller de découvrir d’abord les merveilles et les mystères de la patrie d’appartenance (régionale et nationale), puis de l’Europe avant de jouer les globe-trotters. Et, tant qu’à courir la planète, autant se rendre en des endroits éminemment signifiants tels que Gizeh, Téotihuacan ou Machu Pichu sans parler de Borobudur et, bien entendu, de ce bout du monde appelé l’Île de Pâques.
En outre, il y a des auteurs incontournables en matière d’étude de la Tradition : René Guénon, Julius Evola, Pierre Gordon, Mircea Eliade, Jean Parvulesco, parmi d’autres. Et tout cela doit servir à forger un esprit voué à s’arracher au conditionnement étatico-médiatique et devancer l’âge qui vient par une compréhension des événements prenant place dans l’écroulement des dogmes destinés à barrer la route à la Tradition. Il y a une vérité tout à la fois terrible et enthousiasmante : la seule vie digne de ce nom et, en fait, l’unique raison d’être vraiment supérieure d’une existence consiste à « faire corps » avec ce qui est « principiel ». On est sur Terre pour une seule chose, servir la Tradition et, de la sorte, le plan divin consistant à restaurer ce que les pyramides signifient partout sur la planète : une compréhension hiérarchique du plus magnifique des projets : reconstruire un monde où l’ego est progressivement éliminé tandis que la société que l’on édifie (et qui, en réciprocité, nous « édifie » sur les réalités suprahumaines) s’adosse à l’éternité…
(à suivre…)
INTERVIEW de Paul-Georges Sansonetti par Thierry E. Garnier – © K2Mars – juin 2020.
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